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Combat de maîtres
Shakespeare? Ech jebou lina? de Mohamed Kouka et Moncef Souissi
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 05 - 2013

Shakespeare? ech jabou lina?, le titre du nouvel opus du duo Kouka (mise en scène) Souissi (texte et dramaturgie en collaboration avec Moëz Hamza) interpelle d'emblée. Il surprend aussi, d'autant plus que ces deux grands metteurs en scène et dramaturges nous ont habitués à des appellations plus conventionnelles.
Ce titre en forme d'interrogation-exclamation, qui associe le nom du maître du théâtre anglais à une expression populaire, annonce un spectacle original et complexe.
A l'avant-scène trône un énorme panneau de circulation, plus précisément un sens interdit, qui semble barrer l'accès. La frontière entre la salle et la scène est fermée, même si dès le lever du rideau , cette interdiction est reléguée au fond de la scène qui s'offre aux spectateurs sans décors, complètement dépouillée de ses rideaux, comme mise à nu, ne formant, en fait, qu'un seul et même espace avec la salle.
Aussitôt quatre jeunes comédiens, trois hommes (Moëz Hamza, Ilyès Laâbidi, Khoubib Ayari) et une femme (Kaouther Bahri) en costumes-cravates noirs — sorte de «men in black» — montent sur scène. Pendant dix longues et ennuyeuses minutes, ils répètent une pièce de Shakespeare en arabe littéraire jouant avec grandiloquence, dans une théâtralité poussée à l'extrême.
Mais l'entrée fracassante, par la salle, d'un Moncef Souissi, incarnant son propre rôle, gesticulant, mécontent, vociférant contre cette piteuse interprétation, interrompt la répétition. Cette mise en abyme inattendue donne une nouvelle orientation, « booste » la pièce qui s'enlisait dans la monotonie, réveille le spectateur qui commençait à somnoler et, par un jeu de miroir déformant, l'oblige à une réflexion sur les mécanismes dramaturgiques. Souissi, au bord de la crise de nerfs, s'égosille à remettre en question cette version surfaite qui paralyse tout acte théâtral. Il lance la célèbre phrase de Mohamed Abdelaziz Agrebi : « Le jeu, c'est l'absence de jeu», préconisant une interprétation chargée d'émotion, dynamique, voire viscérale, pour apporter une épaisseur aux personnages. Mais à peine cette leçon est-elle donnée que le directeur de la troupe, Mohamed Kouka (personne/personnage), s'avance sur scène dans une attitude imperturbable et déverse un texte pompeux, déclamatoire. Se font alors face, dans un conflit ouvert, deux écoles, deux jeux complètement opposés, de sorte que les jeunes comédiens quelque peu décontenancés au début, semblent pris en otage par la querelle de leurs «dirigeants».
Cette opportunité est trop belle pour ne pas être saisie par Kouka et Souissi qui ne peuvent s'empêcher d'inviter sur scène la politique et ses jeux de pouvoir exacerbés, exercés actuellement dans notre pays. Cette superposition du monde du théâtre et de celui de la politique leur permet de montrer que les hommes de pouvoir usent et abusent des techniques du théâtre pour jouer sur l'apparent et asseoir, ainsi, leur autorité. C'est ce qu'on appelle : «la théâtrocratie» que Shakespeare a mise en exergue dans sa pièce Coriolan.
Ballottés, malmenés par ces deux maîtres, les apprentis-comédiens décident de s'en affranchir. Aussi, par d'habiles pirouettes vont-ils s'adonner avec fougue et frénésie et sur des modes et des styles différents, à la manière des célèbres exercices de style de Raymond Queneau, à l'interprétation d'une succession de séquences des pièces de Shakespeare dont les héros, dictateurs assoiffés de pouvoir, sont voués à la déchéance ou à la mort : Othello, Hamlet, Macbeth, Le Roi Lear, Richard III, Le Songe d'une nuit d'été.
Nous saluerons la prestation de ces jeunes comédiens qui, malgré quelques maladresses, ont su apporter au spectacle fraîcheur, énergie et humour, brisant ainsi ce fameux quatrième mur qui sépare la scène de la salle pour communiquer au public toute la puissance des textes du grand Shakespeare. Ainsi, grâce à cet exercice de répétition en présence des «anciens», ces jeunes comédiens leur arrachent le flambeau et reprennent le relais d'une profession que Paul Valéry qualifiait de «délirante» et qui exige, à part l'acquisition de techniques et de mécanismes, un dévouement absolu, un don de soi du comédien qui doit transmettre au public ce fameux «mentir vrai» si cher à Louis Jouvet.
Un spectacle à voir.


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