• Le ministre absout « son » système de santé… Le ministre de la Santé publique, Abdellatif Mekki, a mis en garde, hier, contre les retombées négatives de la détérioration de la situation environnementale en Tunisie sur l'aggravation des facteurs de risques sanitaires, soulignant que la santé n'est pas tributaire des prestations médicales fournies par les médecins et les établissements hospitaliers mais qu'elle est, étroitement, liée à l'état de l'environnement, au cadre de vie, aux habitudes alimentaires, à la qualité des produits alimentaires en vente au public et à divers autres éléments du genre, appelés «déterminants sociaux de la santé ». Une conférence de presse a été donnée, ce jeudi 26 septembre, au siège du ministère de la Santé publique, sous la présidence du ministre, Abdellatif Mekki, sur la situation épidémiologique en Tunisie . Les responsables de ce département ont attiré l'attention, à cette occasion, sur l'augmentation de certaines maladies liées à l'environnement. 220 cas de chiens enragés Ainsi, l'accumulation des ordures dans tous les endroits a occasionné la prolifération des rongeurs, des moustiques, des chiens et chats errants, favorisant , dans le sillage, la recrudescence des maladies liées à l'environnement , dont en particulier la rage parmi les chiens et les animaux , ainsi que sa transmission à l'homme. Deux personnes ont trouvé la mort, à cause de la rage, dont l'un est un enfant de 7 ans mordu par un chien enragé à l'œil et l'autre un homme mordu par une brebis malade, à la main. En 2012, on a enregistré 3 décès occasionnés par la rage. Le directeur général des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture, Hichem Bouzghya, a fait état d'une augmentation des cas d'animaux contaminés par la rage, en 2013, par rapport à 2012. Ainsi, 220 cas de chiens enragés ont été enregistrés en 2013, sur 550 cas suspectés, contre 170 cas avérés contre 350 cas suspectés en 2012. Le meilleur remède reste la vaccination des chiens, mais l'abondance des chiens errants rend la généralisation de l'opération difficile. Cette année, entre 30 mille et 40 mille chiens ont été vaccinés. Toutefois, ce que les responsables n'ont pas évoqué dans cette rencontre de presse est que l'habitude d'élever les chiens a pris des proportions grandes dans les milieux urbains, et plus particulièrement de la part de personnes jeunes et moins jeunes, issus de milieux populaires à faibles revenus et de niveau d'instruction limitée. A cet égard, le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, a mis l'accent sur la nécessité de prendre en compte la dimension environnementale dans les diverses politiques et stratégies sectorielles, et dans les différents programmes d'action. Il a cité l'exemple de la Grande Bretagne où des directives administratives ont été prises pour réduire les quantités de sel dans les produits alimentaires comme le pain, et ce pour contribuer à la lutte contre les maladies liées à une grande consommation de sel. 369 cas d'hépatite A En 2013 également, les services sanitaires ont enregistré 30 cas d'hépatite A transmise par des eaux impropres à la consommation à des enfants habitant la localité de Ouled Aissaoui, relevant de la délégation de Haffouz, dans le gouvernorat de Kairouan. La cause en a été des carences au niveau de la maintenance du réseau local d'adduction d'eaux. Mais, au total, quelque 369 cas d'hépatite A ont été enregistrés, dans le pays, notamment dans le Sud, le Centre et les zones rurales à cause de la mauvaise qualité des eaux à boire et du mauvais état des canaux d'évacuation des eaux usées. En 2012, les services sanitaires ont enregistré 199 cas, seulememnt. Tout en étant bénigne par rapport à l'hépatite B et l'hépatite C, l'hépatite A peut connaitre des complications et réclamer une greffe du foie. Il y a aussi les dangers sanitaires liés aux mycotoxines, aux moisissures. 