Pasteur n'est pas au bout de ses peines Nous ne sommes pas égaux face à la maladie, certes. Cela est d'autant plus vrai pour la tuberculose qui concerne notamment les pays pauvres. Aujourd'hui le monde célèbre la journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Une manière de rappeler que la lutte contre ce fléau est la seule voie passante pour couper le chemin à une affection contagieuse et mortelle. 20 000 personnes la contractent quotidiennement à travers le monde et 5000 en succombent. Et même si la Tunisie n'est pas touchée par ce fléau vu le programme national de lutte contre cette affection lancé au lendemain de l'indépendance, cela n'empêchera pas cette maladie de proliférer d'où la nécessité de s'en prémunir par la prévention. La tuberculose pour bon nombre d'entre nous nous rappelle cette boule sur le bras qui n'est autre que le vaccin de la BCG. Sur un autre front la maladie fait l'objet d'un programme national qui vise à lutter contre sa propagation. Dans la foulée, le ministère de la Santé a lancé un guide de prise en charge de tuberculose. La dernière version de ce fascicule rédigé sous la direction du Dr Moncef Sidhom date de 2011 et elle résume les axes principaux du travail des spécialistes en vue de réduire la prévalence de cette maladie sous nos cieux. Avant d'y arriver, rappelons la signification de la tuberculose qui se définit comme étant « une maladie infectieuse causée par des bactéries du complexe Mycobacterium (M) tuberculosis, la bactérie M. tuberculosis, la cause la plus commune et la plus importante de la maladie chez l'être humain ...La tuberculose peut être pulmonaire, mais par ordre de fréquence, les foyers extrapulmonaires les plus souvent infectés par la tuberculose sont les ganglions lymphatiques, la plèvre, l'appareil uro-génital, les os et les articulations, les méninges, le péritoine et le péricarde. Cependant, pratiquement tous les systèmes d'organes peuvent être touchés. » selon le guide national cité plus haut. Une maladie contagieuse La maladie est contagieuse et de ce fait elle est à déclaration obligatoire. Les personnes ayant une tuberculose pulmonaire sont également contagieuses. « Il suffit d'un petit nombre de bacilles pour infecter une autre personne. Lorsqu'une personne atteinte de tuberculose pulmonaire (TBP) non traitée tousse, rit ou éternue, de minuscules particules contenant des Muco-bactérium tuberculosis sont expulsées dans l'air. Ces particules, de un à cinq microns de diamètre, forment des gouttelettes qui peuvent rester en suspension dans l'air pendant plusieurs heures dans l'environnement. » D'une manière générale, la maladie se transmet lorsqu'une autre personne inhale l'air contenant ces gouttelettes. La transmission se produit en général dans des lieux fermés, car la ventilation permet de débarrasser l'air de ces gouttelettes et la lumière directe du soleil tue rapidement M. tuberculosis. Stratégie nationale de lutte contre la tuberculose La lutte contre la tuberculose fait l'objet d'un programme national lancé sur la période allant de 2008 à 2015, lequel est élaboré conformément à la stratégie mondiale qui vise à réduire de moitié la prévalence et la mortalité due à la tuberculose. Le but étant, bien entendu, de réduire la transmission du bacille tuberculeux qui dépend de la sensibilité de l'individu à l'infection mais aussi de facteurs extérieurs comme la « concentration de M. tuberculosis dans l'air, de la durée de l'exposition à l'air contenant les gouttelettes, de la charge bacillaire ou de la contagiosité du malade, de la ventilation de l'espace où l'exposition s'est produite. » «Une bonne compréhension des risques d'infection est essentielle pour l'enquête d'entourage» note les spécialistes qui ajoutent « et ce, afin de repérer les autres cas de tuberculose. Le risque d'infection est plus élevé chez les personnes plus susceptibles d'être en contact avec des sujets atteints de tuberculose pulmonaire infectieuse. Ce groupe comprend leurs contacts connus, les agents de santé, le personnel pénitentiaire, ainsi que les membres de groupes socialement vulnérables comme les sans-abri ou les toxicomanes. » Synthèse de Mona BEN GAMRA La tuberculose par les chiffres L'analyse des données épidémiologiques souligne que : La tuberculose pulmonaire constitue 54 % de toutes les formes de la maladie, en 2008, et la fréquence des formes ganglionnaires est relativement élevée avec une augmentation constante passant de 2.3/100.000 en 1993 à 5/100.000 en 2008. Le Mycobacterium bovis serait responsable de 30 à 50% des cas de tuberculose ganglionnaire. Ceci serait entre autre, en rapport avec un retard de mise en oeuvre des mesures de lutte contre la tuberculose animale qui est endémique en Tunisie. Il existe une variabilité selon les régions (pour l'année 2008, les gouvernorats de Tataouine, de Gabes et de Tunis ont enregistré les taux de prévalence les plus élevés respectivement 38,7 – 35,5 et 31,6/100.000. Le personnel de santé représente un groupe à risque. La prévalence de la maladie chez le personnel de santé serait de 65/100.000. Selon les estimations effectuées, la prévalence de la tuberculose parmi les prisonniers serait de 280/100.000 prisonniers si on estime que cette fréquence est près de 10 fois la prévalence parmi la population totale. Annuellement, il y'a une notification de 10 nouveaux cas de tuberculose multi-résistante en moyenne en Tunisie. Les antituberculeux de deuxième ligne sont acquis grâce au projet collaboration avec le Comité Feu Vert ou Green Light Committee (GLC) émanant de l'OMS. Selon une étude effectuée en 2002, la prévalence de la résistance du BK aux médicaments antituberculeux était de 1,14% parmi les nouveaux cas et de 31% parmi les retraitements. En 2006, la prévalence a été estimée respectivement à 2,7% et à 36%. La Tunisie étant un pays à faible prévalence de VIH, l'impact de l'épidémie de VIH sur la tuberculose est mineur. Parmi les PVVIH, selon les estimations de l'OMS en 2007, l'incidence est de 0,3/100.000 habitants.