En attendant, voici les pronostics de La Presse De notre envoyée spéciale Samira DAMI La Vénus à la fourrure du Franco-Polonais Roman Polanski et Onlyloversleft alive de l'Américain Jim Jarmush ont clôturé hier la compétition du 66e festival de Cannes. Le cinéaste polonais est l'un des grands habitués du festival où il a raflé la Palme d'or en 2002 avec Le Pianiste, cette année il revient après tous ses déboires pour présenter son dernier-né, une adaptation de la pièce de théâtre de David Ives, elle-même inspirée du roman de Leopold Sacher-Masoch. Dans un théâtre, un metteur en scène auditionne des comédiennes pour la pièce qu'il s'apprête à mettre en scène, Thomas (Mathieu Almaric) est déçu par la piètre performance des candidates. Pas une n'a l'envergure requise pour tenir le rôle principal, il se prépare à partir quand surgit Vanda (Emmanuelle Seigner), tourbillon d'énergie aussi débridée que délurée. Vanda incarne tout ce que Thomas déteste, elle est vulgaire, écervelée et ne reculerait devant rien pour obtenir le rôle. Mais contraint et forcé, Thomas la laisse tenter sa chance et c'est avec stupéfaction qu'il voit Vanda se métamorphoser. Le film met en scène un face-à-face entre deux acteurs dans un rapport de soumission et de domination dans des scènes sadomasochistes, qui distillent l'ennui d'autant qu'il s'agit d'un huis clos où se décline une adaptation embrouillée et équivoque. Le réalisateur y aborde le rapport entre metteur en scène et acteurs, entre hommes et femmes, le féminisme, la manipulation...L'actrice finira par prendre le pouvoir et à dominer l'auteur-metteur en scène. Les rôles se retrouvent inversés. Toutefois, Polanski ne signe pas là un de ses meilleurs opus, car ni les clins d'œil à sa filmographie dont : Tess, Le Bal des vampires, Rosemary's Baby, ni le duo d'acteurs n'arrivent à sauver le film d'un traitement primaire. Polanski a présenté un travail bâclé où, comble de la vanité, il s'auto-cite abondamment.On doute fort que le jury soit séduit par ce film superficiel et non soigné. Jim Jarmush, lui, est pour la dixième fois à Cannes, il a été primé à plusieurs reprises : notamment le Prix de la meilleure contribution artistique pour Mystery Train en 1989, la Palme d'or du court métrage pour Coffee and Cigarettes en 1993 et le Grand prix pour BrokenFlowers en 2005. Il est revenu cette année avec Onlylovers alive qui raconte la solitude d'Adam (Tom Hiddleston), un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu'ont prises les activités humaines. Il retrouve Eve (Tilda Swinton), son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d'amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l'arrivée de la petite sœur d'Eve, aussi extravagante qu'incontrôlable. Ces étrangers sages mais fragiles peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s'effondre autour d'eux ? Dernier programmé, le film de Jarmush est une histoire décalée de vampire qui propose une réflexion sur le monde qui va de plus en plus mal. Adam vit à Détroit, Eve à Tanger, ils voyagent, se rencontrent, se baladent... l'art, la musique, l'amour et les verres de sang frais les réunissent. Cet opus vaut par son atmosphère énigmatique et son humour décalé, mais ce n'est pas là un film de compétition, surtout qu'il peine à prendre son envol. Heureusement que le public a beaucoup ri aux citations d'auteurs et de savants tels Byron, Shakespeare, Einstein et autres. Ainsi, la dernière journée de la compétition ne change pas grand-chose à nos pronostics : Abdellatif Kechiche mériterait bien la Palme d'or, à défaut il ne repartira pas, à notre avis,sans avoir reçu au moins une récompense, le Grand prix ou le Prix du jury, tant son film La vie d'Adèle a enthousiasmé la Croisette, son actrice Adèle Exarchopoulos, on l'a déjà dit, ne peut rater le prix d'interprétation féminine. Marion Cotillard pourrait également remporter le prix pour son rôle dans The Immigrant de James Gray et même Emmanuelle Seigner pour son interprétation dans La Vénus à la fourrure de Polanski. Le Passé de l'Iranien Ashgar Farhadi, bien qu'apprécié par la critique, pourrait être oublié par le jury, tandis que Inside Llewyn Davis des frères Cohen, encensé par la critique américaine, La grande Belleza de l'Italien Paolo Sorrentino, Jimmy P. du Français Arnaud Desplechin, enfin Nebraska de l'Américain Alexandre Payne pourraient figurer dans le palmarès. Le prix d'interprétation masculine pourrait échoir à Michael Douglas, interprète du rôle principal dans Behind the Candelabra de Steven Soderbergh ou encore Bruce Dern qui incarne à 72 ans le rôle principal dans Nebraska d'Alexandre Payne. Mais ce soir, le jury livrera lors de la cérémonie de clôture son propre palmarès. A suivre donc.