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Pourquoi les forêts brûlent-elles ?
Environnement
Publié dans Le Temps le 13 - 07 - 2013

• On est passé de 130 incendies annuels en moyenne à 400 feux en 2012
Verts, les arbres des forêts, comme l'espérance, les blés de printemps et certains drapeaux. Noirs, les bois brûlés, comme la mort, le deuil, les uniformes nazis et certaines oriflammes. Pourquoi à certaines époques et à certains endroits, les forêts brûlent-elles ? N'est-il pas intéressant, après avoir signalé leur valeur, de se demander pourquoi elles brûlent et comment les protéger ?
L'or vert
Les forêts tunisiennes, rien que dans les gouvernorats « défavorisés », parait-il : Jendouba, El Kef, Kasserine et Zaghouan, produisent 12.925.000 m3 de bois qui peuvent être « récoltés » sur 420.000 hectares ! N'est-ce pas une richesse ?
La Tunisie, boisée à 51 %, compte actuellement 500.000 hectares de forêts et boqueteaux alors qu'il n'y en avait que 400.000 hectares au moment de l'Indépendance.
Les « terrains forestiers », situés principalement dans le Nord, l'Ouest et dans la Grande Dorsale, sont plantés surtout de « feuillus » : chênes, eucalyptus, acacias dans le Nord-Ouest et de résineux : pins d'Alep, Thuya dans l'Ouest et sur la Dorsale.
Incontestablement, la forêt est une ressource importante. Poumon du pays, elle assure la protection du sol, évite le ruissellement ainsi que l'érosion et permet l'infiltration de l'eau qui recharge les nappes phréatiques. Elle ralentit donc l'arrivée des alluvions qui remplissent les lacs de retenue des barrages, allonge donc leur durée de « vie ».
Ecosystème riche, elle protége la biodiversité, source de richesses actuelles et peut-être futures. Nos premiers médicaments ont été les plantes qui servent encore, mais on est loin d'avoir analysé toutes leurs « potentialités ». On commence seulement à employer les « huiles essentielles » pour soigner ! La forêt fournit depuis la nuit des temps du bois, des fruits, des écorces (liège), des feuilles et des fleurs qu'on peut distiller. Elle protège des sous-bois tout aussi économiquement intéressants : la bruyère pour le bois, le lentisque pour une colle, les cistes pour le laudanum, etc. … Elle attire les touristes, les chasseurs, les photographes, les artistes et … tous ceux qui aiment se promener sur des sentiers balisés sans craindre de se perdre, dans une forêt entretenue.
La mise en valeur
Une forêt rentable est une forêt « cultivée » qui réclame une main d'œuvre importante. Quelle chance : elle se trouve surtout dans les régions « défavorisées » où règne un chômage important ! Voilà des milliers de postes d'emploi !
Il faut planter des arbres, les soigner, les « dépresser » pour qu'ils disposent de suffisamment d'espace, supprimer les « malvenus » aux troncs défectueux, élaguer les basses branches tout au long de la croissance pour avoir de beaux troncs droits qui fourniront de belles planches sans « nœuds ».
Et puis, il faudra les couper, les sortir de la forêt (une entreprise), les scier (une autre entreprise), éventuellement, les étuver pour les utiliser rapidement (encore une entreprise) et employer le bois : menuiserie, ébénisterie, artisanat du bois et industrie du liège. En plus qui va entretenir les pistes et les gués forestiers ? D'autres entreprises.
La main d'œuvre est là, depuis toujours et la forêt lui appartient « légitimement ». Elle en a été dépossédée légalement quand ont été créés les « terrains forestiers », sur des terres tribales, ancestrales, patrimoniales, avec la bonne intention de protéger la forêt.
Mais est-ce bien vrai quand on sait qu'une enquête, en 1929, recensait plus d'un million d'hectares de forêt et qu'il n'en restait que 400.000 hectares à l'Indépendance ?
Les causes
Pourquoi les forêts brûlent-elles ? Naturellement ? Rarement : la foudre frappe en France, surtout, le Massif Central. Mais ce sont les forêts méditerranéennes, à 150 kilomètres, qui brûlent le plus !
Les négligences et les maladresses humaines. Certes ! Mais parfois seulement. Nous fréquentons les zones forestières depuis plus de 50 ans. Les populations locales ne prennent pas de précautions particulières et … d'après les Services Forestiers, les forêts brûlent de plus en plus. On est passé de 130 incendies annuels en moyenne, à 400 feux en 2012 ! Les gens sont-ils plus négligents, plus « incendiaires » ? Sûrement pas : ils vivent dans et de la forêt.
