Des mines anti-personnels sèment la mort au mont Châambi. De valeureux et braves soldats sont lâchement tués. Signe inquiétant et dangereux, des mines sont placées dans une zone proche des agglomérations urbaines. On parle de tournant grave et on envisage le pire. Les habitants de la région paniquent et sont terrorisés. Il en est de même pour tous les Tunisiens qui plongent de plus en plus dans la crainte et la phobie des attentats. Des hommes politiques appellent à l'union sacrée pour la lutte contre le terrorisme. Et pourtant ça fait deux mois que les choses semblent ne pas avancer au sens positif ? A qui profite le crime ? Y a-t-il un plan machiavélique pour faire honnir les Tunisiens la Démocratie et faire le lit d'une nouvelle dictature sous le prétexte de la sécurité ? Où sont les premiers responsables du pays ? Pourquoi n'ont-ils pas pris la peine de se rendre sur les lieux ?
Abdessattar Sahbani, sociologue et observateur averti de la situation dans le pays pense qu'il y a deux volets dans les évènements à Chaâmbi. Il ya le volet évènementiel. « Ce qui se passe là-bas est vraiment grave. On est en train de terroriser la population. Le second volet est politique. Est-ce qu'on est en train de piéger l'armée nationale, les forces de sécurité et la garde nationale ? Nous manquons, surtout d'informations. Le Tunisien est mal-informé de ce qui se passe chez lui. Une overdose d'analyses mais pas assez d'informations. Il y a une sorte de déploiement du terrorisme de la montagne pour se rapprocher de la ville. L'opération dure depuis deux mois. Au bout de deux mois, avec l'aval des Algériens, on devait venir à bout de ces terroristes ». Des arrestations ont eu lieu. Le sociologue se demande pourquoi, est-ce qu'on ne les a pas vus à la télévision ? Qui sont-ils ? Pourquoi des Tunisiens vont en Syrie et reviennent, ici ? Pour faire quoi ? Et l'attitude du pouvoir. Le chef du Gouvernement parle de lutte contre le terrorisme, pratiqué par ceux qu'il considérait comme ses enfants prodigues. « L'Etat est quasiment absent. L'assassinat de Chokri Belaïd, les actions des Ligues de protection de la Révolution, les évènements du 9 avril 2012 sont encore dans la mémoire. C'est un problème qui relève de l'international et de l'internationale terroriste et ses conflits entre Kardhaoui et Hassen Nasrallah ». Notre interlocuteur, pense qu'il y a des techniques pour détecter les mines. Il ne réalise pas comment a-t-on pu en arriver là. Il aurait mieux valu sacrifier des brebis ou des chèvres au lieu de vies humaines de soldats. Il pense que c'est une question de manipulation satellisé par une intelligence étrangère.
Sans incriminer les services spéciaux, il considère qu'ils ne font pas convenablement leur travail. Après les déclarations de la presse internationale, il pense que « quelque chose se trame ». Est-ce que l'Etat n'a pas les moyens de dévoiler les terroristes ? Quels sont leurs rapports avec les caches d'armes découverts ? « Le terrorisme est un état de fait, mais aussi un état psychologique. Le citoyen a peur pour ses biens, sa vie, la vie de ses proches. On sème la terreur. Où sont les LPR ? Pourquoi ne vont-elles pas là-bas pour protéger les citoyens ? Où est le président Marzouki. Bourguiba de son vivant, lorsqu'il y a eu les évènements de Gafsa était sur place à Tozeur. Il n'a pas déserté les lieux », rappelle le sociologue.
Notre sociologue se pose beaucoup de questions alarmantes. « Je commence à avoir peur de la terreur et que le Tunisien tombe dans cette hystérie collective. Ce sont des scénarios qui ont été montés à l'étranger pour asseoir la dictature. Ils veulent dire que la société n'est pas mûre pour la Démocratie. Ainsi on revient à l'Etat qui va monopoliser le social. C'est un processus très grave. Ce qui s'est passé les années soixante, soixante-dix et quatre vingt, ne peut plus se reproduire aujourd'hui. Dans les années 60, les Tunisiens avaient confiance en l'Etat. C'était un Etat providence. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'Etat avait tout donné à la société, la démocratisation de l'enseignement, le logement populaire, la lutte contre les maladies, les clubs pour que les jeunes exercent le sport…Il y avait une confusion entre Etat et pouvoir politique.
Dans l'imaginaire collectif on est revenu à cette confusion et au rôle omniprésent de l'Etat ». En plus ces problèmes au mont Chaâmbi, se posent dans une conjoncture caractérisée par un blocage total au niveau de la Constitution. « On est en train de flouer l'opinion publique d'un sujet à un autre. Ce qui se passe à Chaâmbi n'est pas innocent », dit-il. Il rappelle que la Démocratie est le respect des minorités. « Jusqu'à quand va-t-on développer les choses à partir de la logique de la majorité ? ». Le Tunisien doute et vit dans une confusion totale.