Depuis le début de ce mois, ports et aéroports ne désemplissent pas de voyageurs. Les vacances au pays sont achevées et notre communauté tunisienne à l'étranger a regagné son pays de résidence. Ils sont actuellement plus de 930 mille émigrés tunisiens. 83,5% d'entre eux vivent en Europe dont 57,8% en France. Durant ces dernières années, l'émigration tunisienne a connu des mutations rapides et profondes. Fini le modèle d'émigration de travail d'hommes seuls en quête d'une situation meilleure, aujourd'hui il s'agit d'une émigration familiale définitive et d'installation. Plus de 128 mille familles tunisiennes à l'étranger Actuellement, les Tunisiens expatriés investissent dans leur pays de résidence autant que dans leur pays d'origine. Ils y achètent des appartements et créent des sociétés. Le cas se présente surtout pour les familles qui se sont installées depuis des années en France ou en Italie. Sachant que l'émigration tunisienne est à sa troisième génération, 24% des Tunisiens à l'étranger sont âgés de moins de 16 ans et 48,9% font partie de la deuxième et de la troisième génération. On compte aussi plus de 128 mille familles dans les différents pays d'Europe avec une concentration en France et en Allemagne. Ceci prouve qu'il existe aujourd'hui des structures familiales installées pour toujours à l'étranger. Pour eux, le vrai retour c'est au pays de résidence et non pas au pays d'origine. Par ailleurs, environ 7% des Tunisiens vivant en France ont plus de 60 ans. Ceci démontre un accroissement sensible des émigrés âgés. Il existe aussi, un chômage prononcé chez les jeunes allant jusqu'à 24 ans. En France, il est estimé à 52% et il est aggravé par des attitudes discriminatoires.
Un retour plus difficile qu'un départ Ces personnes âgées en retraite ainsi que ces jeunes au chômage continuent pourtant à s'attacher à leur pays de résidence et refusent de regagner leur pays d'origine. Pour les personnes âgées, elles continuent à résider à l'étranger parce que leurs enfants et leurs petits enfants y sont installés. Ce n'est que le lien affectif et les quelques souvenirs d'enfance qui les attachent au pays d'origine. Quant aux jeunes, la plupart d'entre eux sont nés à l'étranger et y ont vécu. Pour eux le pays de résidence c'est leur pays. La famille, les amis, le chez-soi, tout est dans le pays de résidence. Quand ils viennent en vacances au pays de leurs parents, ils se sentent peu dépaysés. Et pourtant lorsqu'ils reviennent dans leur pays de résidence ils souffrent de discrimination surtout s'ils sont des jeunes au chômage. Aussi, des femmes qui ont vécu toute leur vie en Tunisie, se trouvent parfois obligées de quitter leur pays à l'âge de la retraite pour rejoindre leurs maris dans le cadre du regroupement familial. Elles ne sont pas toutes instruites. Bien au contraire, beaucoup d'entre-elles ont un niveau d'études bas ou sont même analphabètes. Le rêve de voyager, de s'installer à l'étranger et de s'enrichir en quelques années est aujourd'hui loin d'être facilement réalisable. Il faut toujours galérer pour trouver un emploi. Mais mieux vaut souffrir dans son pays qu'ailleurs. Une fois installé à l'étranger, le retour au pays d'origine sera toujours plus difficile que le départ. Afef BEN ABDELJELIL
Nos Tunisiens à l'étranger envoient annuellement 0,84 milliards d'euros Selon une étude intitulée facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP) réalisée par la banque européenne d'investissement, les Tunisiens résidents en Europe envoient annuellement 0,84 milliards d'euros vers leur pays d'origine. La Tunisie vient en troisième position après l'Algérie 3,15 milliards d'euros et le Maroc 2,13 milliards d'euros. Toutefois, la même étude annonce que le transfert de la moitié de ces fonds s'effectue par des canaux informels.