Lors de la dernière réunion de la commission administrative de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) il a été décidé de recourir à la pression de la rue pour faire accepter la feuille de route du quartet ultime moyen de pression que la centrale syndicale utilisera avec la conviction intime que cela amènera les récalcitrants à emprunter le chemin du dialogue direct entre les partis politiques seule alternative qui reste au pays pour se dégager du bourbier dans lequel il se débat désespérément depuis l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi. Des appels ont été lancés pour des manifestations pacifiques dans les régions. A Sfax, une marche d'appui est annoncée pour jeudi prochain. Elle sera précédée par un meeting devant le siège de l'Union régionale de travail. Des discours seront prononcés, en présence de représentants des autres organisations du quartet, l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et le Conseil de l'Ordre des Avocats. D'autres marches sont prévues, samedi à Jendouba et à Gafsa. Personne ne doute de la capacité de mobilisation de l'UGTT. Ces mouvements d'appui à la feuille de route du quartet porteront-ils, leurs fruits et amèneront-ils Ennahdha à mettre un peu d'eau dans son vin ? L'UGTT réussira-t-elle à rapprocher davantage les positions de différents protagonistes ? Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique (PTPD), affirme au Temps que « la situation actuelle est différente de celle de l'été. Nous sommes en plein rentrée politique et sociale. Le pays vit sous une forte pression de beaucoup de problèmes. Les assassinats politiques ont compliqué dangereusement les choses. La feuille de route du quartet bénéficie d'une grande adhésion. Elle bénéficie d'une crédibilité certaine parce qu'elle représente une solution médiane. L'UGTT, l'UTICA, la LTDH et le Conseil de l'Ordre des Avocats veulent sauver la Tunisie. Les déclarations lors de la dernière conférence de presse d'Ennahdha ne rassurent pas. J'espère que tous les efforts iront vers une solution raisonnable et que les sages du pays sauveront la mise. Les organisations du quartet ont une position claire. Elles ne sont favorables ni à la désobéissance civile, ni à la violence». Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakattol, déplore la surenchère d'un côté comme de l'autre. Il affirme au Temps que « tout le monde est en train de pratiquer une politique contre-productive. On se contente d'analyser les textes et les déclarations. La politique est devenue une étude de texte, alors qu'elle est une action sur le terrain et de la négociation. Un homme politique doit avoir le sens du compromis. Où sont passés le pragmatisme et la politique des étapes. Des apprentis politiques mènent le pays. Personne n'est conscient de la gravité de la situation économique. Le temps économique est plus rapide que le temps politique. Chaque partie campe sur ses positions. Les marches pacifiques sont improductives. Elles seront suivies par des contre-marches. Ce n'est pas en mobilisant la rue que la Tunisie va gagner. Pourquoi les uns et les autres refusent le contact direct et se jugent de loin ?». Imed Hammami, membre du Conseil de la Choura d'Ennahdha n'a pas caché son étonnement pour le contenu de la conférence de presse du quartet. Il précise au Temps : « une nuit avant, toutes les parties étaient d'accord sur l'initiative, comme Al-Joumhouri, Ettakatol, le Congrès pour la République…Ils sont représentés par 190 membres au sein de la Constituante. Le quartet aurait dû déployer davantage d'efforts pour convaincre le Front de Salut. Nous avons été surpris par la fixation sur Ennahdha pour dire que sa position est inacceptable. Nous avons constaté plus de compréhension des composantes du quartet. Nous espérons, arriver au dialogue. Tout est discutable. Pour l'intérêt du pays, nous sommes favorables à un Gouvernement de compétences, présidé par une personnalité nationale, après la finalisation du processus constitutionnel. Notre proposition est, elle aussi, soumise au dialogue. Nous ne mettons pas en cause l'honnêteté du secrétaire général de l'UGTT. D'autres membres de la direction de la centrale syndicale appellent au déclenchement des mouvements sociaux. L'UGTT doit garder son rôle de parrain du dialogue. Elle joue un rôle historique national. La solution est dans la réunion par le quartet de tous les présidents de partis politiques. Avec quelques retouches, tous les problèmes seront résolus. Le quartet en est conscient. L'échec n'est pas seulement celui des partis politiques, il est aussi le leur ». Dr. Faouzi Charfi, dirigeant à Al-Massar, salue l'initiative du quartet pour essayer de sortir le pays de la crise. Il déclare au Temps : « le quartet a désigné la partie responsable du blocage. L'UGTT a toujours dit qu'elle joue un rôle de facilitateur. Elle est aussi une partie prenante. Elle se donne la liberté et le droit d'user des moyens qu'elle sent utiles pour amener les autres à accepter son initiative, acceptée pratiquement par tous, sauf Ennahdha. L'UGTT va utiliser les moyens pacifiques et civils pour défendre les intérêts de ses adhérents. Al-Massar appuie l'UGTT. Les manifestations vont-elles avoir leurs effets aujourd'hui ? Il est possible que les modalités pratiques changent pour conduire le Gouvernement à la démission, sans esprit de putsch. Les manifestations peuvent ne pas donner de résultats. Il y aura d'autres modalités d'action dans le cadre de la légalité ».