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Le « made in Tunisia » serait-il menacé de disparition ? Les investisseurs tunisiens s'indignent contre un éventuel investissement turc dans un gigantesque complexe commercial
Depuis la Révolution et notamment avec l'avènement d'un parti islamiste au pouvoir, les relations économiques longtemps reléguées dans l'anonymat avec la Turquie sont au beau fixe. Une coopération touchant à tous les domaines allant de la formation à l'appui financier passant par l'afflux des flux des biens et services et des investissements. Nul ne peut nier la nécessité de diversifier les partenariats stratégiques avec les pays voisins ou encore avec les pays arabo-musulmans, partiellement négligés sous le règne de l'ancien régime. Sauf que la diversification fort louable des coopérations économiques ne devra en aucune manière, selon les observateurs, servir de tremplin pour les intérêts politiques, du gouvernement actuel, un gouvernement qui reste tout de même dans une attente provisoire indépendamment de sa légitimité électorale. Les récents pourparlers du Chef du Gouvernement avec un grand investisseur turc autour de l'éventuel autorisation à accorder à ce dernier pour construire un imposant complexe commercial à la Goulette ou dans la zone du Lac Nord attise la colère des opérateurs Tunisiens de la grande distribution et des grandes surfaces. « Une affaire qui en cache d'autres », s'interrogent les professionnels. Les journées de partenariat tuniso-turques se succèdent en Tunisie. D'ailleurs trois journées de partenariat du 17 au 19 avril courant sont prévues cette semaine pour prospecter les opportunités d'investissement et d'échange commercial entre les deux pays. En vérité ce genre de manifestations est à encourager vivement dans le cadre de l'impulsion du partenariat Sud/Sud, à moins d'assurer un partenariat équilibré-non vertical- de manière à préserver l'intérêt de chaque partie. Les produits tunisiens et le made « in tunisia » sont-ils menacés ? A l'heure où les produits turcs investissent massivement nos marchés en multitudes articles : produits alimentaires, produits du textile-habillement, ustensiles de cuisine et autres. Toute une profusion. Jeu de la libéralisation et de l'ouverture des frontières l'obligent, dira-t-on. Il y a lieu de faire la part des choses et penser au producteur tunisien, à l'investisseur tunisien, à l' « out-put » tunisien qui sont aujourd'hui menacés d' « asphyxie ». La concurrence bat son plein et l'entreprise tunisienne se trouve terriblement vulnérable et craint sérieusement pour sa viabilité et son existence surtout en l'absence d'un environnement adéquat aux affaires. Sommes-nous en train de sacrifier le produit tunisien, l'entrepreneur tunisien pour des raisons supra-économiques ?
Avis d'un spécialiste dans la grande distribution Taïeb Souissi : « Notre pays n'est pas à vendre ! » « Je suis un spécialiste dans la grande distribution depuis plus de 30 ans. Depuis 2008, je ne me suis pas arrêté de frapper à toutes les portes pour décrocher un contrat de franchise avec le groupe de distribution français Mr.Bricolage. Des efforts vains, puisque le projet rivalisait avec le projet des Trabelsi. Après la Révolution, je croyais que tout s'arrangerait pour le mieux et que les entrepreneurs autrefois séquestrés trouveraient enfin la voie libre pour lancer leurs projets et promouvoir ma production nationale. Mais, malheureusement, pas de changement avant et après la Révolution, l'injustice persiste et signe. Et voilà qu'on nous verrouille toutes les portes. Les banques s'obstinent à financer les projets productifs, l'administration poursuit son immobilisme suspect et nous en tant qu'hommes d'affaires tunisiens nous ne trouvons pas de vis-à-vis et d'oreilles attentives à nos doléances et soucis. Mais voilà que le gouvernement provisoire ouvre les portes aux Turcs qui vont nous envahir avec leurs produits. Je proteste énergiquement contre cet éventuel investissement turc qui prévoit la construction d'un gigantesque complexe commercial. En Tunisie, nous avons les compétences et les moyens nécessaires pour lancer de tel projet et encourager par ricochet le capital et la main-d'œuvre tunisiens au lieu de devenir des esclaves pour les qataris et les turcs. Plus de 70% des entreprises sont aujourd'hui en suspens, les banques ne nous prêtent pas, 460 hommes d'affaires bloqués...La situation est catastrophique et nous risquons d'avoir recours à des actes de suicide dans le camp des entrepreneurs. D'ailleurs, nous nous posons de plus en plus la question : Est-ce notre pays ou non ? Le gouvernement provisoire serait-il en train de vendre notre pays en cette situation de crise ? Je dirais non : Notre pays n'est pas à vendre ! » Avant d'accorder cet agrément à l'investisseur turc ou à n'importe quel autre investisseur, il faudra explorer les différents volets de l'affaire : politique, économique, sociale ; définir la modalité de l'investissement : franchise, partenariat mixte, etc, tout en se prévenant contre la concurrence déloyale. Plusieurs axes sont à prendre en considération et l'intérêt national devra passer en premier lieu. Nous n'avons pas besoin de tous ces prêts et dons pour sauver l'économie, nous avons plutôt besoin d'une volonté politique à même de faire redynamiser notre appareil productif et redonner confiance aux investisseurs et hommes d'affaires Tunisiens