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Reportage: L'enfer du camp des réfugiés syriens à Al Zaatari, (Nord de la Jordanie)
Publié dans Le Temps le 25 - 05 - 2013

• Pièces d'identité confisquées, viol, trafic…les Syriens déracinés
• Au total 120 mille réfugiés y vivent, dont plus de la moitié des enfants et 20 % des femmes.
• Al Zaâtari, classé deuxième camp de réfugiés à l'échelle mondiale, juste après celui de Dadaab au Kenya. De notre envoyée Sana FARHAT
Lundi, 20 mai 2013, un soleil de plomb règne sur la capitale du Royaume Hachémite de Jordanie. Amman, suffoque à cause de l'atmosphère lourde mélangée aux klaxons assourdissants des véhicules. L'horloge affiche déjà midi. Nous attendons encore l'autorisation du premier responsable de la sureté nationale pour pouvoir partir au camp de réfugiés syriens à Al Zâatari. Un rendez-vous est déjà fixé avec le chauffeur de taxi supposé nous amener vers notre destination. 13 heures pile. Le bonhomme est dans le lobby de l'hôtel. Mais il faut attendre encore pour ne pas avoir de surprises à l'arrivée au camp. Il était déconseillé de se hasarder car, la sécurité est de mise à l'entrée. Il est même primordial d'avoir une autorisation pour accéder au site. Une heure plus tard, le haut responsable jordanien accorde son autorisation pour partir à Al Zaâtari, classé comme deuxième camp de réfugiés à l'échelle mondiale juste après celui de Dadaab au Kenya. « Contactez le Colonel Zaher Abou Chiheb. Vous dites que c'est de la part de M. Wadhah Mahmoud », plutôt « Wadah Bik », attire l'attention le chauffeur de taxi déjà en route vers Al Zâatari.
Le site
Sise à quelque 70 kilomètres du Nord de la capitale jordanienne, la municipalité d'Al Zâatari se trouve à une quinzaine de km de Mafraq, pas très loin des frontières syriennes. C'est la localité la plus proche du Sud de la Syrie où, se trouve Daraa, une des premières villes bombardées par le régime de Bachar Al Assad, et laquelle est toujours en guerre. Fuyant les missiles, les bombardements, les tirs de kalachnikovs et l'insécurité, les Syriens originaires de la région n'avaient de choix que de quitter leur terre pour se diriger vers une autre plus paisible. C'est bien vers le Nord de la Jordanie où, qu'ils ont choisi d'élire un nouveau domicile. Les conditions ne sont pas certes, confortables. Mais ils ne pouvaient pas faire autrement pour rester en vie. Ils sont venus nombreux voire par milliers. Personnes âgées, adultes, jeunes, moins jeunes, enfants et bébés affluent depuis deux ans à Al Zâatari, où des milliers de tentes blanches et de caravanes en métal sont dressées dans un nulle part. Au total 120 mille réfugiés ont fui une guerre qui perdure depuis des mois, dont plus de la moitié sont des enfants et 20 % des femmes. Cette population fait du camp d'Al Zâatari le deuxième à l'échelle mondiale. La zone aride, désertique où, personne n'y vivait auparavant s'est transformée en quelques mois en une ville blanche. Elle est même classée la cinquième en Jordanie. Sauf que le quotidien de ceux qui y résident diffère de celui du reste des citoyens. Ils ne sont autres que des réfugiés à qui on a confisqué leurs pièces d'identité.
Le strict minimum
Créé en juillet 2011, cet espace de vie assure le strict minimum. C'est même difficile d'y vivre surtout pour les enfants qui représentent la masse la plus importante des réfugiés. Il s'agit en effet de la population la plus fragile laquelle doit apprendre à faire face et à s'adapter à une nature aride, car la guerre syrienne n'a pas l'air de devoir finir dans les plus proches délais. A priori ils se débrouillent très bien. « Cham », une fillette d'à peine trois ans, passe son temps, à l'instar de son frère et des autres enfants, dans la principale artère du camp. C'est à l'avenue commerciale qui s'étale sur quatre à cinq kilomètres que ces petites créatures s'entrainent à vivre dans le camp d'Al Zâatari. Mais la tâche n'est pas facile. Nombreux sont les enfants qui souffrent de problèmes de santé : de diarrhée, de déshydratation, et de problèmes gastronomiques. Nombreux sont également les enfants qui sont livrées à eux-mêmes sans contrôle parental. Les pieds nus, les vêtements déchirés, les cheveux poussiéreux ; ils jouent dans la rue, sous un soleil de plomb et loin du regard des adultes. Les écoles étaient fermées à cette heure. Ils étaient d'ailleurs, les premiers à nous accueillir, juste après les agents de sécurité qui exigeaient le laissez-passer à l'entrée du camp encerclé de grillage en fer. Très déterminés, nous étions dans l'obligation de passer des coups de fil pour contacter le colonel qui veille à la sécurité. Quelques minutes après, les agents nous ont autorisés à accéder au site, mais « il faut tout d'abord passer au poste où le colonel se trouve », ordonnent les agents de sûreté. « Vous-êtes venus pour quel objectif ? », nous interrogeait le haut gradé. « C'est pour un reportage sur les conditions de vie des réfugiés », j'ai répondu. « Et vous n'allez pas citer les autorités jordaniennes »…
En fait des ordres ont été donnés pour que nous soyons escortés par un agent en civil. « Sécurité oblige », explique le Colonel. Notre visite dans le camp commence par la principale artère où, les commerces toutes activités confondues offrent leurs prestations aux réfugiés. Légumes, fruits, épicerie, viandes, glaces, tabac, fruits secs, vêtements, chaussures, téléphones mobiles, des restaurants fast-food, des couturiers…les commerçants exposent leurs marchandises dans les boutiques dressées en métal ou à même le sol. Ce phénomène attire l'attention. Il est clair en fait, que les trafiquants trouvent leur compte dans ce camp, où il ne fait pas beau à vivre. Il est presque cinq heures de l'après-midi. Il fait toujours chaud. Un vent de désert souffle sur les tentes devenues jaunâtres. Les hôpitaux installés accueillent les cas d'urgence tels que les enfants avec une fièvre.
Et les guerriers
Mais les prestations assurées déplaisent aux réfugiés. Elles sont jugées insuffisantes. « Là bas, c'est la guerre, la peur et ici c'est l'humiliation », témoigne une maman qui ne trouve pas de lait pour son nourrisson depuis deux jours. « Nous sommes prêts à rentrer en Syrie, car les conditions de vie ne sont pas meilleures ici, sauf que nous sommes interdits de sortie. Nos pièces d'identité sont également confisquées par les autorités jordaniennes », réclame Mustapha, âgé de 20 ans. Venu spécialement pour rendre visite à sa sœur, blessée et qui se fait soigner en Jordanie, le jeune fait partie de l'armée syrienne libre à Daraa. « Nous luttons contre Bachar moi, mon père et mon frère », témoignait le jeune avec fierté. « Mon frère assure même la coordination », ajoute-t-il tout en précisant que les guerriers poursuivent une formation pour maîtriser la kalachnikov. « Il existe des écoles, mais c'est mon père qui m'apprend à maîtriser cette arme », toujours d'après lui. Très confiant, il précise que sa ville « Barik », à Daraa compte 1000 « combattants ».
Mais existe-t-il des guerriers d'autres nationalités ? « Effectivement, il y a des Saoudiens, des Koweitiens, des Yéménites, des Jordaniens, des Libyens voire des Bangladais à Daraa ». Et des Tunisiens, y en-a-t-il ? « A ma connaissance non dans notre petite ville », répond le jeune très motivé à repartir faire la guerre.
Nombreux sont ceux qui ont exprimé cette volonté. Car c'est difficile de vivre dans le camp, « d'autant plus que nous n'avons pas assez de moyens », témoigne un autre jeune qui a une épicerie. « J'ai loué cet espace pour assurer une activité, mais ce n'est pas rentable. Je gagne une somme dérisoire et je ne peux pas subvenir aux besoins de mes huit frères et sœurs ». Les aliments distribués ne suffisent pas. « Il faut acheter les légumes, la viande pour préparer un plat équilibré », toujours d'après le jeune, critiqué sévèrement par une dame à la cinquantaine. « Allez libérer votre pays », criait la dame ce qui la provoqué une discussion tendue entre les réfugiés.

