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«Le problème est compliqué, toute surenchère ne peut être rentable politiquement» L'avis d'un spécialiste: Riadh BEN KHALIFA : Maître-assistant à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis
Faisant une lecture dans le phénomène de l'émigration irrégulière en Tunisie après le 14 janvier 2011 et le problème des disparus, la réaction des autorités au pouvoir ainsi que celle de la société civile, Riadh Ben KhalifaMaître-assistant à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis rappelle que « l'émigration irrégulière, communément dénommée « la harga », a commencé entre les côtes tunisiennes et italiennes au début des années 1990, lorsque l'Italie qui avait ratifié les accords Schengen a décidé d'imposer des visas d'entrée pour les ressortissants tunisiens ». «Les difficultés économiques de la Tunisie, le chômage, le développement inégal des régions, l'injustice sociale et l'intensification de la répression politique par le régime Ben Ali ont créé des conditions propices à l'émigration irrégulière », ajoute Raidh Ben Khlifa tout en critiquant la réaction des hommes politiques de l'opposition. Il précise à cet effet, que « bien que l'opinion publique soit sensible aux drames engendrés par la harga, rares sont les tentatives d'utilisation politicienne de cette question ». Mais pourquoi ? C'est parce que « le problème est compliqué, et toute surenchère ne peut être rentable politiquement », répond l'universitaire. Et d'expliquer : « même les opposants politiques les plus virulents évitent de s'attaquer ouvertement au gouvernement sur ce sujet et appellent les Européens à assumer leur part de responsabilité et à prendre en considération les circonstances exceptionnelles de la Tunisie ». Parlant de la position du gouvernement de la Troïka, M. Ben Khalifa précise que « le gouvernement de la troïka est favorable à une coopération sécuritaire ». Et d'enchaîner : « mais il considère que les pays européens doivent assouplir les conditions d'entrée légale et trouver un compromis au sujet des immigrés tunisiens qui se trouvent dans une situation illégale ». Pour ce qui est de la réaction de la société civile vis-à-vis de cette question, l'universitaire précise « qu'elle a fait de la défense des droits des « haragas » et du soutien aux familles des disparus l'une de ses champs d'action ». Il ajoute que « les associations tunisiennes opèrent dans ce sens avec des réseaux étrangers de défense des droits des migrants et bénéficient de l'appui financier de nombreux bailleurs de fonds qui ont pris une large liberté d'action en Tunisie depuis la chute de Ben Ali ». Si certaines associations ont les compétences de gérer plus ou moins ce problème, d'autres non, surtout celles nouvellement lancées. A cet égard, M. Khalifa signale que « l'association des parents des familles de disparus n'a pu jouer qu'un rôle secondaire parce qu'elle manque de moyens humains et matériels. De plus, ses membres ne maîtrisent pas la communication, faute d'expérience militante. C'est pour cette raison qu'elle s'appuie sur le tissu associatif de défense des droits de l'homme piloté par des personnalités connues ».