4 cas de paludisme ont été, également, enregistrés, en 2013. Les responsables ont parlé de cas isolés de transmission transitoire circonscrite. S'agissant de l'hépatite C qui est grave, elle se transmet principalement en milieu médical, à l'occasion de la manipulation de sang contaminé, car elle se transmet par le sang. Deux cas suspects , enregistrés, ces derniers jours, à l'hôpital cancérologique « Salah Azaiez » à Tunis, font l'objet d'un suivi et d'analyses supplémentaires pour s'en assurer. Amélioration Cependant, le ministre a affirmé que la situation épidémiologique en Tunisie reste stable, et qu'il y a eu même une amélioration de certains indicateurs, appelant à une prise de conscience générale et à une conjugaison des efforts de tous les intéressés, citoyens, municipalités et autres intervenants afin de remédier au plus vite à la détérioration de la situation environnementale dont les incidences négatives sur la santé alourdissent énormément l'ardoise payée par l'Etat afin de fournir des prestations médicales de qualité aux citoyens. Ainsi, entre 2012 et 2013, le parc des ambulances a été renforcé par plus de 500 nouvelles ambulances, tandis que près de 300 nouveaux médecins spécialistes ont été recrutés pour renforcer les effectifs de médecins publics, outre 70 pharmaciens et 45 inspecteurs de la santé qui viendront s'ajouter aux 40 inspecteurs en service. Salah BEN HAMADI Un dossier de malversation explosif
Au cours de la conférence de presse, le ministre de la Santé publique a fait état d'un dossier de malversation explosif relatif à un marché public intéressant la mise en place du système d'information de la santé. La cellule de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption installée au ministère de la Santé qui l'a examiné a conclu à l'existence d'une présomption de malversation et il sera transmis à la justice. Les parties impliquées sont, entre autres, la présidence de la république, sous l'ancien régime. La malversation consiste dans des abus liés au trafic d'influence et dépassement des attributions du haut comité des marchés publics. Le ministre a indiqué que le dossier pourrait connaitre des développements explosifs, car une des personnes impliquées est une figure politique qui était membre du RCD dissous, sous l'ancien régime, avant de rejoindre les rangs de l'opposition, après la révolution. Cette personnalité fait toujours partie de l'opposition. Affaire de l'Office national de la famille et de la population Le ministre de la Santé publique a évoqué aussi, dans la même conférence de presse de jeudi 26 septembre, la situation prévalant dans l'Office national de la famille et de la population, à cause des initiatives jugées « irrégulières » du secrétaire général du syndicat de l'Office et qui est de surcroit le directeur régional de l'Office à Ben Arous. L'Office fait l'objet d'une procédure d'inspection administrative, entamée fin 2010, et reprise, ces derniers temps, car , a dit le ministre, malgré les grands services rendus par cet Office, sa gestion n'avait pas été très bonne, car il a été dirigé par le même directeur général pendant 18 ans. Le ministère a voulu attendre les résultats de l'inspection, avant de se prononcer, mais le syndicat accuse le directeur général actuel, se plaint et ne veut pas attendre les résultats de l'inspection, comme il ressort des déclarations faites par son secrétaire général, lors d'un récent point de presse, a dit le ministre. Selon le ministre, le syndicat a appelé le personnel de l'Office à deux grèves qui n'ont pas été suivies, mais à l'occasion de la deuxième grève, le secrétaire général du syndicat et qui est en même temps le directeur régional de l'Office, à Ben Arous, a fermé les centres de l'Office à clef, à Ben Arous, contraignant , ainsi, les employés à ne pas travailler. Le ministre a dénoncé cette pratique contraire à la loi, car empêcher les gens de travailler est un délit puni par des peines de prison, a-t-il dit , affirmant que le ministère va prendre les mesures appropriées. Il a noté que le secrétaire général du syndicat en question était le trésorier de la cellule du RCD dissous, de l'Office, sous l'ancien régime. Le ministre a ajouté que des carences ont été enregistrées également à l'encontre de quelques directeurs, notant qu'il a été constaté que des marchés publics remontant à 2011 n'ont pas été, jusqu'à présent, exécutés.