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Voilà comment Mohamed Brahmi a réuni toutes les «conditions» pour être assassiné
Le cycle des assassinats politiques
Publié dans Le Temps le 01 - 08 - 2013

D'aucuns diraient que Mohamed Brahmi n'était pas la cible idéale pour les criminels, étant donné que le parti dont il était le secrétaire général ne compte pas parmi les grands de par le nombre de ses adhérents et du rôle qu'il joue sur la scène politique. On leur répond qu'au-delà de ces données apparentes, il existe des facteurs objectifs qui ont favorisé son assassinat qui sont multiples et qui impliquent plus d'une partie que ce soit directement ou indirectement.
Ces facteurs étaient présentés par le martyr lui-même dans sa dernière interview, celle qu'il nous accordée quatre jours avant son assassinat (voir Le Temps du 21 et du 26 juillet), et confirmés par l'un des leaders du Front Populaire, Hayet Hamdi.
Le divorce avec le Mouvement du Peuple
Tout, d'abord, Ennahdha misait sur le non ralliement du Mouvement du Peuple au Front Populaire, alors que Mohamed Brahmi insistait à l'intégrer, car il y voyait la structure qui pourrait, vraiment, réaliser les objectifs de la Révolution comme il considérait que le gouvernement de la Troïka était un instrument pour inonder le pays et le coloniser à nouveau. L'autre mobile de cette liquidation physique c'était la lutte que menait Mohamed Brahmi à l'intérieur du Mouvement du Peuple relative à la différenciation entre l'Islam et l'Islam politique. On sait très bien que le martyr Mohamed Brahmi était quelqu'un de pieux qui a fait le pèlerinage quatre fois, ce qui veut dire qu'il n'était pas possible de l'accuser d'impiété, ni de laïcité. Il était, donc, un rempart pour le Front Populaire contre toutes les accusations de ce genre. Par voie de conséquence, le fait qu'il parlait au nom du courant nationaliste nassérien représentait un danger pour ceux qui tenaient à vendre le Mouvement du Peuple à Ennahdha. Mohamed Brahmi s'est opposé, avec fermeté, à cette position et a défendu mordicus son indépendance vis-à-vis de ses tenants en se démaquant d'eux et en quittant leur parti, il a, immédiatement après, fondé le courant Populaire et rejoint le Front Populaire dont il était l'un des premiers fondateurs. Son incrimination de l'Islam politique de vouloir s'emparer du pouvoir afin d'exécuter le plan de l'organisation internationale des frères musulmans, qu'il assimilait aux Francs-maçons, n'a pas plu à ces derniers, ni en Egypte, ni en Tunisie, car il ne faut pas séparer le Courant populaire institué par Mohamed Brahmi de celui de l'autre bastion révolutionnaire, l'un et l'autre luttent contre le projet des frères dans les deux pays. D'ailleurs, lors de la dernière réunion du Front Populaire à laquelle il a pris part, Hayet Hamdi affirme qu'il a proposé la constitution d'une délégation pour se rendre en Egypte et rendre visite au Courant populaire et les courants progressistes qui sont en train de lutter contre les frères et le retour de Morsi au pouvoir.
Les enjeux de l'assassinat
Au sein du Mouvement du Peuple, la ligne hostile au front Populaire et favorable à Ennahdha a tout fait pour empêcher tout rapprochement de son parti avec le premier. Par voie de conséquence, les trois raisons relatives à la position vis-à-vis de l'islam et de Nida Tounes et à la question de souveraineté nationale avancées par les dirigeants du Mouvement du Peuple lors de l'annonce de leur retrait du Front Populaire et posées comme des conditions sine qua non pour sa réintégration étaient de faux prétextes et conçues juste pour justifier la rétraction de leurs auteurs et leur violation de la décision du 10 mars relative au ralliement de ce dernier, selon les affirmations du martyr. A tous ces mobiles s'ajoute un autre se rapportant à l'ANC, n'oublions pas que Mohamed Brahmi était le président de la commission de tri des candidatures pour l'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), comme le soutient Hayet Hamdi. Il a mené une guerre sans merci à l'intérieur de la constituante pour dénoncer toutes les falsifications commises par la Troïka dirigée par Ennahdha qui fait tout pour que cette instance soit nahdhaouie par excellence. Mohamed Brahmi a annoncé, depuis l'enceinte de l'ANC, que les prochaines élections seraient truquées, et pour asseoir ses allégations, il a exprimé des doutes sur l'honnêteté de l'élection des membres de la nouvelle ISIE, ce qui rend le mobile électoral très plausible et permet de soupçonner les bénéficiaires notoires de la disparition d'une personne aussi gênante qu'est Mohamed Brahmi. Donc, le scénario de son assassinat était le même que celui de Chokri Belaïd mais avec des mobiles différents dont les enjeux sont le pouvoir et les prochaines élections, fait remarquer Hayet Hamdi.