Pourquoi les forêts françaises, espagnoles et italiennes – les « Corses » surtout – brûlent-elles plus que les Tunisiennes ? Il fait pourtant plus chaud et plus sec, ici !
Les forêts brûlent surtout parce que les hommes, pour des raisons diverses : envie de construire, désir d'avoir des pâturages naturels à bon marché, etc. …, les incendient « à 98 % des cas dit la Protection Civile Italienne ».
Pourquoi, un été des années 80, tout le monde disait dans la région d'Aïn Draham : « les forêts vont brûler ! » Et elles ont brûlé pour … masquer un énorme délit de coupes abusives qui est « remonté » jusqu'à la Direction des forêts !
Pourquoi quand les combats faisaient rage en Algérie, les forêts, le long de la frontière et même en Tunisie dans le Parc d'El Feïja, brûlaient de Tabarka à Ghardimaou ? Qui les incendiait ?
Pourquoi la forêt de Dar Chichou a-t-elle été pratiquement détruite par les incendies en 2011 ? Qui y a mis le feu ?
Pourquoi les forêts brûlent-elles, en ce moment, principalement autour du Jebel Chaambi et dans les environs de Sakiet Sidi Youssef ? Qui met le feu ? Les gens qui s'y cachent ? Peu probable. Ils perdront leur abri ! Les gens qui y vivent ? Très improbable : ils perdront tout ! Alors qui ? Certainement, des gens qui veulent créer du « désordre ».
Les griefs
Il faut écouter les populations locales, avant d'acheter des équipements très coûteux et qui s'avèreront souvent impuissants à protéger la forêt. Que faire quand, un jour de grand vent, plusieurs départs de feu se déclarent simultanément, dans une zone montagneuse ? Seules les populations locales prendront soin de la forêt parce qu'elles en vivent.
Naguère, dans un hameau forestier et montagnard, un très vieil ami, décédé récemment, me racontait, amer : « j'ai combattu pour l'Indépendance de la Tunisie et de l'Algérie et je n'ai pas gagné un sou ni 1 m² pour mettre ma tombe ! Alors que les soldats, qui ont fait la guerre avec la France, ont une retraite et sont soignés ! »
« La forêt pousse sur nos terres et nous ne sommes que les ouvriers des « forestiers ». Pourquoi l'argent du bois, du liège va au Gouvernement ? Pourquoi le thym, le romarin, le myrte sont distillés par des entreprises venues d'ailleurs ?
Pourquoi n'avons-nous plus le droit de faire paître nos troupeaux dans la Réserve de « X » alors qu'on y a mis aucun animal encore et que nous n'avons pas d'autres terrains de parcours ? Même les sangliers qui détruisent nos champs sont payés à l'Administration par les chasseurs alors que nous les rabatteurs qui marchons toute la journée, nous n'avons qu'un petit salaire : l'Administration perçoit entre 20 et 100 ≈ 150 dinars par sanglier et nous … 10 dinars par jour ! Regarde : qu'avons-nous gagné depuis 50 ans d'Indépendance ? L'électricité, c'est vrai ! L'eau à la fontaine aussi, mais nous sommes toujours aussi pauvres – les enfants doivent faire presque 10 kilomètres pour aller à l'école, même l'hiver !
Pourquoi l'Administration des forêts ne nous donnent pas un peu de terre à défricher pour planter un peu de céréales, un peu de fèves ou de pois chiche et quelques arbres fruitiers ?
Pourquoi les docteurs ne viennent-ils pas avec leur matériel, les dentistes surtout, les oculistes aussi, les jours de marché. Regarde, je n'ai plus de dents ! Tu te rappelles comment je voyais les palombes dans les arbres quand nous chassions ! Maintenant, je ne peux même plus lire : je ne vois plus. Quand j'ai mal à l'estomac, ou bien tu m'apportes du bicarbonate ou bien je dois faire 20 kilomètres pour en acheter ! »
Nous concluons que les forêts ne seront jamais mieux protégées que par leurs légitimes propriétaires qui en tireront profit.
Les forêts tunisiennes nous semblent être un capital insuffisamment exploité qu'envient les populations locales pauvres et inemployées. Le mécontentement « gronde » et conduit parfois au pire : « Puisque je ne peux pas l'avoir, personne ne l'aura ; je la brûle ! »
N'y aurait-il pas des dispositions à prendre, surtout immédiatement et dans les régions défavorisées, ne nécessitant pas de gros investissements, qui seraient profitables à la population et au pays ? Personne n'accepte de voir brûler son « capital » !


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