Il est clair que la tension est de mise dans cet espace de vie, où les points de vue diffèrent et où la criminalité, les viols et la délinquance existent. Les réfugiés sans pièces d'identité victimes de dictature et de règlement de compte politique sont perdus dans les papiers des politiciens et les décisions internationales, tout comme Jafra, il y a des années. Ils risquent de trouver le même sort, d'être des chiffres qui s'ajoutent à la liste des réfugiés dans le monde.
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Et le viol des femmes dans le camp ?
Tala Kattan, responsable des Relations Extérieures auprès de l'UNHCR en Jordanie
« Une prise en charge médicale et psychologique assurée aux femmes violées »
Tala Kattan, responsable des Relations Extérieures auprès de l'UNHCR en Jordanie précise que le haut commissariat des réfugiés est en train d'examiner avec les autorités jordaniennes les mesures à prendre pour mieux assurer la sécurité au sein du camp, où l'on enregistre entre autres des actes de viol. « Des propositions seront présentées aux autorités jordaniennes pour partager le site en sections afin de mieux gérer la question de sécurité », explique Mme Kattan. La responsable précise qu'une prise en charge médicale et psychologique est assurée aux femmes violées qui restent très discrètes et ne déclarent pas ces abus.
Concernant le problème de confiscation de pièces d'identité dénoncé par les réfugiés, Mme Kattan précise que « des négociations sont en cours pour faciliter le retour de ceux qui veulent regagner la Syrie. Elle ajoute également « qu'il est préférable que les réfugiés aient leurs pièces d'identité avec eux. D'ailleurs une nouvelle technique sera utilisée pour enregistrer les nouveaux réfugiés, à savoir la biométrie oculaire ».


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