C'est l'histoire des coulisses de la vie en paillettes de Liberace. Ce célèbre pianiste de music hall, mort du sida en 1987, était dans les années 1970 l'artiste du show-business le mieux rémunéré au monde. Ma vie avec Liberace (Behind The Candelabra), annoncé comme le dernier film de Steven Soderbergh, raconte la liaison passionnée, charnelle et tumultueuse entre Liberace et son jeune amant Scott Thorson. Chez Liberace tout est sans limite et débordant : il roule en Rolls-Royce, monte avec un manteau de renards blancs pour 300 000 dollars sur scène et avec ses doigts bagués et une mise en scène flamboyante il s'emploie à un jeu virtuose au piano unique au monde. « Je ne suis pas Rubinstein, mais Rubinstein n'est pas Liberace » disait-il à ses détracteurs. Bref : il est une légende vivante …qui a soif d'amour. Officiellement, pour ses milliers de fans, il est toujours à la recherche de la femme idéale. Mais derrière ces mensonges au service de son image publique, se cache un homosexuel assumé à qui son père a laissé une seule chose, son prénom Walter qu'il déteste. Pour satisfaire ses désirs sexuels et affectifs, Liberace choisit un jour de l'été 1977 un jeune homme blond et bien musclé qui est venu le saluer dans sa loge après un spectacle à Las Vegas. Scott Thorson vit dans une ferme à la campagne et veut devenir vétérinaire, mais seulement quelques heures après leur rencontre, il se retrouve engagé dans un palace digne de Louis II par l'un des plus célèbres artistes de son époque, et cela pour plusieurs rôles à la fois : partenaire sexuel (souvent), meilleur ami (parfois), confident et fils spirituel (selon ses besoins). Michael Douglas, revenu au cinéma après l'épreuve d'un cancer à la gorge (« ce rôle était un cadeau, j'en ai pleuré »), a trouvé un phrasé très juste pour incarner ce personnage si particulier, sans jamais verser dans le maniérisme pour incarner Liberace. Matt Damon (Scott) le lui rend bien avec une curiosité naturelle dans le regard et un formidable travail sur les gestes. Ensemble, ils arrivent à créer un univers crédible pour dépeindre et donner chair à cette relation homosexuelle extraordinaire : « Tu embellis la musique en moi. Je t'aime pour ce que je suis avec toi ». Soderbergh, la Palme d'or de 1989 avec Sexe, mensonges et video, a évité le piège d'un biopic sur papier glacé. Mais, étant fan inconditionnel de Liberace, le réalisateur donne parfois l'impression de ne pas pousser jusqu'au bout les caractères. Peut-être une conséquence du fait que les grands studios à Hollywood n'avaient pas osé réaliser le projet. Ils estimaient que le film était trop destiné à un public homosexuel. Néanmoins, Soderbergh s'arrête beaucoup sur les zones d'ombre de cette star qui vivait en permanence sous les projecteurs. Célèbre pour avoir été le premier pianiste qui regarde droit dans la caméra et adulé pour son candélabre kitsch posé sur le piano, Liberace, ses costumes et son cadre de vie déjanté des années 1970 sont ressuscités avec bravoure dans le film. (Agences)