• Vite fait, mal fait ! En cette fin d'année scolaire, certains parents et élèves des lycées et collèges se plaignent contre l'absentéisme des professeurs, notamment dû aux grèves observées cette année à quatre reprises par le corps enseignant (1 jour + 2 jours + 1 jour). Ces absences ont sûrement affecté le déroulement normal des cours et les programmes risquent d'être inachevés à la date fixée officiellement, c'est ce que nous affirment un bon nombre d'élèves, surtout en classes terminales, qui affronteront bientôt des examens nationaux. Cependant, cette paralysie des cours, remarquée en chaque fin d'année, n'est pas forcément provoquée par l'absence des enseignants, dans la mesure où, dans certains lycées, les programmes sont déjà achevés dès mi-avril, avant même la date normale, sachant que les cours devraient s'arrêter début mai, selon le calendrier du contrôle continu. Pourquoi donc cette précipitation à achever le programme officielle avant terme ? Des programmes inachevés, et pour cause ! Nous vivons donc deux situations, un enseignement à deux vitesses : d'une part, les enseignants qui finissent leurs cours avant terme et, d'autre part, ceux qui trainent jusqu'après la date limite, quitte à ne pas achever le programme, au grand dam des élèves et des parents. Des élèves, appartenant à quelques lycées de Tunis et des banlieues nord et sud, nous ont exprimé leur mécontentement à ce sujet, non pas à propos des absences d'enseignants, mais plutôt concernant les programmes déjà finis avant trois ou quatre semaines, notamment en mathématiques et en physique-chimie. Ces mêmes élèves affirment que dès la première ou la deuxième semaine d'avril, ils ne se présentent plus aux séances de ces deux matières, sachant que le programme est déjà achevé. Ce qui est pire, c'est que les enseignants de ces deux matières obligent parfois leurs élèves de ne plus venir en classe, les conseillant ou les exhortant à faire des cours particuliers chez eux, moyennant des honoraires exorbitants, allant jusqu'à 150 dinars le mois. Certains profs, sous prétexte de retard, exigent parfois de donner plus d'une séance par semaine, de manière à totaliser huit séances par mois au lieu de quatre, ce qui oblige l'élève à payer deux mois en un seul. Les élèves, eux, bousculés par le temps, et souvent par conformisme, s'inscrivent volontiers à ces cours particuliers, obligeant leurs parents à payer la facture, malgré la cherté de la vie qui sévit actuellement dans le pays ! Et dire que les parents ne lésinent pas généralement sur la scolarité de leur progéniture, ayant toujours la conviction que les cours particuliers sont essentiels pour obtenir de bonnes notes. La plupart des parents sont prêts à dépenser des sommes folles pour aider leur enfant à réussir sa scolarité. Des cours particuliers : aucune solution en vue ! Ces pratiques « mercantiles » et sans scrupules, qui n'ont aucun lien avec l'éducation et l'acquisition du savoir et des connaissances, deviennent de plus en plus flagrantes depuis plusieurs années, sans que les autorités aient pris une mesure quelconque pour éradiquer ce phénomène, du moins l'endiguer. Il faut noter ici la complicité de pas mal d'élèves et de parents qui ont permis la propagation et l'emprise de ces cours particuliers dans la vie scolaire, déjà ancrés dans les habitudes de la famille tunisienne. Les familles aisées ont souvent les moyens de payer ces heures supplémentaires qui redoublent en fin d'année scolaire, mais a-t-on pensé à l'amertume de ces élèves issus de familles défavorisées qui ne peuvent pas se permettre d'inscrire leurs enfants à ces « cours particuliers » ? De telles pratiques, condamnées pourtant de tous, mettent en question le principe même de l'égalité des chances tant préconisée dans notre système éducatif qui se targue d'être gratuite, démocratique, populaire et accessible à tous sans discrimination ! Or, il s'avère que seuls les élèves issus de familles nanties ou habitant des lieux favorisés peuvent profiter de ces cours particuliers, quels que soient les prix affichés par certains profs et qui ne sont plus à la portée des familles pauvres ou moyennes. Le ministère de l'Education, sans doute au courant de ces dépassements, semble faire la sourde oreille aux doléances de certains parents et se contente d'invoquer à chaque fois la circulaire, déjà vétuste, relative à la réglementation des cours privés qui reste d'ailleurs sans effet, n'étant pas observée par la majorité des enseignants « pourvoyeurs » de ces cours. Combien d'élèves, n'ayant pas les moyens de suivre des cours supplémentaires, en maths ou en physique-chimie ou dans d'autres matières de même valeur, ont dû rater un examen trimestriel ou annuel et se voir redoubler leur classe ou simplement quitter l'école souvent sans diplôme. Toutefois, il ne faut pas généraliser, car il y a des enseignants consciencieux qui se démènent, tant bien que mal, à achever leur programme en temps opportun, suivant scrupuleusement la progression de l'apprentissage et en tenant compte du niveau des élèves et leur capacité à assimiler le cours, sans être obligés en fin d'année de recourir aux heures supplémentaires. On a peur que de tels enseignants deviennent de plus en plus rares ! Tant que le système éducatif n'a pas encore adapté la prise en charge des élèves en difficulté en leur imposant des séances de remédiation au sein même de l'école, assurées par des professeurs chargés spécialement de cette mission, les cours particuliers et leurs adeptes auront encore de beaux jours devant eux. Malheureusement et faute de moyens, l'école peine aujourd'hui à assumer cette mission de remédiation, laissant aux enfants, et à leurs parents, le soin d'avoir recours à une aide extérieure pour tenter de combler les lacunes ressenties en fin d'année et à la veille des examens. Hechmi KHALLADI Suspension de la grève des universitaires Hier, la FGESRS a tenu une conférence de presse pour annoncer sa suspension de la grève qui était prévue pour demain, jeudi 25 avril. Cette suspension intervient après la réunion qui a eu lieu avant-hier entre l'UGTT et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique au siège de ce dernier. La réunion a porté sur les points contenus dans l'avis de grève envoyée à l'autorité de tutelle. Il a été convenu d'appliquer l'accord du 1er décembre 2012 relatif aux augmentations revendiquées par le syndicat des universitaires avec un effet rétroactif à compter de la date indiquée. Ces augmentations seront publiées au Journal Officiel (JORT) au cours du mois de juin. La FGESRS est dans l'expectative D'autre part, les deux parties se sont mises d'accord à continuer de négocier, à travers le comité mixte mis en place, les points figurant dans les accords précédents, notamment, l'octroi aux professeurs de technologie et aux agrégés d'un congé d'une année avec solde pour qu'ils puissent s'adonner à des recherches s'insérant dans le cadre de la préparation d'une thèse ou d'un diplôme équivalent, et la forme et le calendrier relatifs à la prime de la rentrée universitaire. Mais l'acquis le plus important, de l'avis des universitaires et de leur syndicat, est sans doute l'engagement de la part de l'autorité de tutelle à respecter les libertés académiques et les structures pédagogiques élues. La FGESRS valorise l'attitude positive du ministère, nous dit son secrétaire général, Hussein Boujarra, toutefois, elle reste dans l'expectative. C'est pourquoi elle a prévu une commission administrative pour le 1er juin 2013, c'est une mesure de précaution qui lui permet de réagir si jamais il y a rétraction. D'ailleurs c'est pour cela qu'elle a suspendu la grève de demain et ne l'a pas annulée. Un homme averti en vaut deux…