Officiellement, le gouvernement de Ali Laârayedh a eu hier matin l'aval de la majorité des élus et ce en dépit des quelques voix opposantes. Aura-t-il en fin de compte la main plus heureuse que celui de son prédécesseur, trop tôt pour l'affirmer. Après ce vote de confiance accordée à l'ancien-nouveau gouvernement, c'est parti pour une nouvelle épreuve. Un mandat difficile à pratiquer et à exercer tellement l'épreuve semble hostile, mais contentons nous de dire bon courage avec nos vœux sincères de plein succès économique, social mais avant sécuritaire, un élément clé et galvanisante pour la stabilité. Le gouvernement de Troïka biss est dans l'obligation de résoudre un tant soi peu les dossiers économiques brûlants. Stopper la frénésie de l'inflation, protéger le pouvoir d'achat du consommateur, contrecarrer le commerce parallèle, parer au déficit budgétaire, au déficit commercial et au déficit de la balance des paiements courants, stimuler l'investissement et la production nationale, redonner un regain de confiance largement cornée à l'environnement des affaires et aux partenaires stratégiques de la Tunisie, restructurer le système bancaire et financier...L'ardoise déborde et les lisières deviennent infranchissables. Quel plan de sauvetage devra concocter le nouveau gouvernement Laârayedh pour rafistoler un tissu social et économique fissuré ? Les dernières statistiques publiées par l'INS, attestent d'une légère contraction du déficit commercial au cours des deux premiers mois de l'année et ce malgré le ralentissement enregistré au niveau du rythme des échanges. Peut-on mieux faire ? Après deux mois d'activité, les échanges commerciaux avec l'extérieur ont connu une décélération au niveau de leur rythme en passant de 10,7% (Janvier/février 2011-2012) à 7,3% (Janvier/février 2012-2013) pour les exportations et de 23,8% à 3,6% au cours de la même période de référence côté importations. Agriculture et agroalimentaire : Tout baigne dans l'huile Il faut dire que le ralentissement du rythme des importations pourrait être un signe de la baisse de la production. En effet, l'accroissement de 3,6% des importations revient en grande partie à l'acquisition d'un avion « Sousse » au coût de 100,03 MDT mais aussi par la hausse des prix internationaux des matières premières, notamment du blé tendre. Pour ce qui est des exportations, nous notons une progression généralisée touchant tous les secteurs d'activité à l'exception de l'Energie et lubrifiants et les autres produits mécaniques. Ceci dit, l'accroissement des exportations en valeur en passant de 4095 MDT (2 mois 2012) à 4394,7 MDT (2 mois 2013) n'exclut pas le ralentissement du rythme des exportations pour certain secteurs dont essentiellement le secteur des textiles, habillements et cuirs et les industries mécaniques et électriques. Et il s'agit en effet, des deux premiers secteurs industriels exportateurs et créateurs d'emplois en Tunisie. Il va sans dire que le secteur de l'agriculture et des industries agroalimentaires affiche une embellie tant au niveau des exportations (32,4%) qu'au niveau des importations (24,4%). Recul de nos exportations vers le France et l'Italie, la Lybie et l'Algérie Par ailleurs et au niveau des ventilations des échanges par pays, nous notons la croissance de 7% de nos exportations avec l'Union Européenne qui représentent 74,5% du total des exportations tunisiennes. Un bon signe, les ventes tunisiennes vers l'extérieur ont connu au cours de la même période de référence une hausse remarquable notamment à avec nos partenaires hollandais, espagnols et belges. Toutefois, un autre revers relatif aux exportations vers la France et l'Italie enregistrent une décélération respective de 5,9% et de 8,3%. Ces deux pays demeurent néanmoins les premiers fournisseurs de la Tunisie avec des parts respectifs de 19,4% et de 15%. Par ailleurs, il y a lieu de souligner la hausse prépondérante de nos exportations avec d'autres pays dont la Russie (138,1%) et la Turquie (129,1%) contre le ralentissement de nos exportations avec les pays voisins de 3,7% avec la Lybie, de 1,4% avec l'Algérie et de 5,9% avec l'Egypte. Une remarque pertinente soit-elle, la structure des échanges par secteur et par pays se met au diapason de l'événement pour épouser l'ère du nouveau gouvernement et chasser superstitieusement la guigne ou le mauvais sort qui ont frappé l'équipe sortante. Le déficit commercial a enregistré une légère baisse de 94,6 Mdt au cours des deux premiers mois de l'année en cours, d'où une amélioration du taux de couverture des importations par les exportations pour atteindre 74,1%. Il va sans dire que le gouvernement doit retrousser les manches et saisir à bars le corps cette besogne bienvenue ou malvenue. Il n'a pas droit à l'erreur et gare au faux pas.