« Allah dit : Tu es de ceux à qui un délai est accordé. Jusqu'au jour de l'instant bien connu. Par Ta puissance ! dit Ashaïtan, je les séduirai assurément tous sauf tes serviteurs élus parmi eux. Allah dit en vérité, et c'est la vérité que je dis. J'emplirai certainement l'Enfer de toi et de tous ceux qui te suivront ». (Sad – V.80 à 85) Ashaïtan a donc désobéi à Dieu et bien qu'il soit devenu le symbole du mal, il est mis à l'épreuve par Dieu jusqu'au jour de l'instant bien connu, celui du jugement dernier. Dans son ouvrage, Al Milal Alshahrastani, philosophe d'origine persane du 12ème siècle (540 de l'Hégire) affirme qu'il s'agit d'une révolte d'Iblis contre Dieu, laquelle contient le germe de toutes les révoltes humaines, Ibn Qaym Al Jaouzia, penseur arabe du 14ème siècle qui a vécu à Damas, dans un ouvrage intitulé « Talbis Iblis » il explique les procédés subtils de séduction auxquels le diable a recours, pour conduire au mal et à l'erreur, ceux-là mêmes qui proposent le bien et prétendent œuvrer pour la recherche de la vérité. Ashaïtan est donc mis à l'épreuve par ce délai que Dieu lui a accordé, et c'est par la même une mise à l'épreuve pour l'être humain doté de raison et qui peut donc, discerner entre le bien et le mal. A partir de là, la question fondamentale qui revient souvent et qui a été traitée différemment par les théologiens et les philosophes musulmans : le libre arbitre. L'homme peut-il échapper par sa propre volonté et son propre choix à la voie du diable, symbole du mal ? La réponse à cette question n'est pas aisée, d'autant plus que les sunnites et les mutazilites s'opposent sur ce point précis : L'idée de la justice divine est corrélative de celle de la liberté. Pour les Sunnites, Dieu est le Guide vers la voie du bien, celle du Shaïtan, étant celle du mal. Dieu propose le bien aux hommes, lesquels seront récompensés s'ils Lui obéissent. Par contre, s'ils se révoltent ils seront châtiés. Pour les Mutazilets Dieu est Juste et Bon, mais il doit être conçu à travers certaines exigences de la raison. C'est la raison pour laquelle ils proposent dans l'exégèse du Coran que soient tenus en considération les sens cachés, (Al Baten) et ne pas comprendre le Coran à travers le sens apparent (Adhahir), c'est-à-dire, ne pas le prendre à la lettre, au premier degré. Iblis est le symbole du mal dans tous ses états et sous toutes ses formes. « Ils sont semblables au Shaïtan quand il dit à l'homme : sois incrédule : Puis quand il a mécru, il dit : Je te désavoue car je redoute Allah, le Seigneur de l'univers. Ils eurent pour destinée d'être tous deux dans le feu pour y demeurer éternellement. Telle est la rétribution des injustices » (Al Hashr – V. 16 et 17). Les versets constituent une parfaite image de ceux qui incitent au mal, et qui sont eux-mêmes des Shaïtans.