Les « faucons » sont à nouveau aux manœuvres, chassez le naturel il revient au galop ! Du Conseil de la Choura où trône l'aile dure du mouvement islamiste, à l' ANC où l'élection à la sauvette du 23 octobre 2011 a installé à l'hémicycle du Bardo une majorité de blocage systématique de toutes les tentatives de réconciliation et de consensus national, la Tunisie, son peuple de la liberté et son peuple des travailleurs, sont de plus en plus pris en otages par le refus des règles élémentaires de l'alternance démocratique. De plus en plus, le peuple est soumis à la logique du « j'y suis… j'y reste » de tous les régimes précédents. Alors, la Révolution que tout le monde revendique est en passe de ressembler de plus en plus, à un coup d'épée dans l'eau, parce que les acteurs politiques ne veulent pas s'adapter au processus démocratique classique, celui édifié par l'Occident après trois grandes révolutions : l'Anglaise, en 1689, l'Américaine en 1776 et la Française en 1789. Les valeurs diffusées par deux siècles des lumières en Occident, ne sont pas encore perçues comme obligatoires par les classes dirigeantes des pays arabes et musulmans. A peine plébiscités au pouvoir, que ce soit par une élection jamais encore répondant aux normes universelles de la démocratie classique, ou par un coup d'Etat civil ou militaire, les détenteurs des magistratures de l'Etat, renvoient aux musées des archives, toutes leurs promesses d'édifier l'Etat démocratique, « propriété » des citoyens et entament leur œuvre « d'appropriation » de ce même Etat, en contrôlant tous les attributs de la souveraineté, la police, l'armée, la justice et bien sûr les médias. Le Printemps arabe siège de tous les espoirs a fini par rompre devant l'égoïsme et l'égocentrisme des dirigeants, les uns emportés par une fanatisation zélée de la religion, les autres par manque de maturité et de sens de la responsabilité, relevant du pur infantilisme politique et démagogique. Pourtant, ce pays béni de Dieu, baigné par 1400 km de côtes, avec un climat unique, de l'eau à volonté, où le Sahara au Sud vit en harmonie avec les neiges de l'extrême nord dispose des valeurs humaines les plus paisibles et les plus tolérantes du monde musulman. Si on n'avait pas manipulé les préceptes islamiques dans le sens de la fanatisation, la Nahdha aurait pu être un gouvernement jouissant d'une bonne acceptabilité. Malheureusement, ses cadres illuminés de l'aile dure, ont tout fait pour réduire l'islam politique à un Islam non pas de la liberté mais de la soumission. Alors que le dialogue national était l'occasion rêvée pour réparer les brisures du Chaâmbi du terrorisme emballé sur tout le territoire tunisien du Nord au Sud, des assassinats politiques aveugles, ces mêmes acteurs font tout pour casser la machine de la réconciliation nationale. Je dirai même qu'ils poussent le peuple au désespoir par leur arrogance affligeante et celle de leurs alliés, satellites insignifiants, et surdimensionnés, Rached Ghannouchi apparaît de plus en plus comme un leader mis en minorité alors que beaucoup d'élites redoutaient son dogmatisme religieux proche des frères musulmans égyptiens. Il confirme son grand sens de la responsabilité et sa bonne lecture de ce qui se passe en Egypte où le « coup d'Etat » du général Abdelfattah Sissi est perçu par une grande partie d e la population égyptienne comme une seconde « libération » après celle de la victoire du 6 octobre sur Israël. En cherchant un contrôle total de la vie publique par une certaine interprétation erronée de l'Islam, les Frères musulmans ont non seulement perdu le pouvoir, mais veulent engager par dépit, l'Egypte vers une guerre civile et de religion pour les décades à venir. Résultat attendu : la désolation syrienne où le pays est en ruine. Est-cela le projet de nos « frères » tunisiens radicaux ! Ce serait une tragédie irréparable pour la nation. La Nahdha doit s'unir autour de M. Ghannouchi, son leader et s'armer d'un grand sens de la responsabilité. Pousser les Tunisiens au désespoir, c'est la voie royale vers une confrontation annoncée et redoutée par tous et dont les conséquences risquent d'être apocalyptiques. Regardez la Syrie n'a plus d'Etat ou presque et la Libye n'en est pas loin. S'entêter à reporter les élections aux calendes grecques c'est tout simplement malsain et irresponsable. Messieurs de l'ANC et de la Choura, ne prenez pas ce pays indéfiniment en otage ! Il a le droit à la vie et à la stabilité !