Connivence avec Ennahdha
Au lendemain de l'assassinat lâche et abominable, le Mouvement du Peuple a tenu une conférence de presse au cours de laquelle son porte-parole a prétendu que Mohamed Brahmi était encore leur secrétaire général !!! Prétendre une chose pareille c'est comme si on le ressuscitait. Dans la vie politique, il y a ceux qui rectifient leurs positions à la 90ème minute comme Al Jomhouri, ceux qui les révisent au cours du temps additionnel à l'image de la « Coalition démocratique », et ceux qui le font après le coup de sifflet final ; les dirigeants du Mouvement du Peuple appartiennent à cette dernière catégorie. Ils veulent récupérer un oppositionnel avec lequel le divorce était déjà bel et bien consommé bien avant son assassinat, vu leurs divergences de points de vue sur plusieurs questions majeures, notamment, les jugements portés sur le Front Populaire et Ennahdha. Celle-ci est considérée, de par son appartenance idéologique, comme une famille politique proche, et, donc, un partenaire possible par la tendance majoritaire au sein du parti des dirigeants du mouvement, et l'intégration de Salem Labiadh du gouvernement en est la parfaite illustration. Cette participation au gouvernement était l'un des épisodes qui a alimenté les dissensions entre les deux parties, puisque Mohamed Brahmi, qui y a vu une connivence, était, totalement, contre ce rapprochement avec le parti au pouvoir. D'ailleurs, il a, toujours, soutenu qu'il y a longtemps que Labiadh a rompu avec le nationalisme auquel il a appartenu par le passé, contrairement à ses opposants dont, notamment, le porte-parole du parti qui en soutient l'appartenance et qui l'a, farouchement, défendu contre l'un de ses détracteurs, Samir Taïeb.
Tentatives désespérées
Labiadh était récompensé pour les services très louables rendus à Ennahdha et dont, en particulier, celui relatif à la fameuse vidéo montrant Ghannouchi prodiguant des conseils à des salafistes concernant la manière de procéder pour conserver le pouvoir. Il était le premier à défendre le président de Ennahdha, sur France 24, contre l'opposition qu'il a accusée d'opportunisme et de chercher chicane à Ennahdha pour miner le climat social en exploitant ladite vidéo ; ses efforts n'étaient pas vains, puisqu'il était payé de retour. Et l'annonce de sa démission faite sur le tard, c'est-à-dire avant-hier, ne fait que confirmer les dires de Mohamed Brahmi concernant la réalité de son appartenance au courant nationaliste arabe, la nature de ses rapports avec Ennahdha et la vraie attitude des personnes qui prennent son parti. Les critiques formulées par les dirigeants du Mouvement du Peuple à l'encontre du gouvernement interviennent trop tardivement et ne se hissent même pas au niveau des revendications populaires parmi lesquelles figure, principalement, la dissolution de l'ANC à laquelle ils s'opposent et défendent son maintien tout en soutenant qu'il faut se contenter de la cantonner dans les tâches qui lui sont assignées oubliant par là ses conspirations contre le peuple tunisien et son rôle dans l'institution et le renforcement du pouvoir des frères. Donc, ni ces critiques légères, ni les funérailles symboliques du martyr Mohamed Brahmi organisées après l'enterrement, qui sont des actes désespérés et complètement insuffisants, ne peuvent leur sauver la mise. En politique, l'opportunisme est payant en temps ordinaire mais pas dans les moments révolutionnaires où seules sont comptabilisées les positions de principe.


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