Le mouvement d'Ennahda a été porté au pouvoir par une modeste moitié de l'électorat du pays. Malgré cette évidence que les tenants de la mystification s'entêtent à vite escamoter, la troîka n'a cessé d'afficher ses velléités dictatoriales et son hégémonisme. En effet, depuis son arrivée au pouvoir, Ennahda s'attèle avec cynisme et méthode à agresser les libertés, toutes les libertés. Ses vaines tentatives de liquider les acquis de la femme, cette moitié du ciel que nous adulons et vénérons sans concessions en sont l'exemple révoltant , parmi bien d'autres. Les menées liquidatrices tristement inquisitoires de ces théocrates ont également frappé poètes et gens de lettres, artistes et cinéastes, journalistes, militants politiques et syndicalistes. Sur le plan des réalisations concrètes pour donner du travail aux chômeurs ou pas, pour que les miséreux du Nord-Ouest et d'ailleurs cessent de grelotter de froid dans les masures de la honte, les marchands de palabres, à l'exemple de tous les démagogues, n'ont fait qu'entretenir leur propre longévité. Que des mots et des mots, encore et toujours ! Mais la diarrhée du verbe, ou la verbite, n'encense plus personne. Pas même ceux qui ont cru aux vertus des républiques théocratiques ! C'est que l'économie va mal, très mal et les faits sont têtus. Les inégalités sociales déjà révoltantes se creusent davantage . Des régions entières sont abandonnées à leur triste sort, les écoliers pauvres s'essoufflent dans le froid à aller en classe et la « gouvernance claivoyante » continue à surpayer l'unique multitude de ministres du monde. Quant àl'opposition, représentée ou non à l'Assemblée Constituante, elle est tout simplement reléguée au rang de servante de la contre-révolution ! Tandis qu'eux, les théocrates de l'impuissance et de l'incurie, ils sont l'incarnation de la révolution. Ainsi donc Ennahda a prétendu d'entrée de jeu à imposer à la société tout entièreun ordremoral et politique d'essence religieuse, l'ordre des Gardiens de la Révolution. Un ordre qui a prouvé sa sinistre efficacité. Dans cette entreprise de liquidation de la démocratie naissante, nous ne pouvons pas ne pas dénoncer le silence complice des alliés du grand dépositaire de la légalité. Procès iniques, calomnies, agressions barbares, intolérance, menées dictatoriales et hégémonisme maladif, une inquisition féroce et annihilatricese meten place en dissimulant son objectif majeur : le meurtre des libertés et des hommes libres, dela justice sociale et de tout ce qui fonde la citoyenneté. Incapable d'apporter la juste solution aux problèmes économique qui s'aggravent de jour en jour en pénalisant les travailleurs, la classe moyenne et surtout les pauvres des villes et des campagnes, Ennahda a très tôt incriminé lesrevendications sociales. Arrivée au pouvoir par les urnes-p lus exactement grâce à la moitié des électeurs- Ennahda et ses pâles soutiens ont très vite mis à l'index un principe fondamental de la démocratie : le droit de grève. Pour avoir le champ libre et garantir l'une des conditions essentielles de la pérennité deleur pouvoir, Sa Sainteté le Grand Frèreordonna la mise au pas de la plus grande force organisée du pays, l'UGTT. A l'instar de toutes les formes d'hégémonisme aveugle , à Rome, à Berlin ou à Téhéran, on lâcha la bride aux hordes du fanatisme religieux et politique appelées sans pudeur Ligues de Défense de la Révolution. Télécommandées par Ennahda qui leur assure bénédictionet protection, donc l'impunité totale, ces Ligues de mise à mort de la démocratie sévirent contre la Centrale syndicale : incendies de ses locaux à l'intérieur du pays, menaces de mort contre ses militants, agressions physiques contre les responsables syndicalistes. L'UGTT fit preuve de retenue et de sagesse pendant très longtemps sansjamais céder aux provocations irresponsables des néo-fascistes. Mais aujourd'hui, après l'attaque sanguinaire de la milice nahdhaouie contre les militants, le Bureau exécutif et leSecrétaire Général de la Centrale ouvrière, il n'est plus permis de se taire. La légitime défense des travailleurs s'impose, car il y va du salut de la démocratie, du salut des libertés fondamentales. Le peuple ne conclura jamais ce marché de dupes : remplacer une dictature par une autre, fut- elle bénie par les cieux !