L'Observatoire national ILEF pour la Protection du Consommateur et du Contribuable, vient de réaliser une étude qui ne manque pas de pertinence sur la qualité des services rendus par les établissements publics de santé. Un travail non négligeable et consistant prenant base et forme à partir d'une enquête 3090 personnes tenant compte du genre, des différences d'âge, de l'appartenance régionale, sociale… Un staff de 25 enquêteurs s'est mobilisé pour se consacrer à cette étude basée sur les interviews face à face, par téléphone, par correspondance et par mail. Sans que ce travail prenne la forme d'un sondage scientifique, il a néanmoins débouché sur des conclusions intéressantes à examiner pour ceux qui veulent trouver des solutions appropriées aux maux dont souffre la santé publique en Tunisie. Tout d'abord l'appréciation de la qualité des services rendus par les Centres de santé de base est loin d'être rassurante. 83,5% des sondés sont insatisfaits des conditions de l'accueil, de l'hygiène, de l'inscription et de la consultation médicale. 79% ne sont pas satisfaits de la fourniture des médicaments, vu les multiples ruptures de stock et le manque de coordination entre la pharmacie et le médecin qui prescrit les médicaments à prendre. 52% estiment insuffisante que la périodicité des consultations médicales, une fois par semaine, dans les centres de soins de base de l'intérieur du pays. 38% veulent qu'il y ait davantage de coordination entre l'ONFP et les structures de santé publique concernant la santé reproductive. 10% de ceux qui fréquentent les centres de santé de base bénéficient de 65% de leurs besoins en médicaments. Concernant les services des hôpitaux publics locaux, 67% ne sont pas satisfait du degré de propreté, la qualité de l'accueil, l'orientation et de séjour. 52% ne sont pas satisfaits de la qualité des soins dans les services de consultation externes. Ils déplorent le surbooking, le favoritisme, l'absence d'orientation, la perte des dossiers et « la superficialité » des consultations. De même 79% ne sont pas satisfaits des services d'urgence dans ces hôpitaux locaux. Ils épinglent le mauvais accueil, favoritisme, absence de sécurité, saleté, manque d'équipements radio et de laboratoire. 76% des cas urgents sont réorientés pour être dirigés vers les hôpitaux régionaux universitaires ou des cliniques privées. 26% des patients en état urgent transportés succombent en cours de route à bord de l'ambulance faute d'équipement et à cause de l'absence de stratégie nationale pour la formation de cadres paramédicaux spécialisés dans les urgences. Concernant les services rendus par les hôpitaux publics régionaux, la situation est loin d'être satisfaisante. 66% des sondés se montrent mécontents de la qualité des services rendus par ces hôpitaux. Cela va de l'accueil, l'orientation, l'hygiène, la gestion des rendez-vous, jusqu'aux conditions qui accompagnent le séjour à l'hospitalisation. 58% des sondés ont les mêmes objections contre les services de consultation externes. 52% des sondés ne sont pas satisfaits de la qualité de séjour dans les hôpitaux publics régionaux. Ils déplorent que les visites se passent à tout instant, le mauvais traitement des malades, le surbooking, la non périodicité des consultations et du contrôle ainsi que la qualité dérisoire de l'alimentation dépourvue de consistance appropriée. De même pour les services d'urgences 63% n'en sont pas satisfaits. Ils reprochent le mauvais accueil, l'anarchie en cas de crise, le favoritisme, l'absence de coordination entre médecins et cadres paramédicaux, la mauvaise coordination entre le service d'urgence et les services internes ainsi que les services de radiologie et le laboratoire. Il s'ensuit que 48% des cas d'urgence surtout dans les hôpitaux régionaux du Nord Ouest, du Centre et du Sud à l'exception de Sfax, Sousse et Monastir sont orientés vers les hôpitaux universitaires. De même 80% des cas des consultations externes ne trouvent que 25% de leurs besoins en médicaments dans l'hôpital. Le reste, ils doivent l'acquérir par leurs moyens personnels. Quant aux hôpitaux publics universitaires, ils ont meilleure cote mettant sous l'éteignoir les autres établissements de soin. Toutefois, l'insatisfaction gagne une bonne proportion des patients. 51% des sondés déplorent le mauvais accueil, le manque de propreté, le surbooking, l'absence de sécurité et les rendez-vous très allongés. 63% ne sont pas satisfaits des consultations externes. De même 55% ne sont pas satisfaits des conditions de séjour dans les hôpitaux universitaires. 58% ne sont pas satisfaits des services d'urgence. 66% des ondés préfèrent recourir aux cliniques privées, parce qu'ils sont mieux traités et mieux suivis. Sur 92% des cas traités dans les hôpitaux universitaires, seuls 28% des besoins en médicaments sont satisfaits.