On dit souvent que la vérité sort de la bouche des enfants, mais, cette fois, elle est juste sortie de la bouche d'un ministre, M. Abdelwaheb Maâtar : « L'ANC ne doit pas perdre ses griffes et ses canines… ! ». Nous voilà rassurés par son « Excellence » sur la véritable identité de l'auguste assemblée qui est en charge de créer le cadre institutionnel de ce pays et qui, aux dires de certains députés zélés, sera pour au moins « un siècle » ! Je vous laisse deviner à quel saint « mammifère » nous allons nous confier, encore que ce Monsieur a essayé de se rattraper en rectifiant : « je voulais parler d'une métaphore » (Taâbir majazi) ! A vous d'apprécier le cadre de cette joute politique n'était autre que la « Nationale 1 » avec le débat de l'excellent animateur Iheb Chaouch, mais toujours un peu mal inspiré dans le choix de ses « invités » à tel enseigne qu'on se demande parfois, que représente de fait un nouveau président de parti anonyme qui n'est même pas cité dans les sondages et qui vient nous donner des leçons sur la bonne gouvernance, l'Etat, les institutions, le droit constitutionnel et qui sait… le droit international ! Mme Maya Jéribi, pertinente et sans concession, a eu le courage de lui rappeler ainsi qu'à M. le ministre, certaines attitudes équivoques qui ont aidé à l'affaiblissement de l'autorité de l'Etat surtout par la tolérance et l'encouragement indirects vis-à-vis des « ligues de protection de la Révolution », structures parallèles à vocation violente. Ceci nous ramène à cette « œuvre » de surdimensionnement opérée par les médias sur des acteurs politiques sans grande représentativité crédible. Faut-il en pleurer ou faut-il en rire, de voir des coalitions groupant (10 partis politiques) et même plus, faire œuvre de diversion pour cautionner les partis dominants dans leur politique de désinformation systématique et tromper l'opinion publique. Décidément, le culot de certains politiciens n'a plus de limite et l'ambition ravageuse est en train de défier toute morale de la politique. Pourtant, il suffit de regarder les débats politiques outre-mer. Pour comparer, en ce moment, c'est l'Allemagne qui connaît la ferveur des contradicteurs politiques, mais des présidents de partis « fantômes » vous n'en voyez jamais sur les plateaux des télévisions. Mieux encore, les débats peuvent s'intéresser à une ville secondaire, à un village même, c'est la démocratie locale des « Landers »s mais les invités aux débats, représentent au moins quelque chose ! La Tunisie va au-delà de l'Allemagne ! Elle fait mieux. Elle crée de toute pièce les « leaders » politiques des « sans partis » pour les imposer à la société tunisienne, comme futurs « troïkistes » des coalitions, à venir autour du parti dominant. Finalement, la seule thérapie c'est les élections qui tardent à venir et qui empêchent les états-majors des grands partis à voir plus clair. Notre collègue Iheb, a dû gérer la discorde et reconnaître la mort dans l'âme, le fossé qui sépare les intervenants, lui, qui voulait rapprocher les points de vue de la Nahdha et de l'opposition, et pour cause, les vrais décideurs n'étaient pas sur son plateau. Seules satisfactions, la modération de M. El Ajmi El Ourimi, représentant de la Nahdha, finalement, plus positif et plus constructif que ses « alliés » et surtout M. Mohamed El Hamdi de l'Alliance démocratique, un esprit rational et pragmatique qui a rappelé et reproché à la Nahdha de faire toujours « les concessions » très tardivement, ce qui lui fait perdre le bénéfice du geste. Cet homme peut représenter le profil idéal pour un projet politique fédérateur par sa modestie et surtout sa clairvoyance raisonnable. Quant à Maya Jeribi, bravo, encore une fois, quelle battante… Décidément, ce sont les femmes qui défendent le mieux la Tunisie de la liberté et de la solidarité, la Tunisie des lumières contre l'obscurantisme !