La crise politique sans fin et sans limite, semble ne pas connaître son épilogue depuis l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi. Elle inquiète à plus d'un titre la classe politique, elle-même plongée dans le désarroi et le tumulte. Après l'arrêt des pourparlers engagés par la quartette formée par les plus importantes organisations sociales et de la société civile, à savoir l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et le Conseil National de l'Ordre des Avocats (CNOA), une lueur d'espoir pointe à l'horizon. L'UTICA a formulé des propositions pour mettre en pratique l'initiative de l'UGTT adoptée par les trois autres organisations. La quartette s'est réunie hier soir au siège du l'Union des Syndicats du Maghreb Arabe (USMA) pour réexaminer l'initiative de l'UGTT et lui conférer un échéancier. D'ailleurs, suite à l'appel de l'UTICA les députés dissidents qui devaient entrer dans une grève de la faim, ont décidé de suspendre cette grève en attendant l'évolution des négociations. Ce geste d'apaisement de la part de ces députés sera-t-il accueilli par l'autre camp, pour faire avancer les choses ? Une deuxième rencontre a eu lieu avant hier entre Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès et Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha. Les milieux proches de Nida Tounès assurent que Béji Caïd Essebsi a parlé au cours de cette rencontre au nom du Front de Salut et qu'il a défendu l'initiative de l'UGTT. Il a affirmé qu'il n'y a pas d'alternative à l'initiative de l'UGTT. Ennahdha devra accepter cette initiative si elle veut sauver le pays du gouffre. Cette initiative a été adoptée par l'écrasante majorité des composantes de la classe politique. Hier Béji Caïd Essebsi s'est entretenu, au siège de Nida Tounès, avec Hammam Hammami, porte-parole du Front populaire, grande composante du Front de Salut, en présence de Taïeb Baccouche secrétaire général du parti et Ridha Belhaj, son directeur exécutif. Béji Caïd Essebsi qui a multiplié ses contacts et pourparlers ces derniers jours, n'a pas arrêté de déclarer qu'il est vain de prolonger les négociations et que la situation économique et politique du pays, ne peut permettre d'éterniser les pourparlers politiques entre les différents acteurs. Fidèle à sa logique consensuelle qui n'exclut personne et affirmée depuis la déclaration du 26 janvier 2012, il a encore une fois rappelé à ses interlocuteurs, que seul le consensus pourrait sauver le pays. Il est probable que Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi daignent enfin et à la satisfaction d'une grande partie de l'opinion publique, la réconforter d'une déclaration commune sur Nessma Tv annonçant la conclusion d'un accord. La conscience de la complexité et de la gravité de la situation dans laquelle se débat le pays est partagée par un grand nombre d'hommes politiques. Hier le président de la République Moncef Marzouki, s'est entretenu, entre autres, avec Ahmed Néjib Chebbi, président de l'Instance politique d'Al-Joumhouri, Mohamed Hamdi, secrétaire général de l'Alliance Démocratique et Houcine Abbassi, secrétaire général de l'UGTT. Ahmed Néjib Chebbi a déclaré, après son entretien avec le chef de l'Etat que «la crise gouvernementale ouverte que vit la Tunisie ne peut être supportée davantage. Elle exige une solution dans les plus brefs délais. Cette solution n'est possible qu'avec la formation d'un gouvernement de consensus, composé de compétences et dirigé par une personnalité nationale indépendante». Le leader d'Al-Joumhouri, a insisté pour que « les négociations se fassent dans le cadre de l'initiative de l'UGTT, car elle réunit les plus importantes organisations sociales, tout en bénéficiant d'un large soutien de la part de l'opinion publique. Il faut la préserver. Concernant les délais, il faut qu'ils soient fixés en fonction des besoins du pays. Le pays a besoin d'apaisement, d'unité et de vision claire, chose à réaliser le plus vite possible. Au parti Al-Joumhouri, on pense à un délai d'une semaine ou 15 jours au maximum. Les jours sont comptés. Il faut commencer par trouver une solution au cours de cette semaine». Mohamed Hamdi, secrétaire général de l'Alliance Démocratique a précisé qu'il avait rappelé au président de la République l'initiative de son parti. « Nous avons parlé de procédures et de certains détails qui peuvent servir de voie pour une solution. Nous n'avons le droit de perdre un seul jour. La situation dans le pays, les difficultés économiques et sociales, la précarité sécuritaire, les dangers que ce soit sur les frontières ou le terrorisme, font que nous n'avons pas le droit en tant qu'élite politique de perdre un seul jour. Chaque jour et chaque heure comptent. En dépit des difficultés, nous sommes optimistes et pensons que l'élite politique au pouvoir ou dans l'opposition, trouvera la voie de la sagesse. Nous arriverons à un Gouvernement de compétences ». Les prochaines heures révèleront le bienfondé ou non d'un tel optimisme.