• Sit-in d'une heure, aujourd'hui, des professeurs dans les lycées et collèges • 100 mille élèves qui ont quitté l'école En réponse aux déclarations faites vendredi soir 11 octobre par le ministre de l'éducation, Salem Labyadh, à la chaine de télévision « Hannibal », dans le cadre de l'émission « dossier de l'heure », le syndicat général de l'enseignement secondaire a donné, hier, au siège de l'Union générale tunisienne du travail, à Tunis, une conférence de presse au cours de laquelle le secrétaire général du syndicat, Lassaad Yakoubi, a accusé le ministre « de chercher à tromper l'opinion publique et à incriminer les professeurs et les enseignants, en leur faisant assumer la responsabilité des carences ayant entaché la rentrée scolaire 2013/2014, à cause de leurs absences nombreuses et répétées et qui ont dépassé 5 mille selon le ministre à l'ouverture de la nouvelle année scolaire, tandis que 3000 absences avaient été enregistrées dans les rangs des professeurs chargés de surveiller et de corriger les épreuves du baccalauréat, en juin dernier. Le même syndicat avait publié une longue déclaration en guise de réponse aux déclarations du ministre le 12 octobre et dont des copies ont été remises aux journalistes, à cette occasion. Couverture Lassaad Yakoubi a vu dans les déclarations du ministre « une dénaturation de la vérité et une manière de cacher l'échec du ministère dans l'aménagement des conditions propices permettant d'assurer le bon déroulement de la rentrée scolaire. Il s'est dit étonné de voir le ministre insister sur le volet relatif aux absences et accuser les enseignants de manquement au devoir, alors que les rapports entre le ministère et le syndicat sont détendus. Il a ajouté qu'au lieu de perdre ses efforts dans le recensement des absences des enseignants, les services du ministère auraient mieux fait de se consacrer à la solution des vrais problèmes dont souffre le secteur de l'éducation, comme la maintenance des établissements éducatifs menaçant ruines, ou encore l'amélioration des conditions sanitaires dans les écoles et les lycées afin d'éviter l'apparition de maladies telles que la rage ou la gale. Il a indiqué que 40 cas de gale ont été enregistrés dans des établissements éducatifs à Béja, Kasserine et Bizerte, au moment où les autorités ont cherché à minimiser le phénomène. L'attention des services du ministère auraient du être portée à la souffrance qu'endurent les élèves et les enseignants dans les régions éloignées et appauvries, et qui ne trouvent même pas de l'eau propre et impropre à la consommation, a-t-il dit ajoutant que le ministre aurait dû signaler les causes réelles des absences qui sont principalement les retards mis dans les nominations des nouveaux enseignants, outre les cas sociaux et les maladies, ou encore la nécessité de prendre un certain temps pour pouvoir s'installer dans le nouveau poste. Il a estimé à 35 mille journées de cours perdus les pertes occasionnées par ces carences administratives. Lassaad Yakoubi a critiqué, aussi , le ministre pour avoir oublié les agressions dont avaient été victimes les professeurs chargés de surveiller et de corriger les épreuves du baccalauréat, notant que 600 agressions ont été enregistrées, à cette occasion, à cause de la situation d'insécurité générale, et des déviations comportementales, parallèlement aux velléités de fraude dans le baccalauréat par l'utilisation des portables et des nouvelles technologies de communication, de sorte que la surveillance de cet examen national est devenue une véritable épreuve pour les professeurs Le dossier de la malversation Le secrétaire général du syndicat du secondaire s'est inscrit en faux contre les déclarations du ministre relatives à sa lutte contre la malversation dans le ministère de l'éducation, affirmant que la malversation et la corruption rongent le système éducatif. Il a donné de nombreux exemples, s'arrêtant en particulier au volet relatif aux nominations directes des bénéficiaires de l'amnistie générale. Il a indiqué que toutes les nominations dans ce cadre sont effectuées sur instructions du chef du gouvernement, niant le respect des critères de transparence et de compétence. Les nominations se font sur la base du favoritisme et des relations familiales. Ainsi, a-t-il dit, sur 10 inspecteurs administratifs et financiers nouvellement recrutés, 4 sont originaires de Médenine, région natale du ministre de l'éducation et un autre, parent du chef du gouvernement. La liste des admis au concours de recrutement de conseillers à l'orientation scolaire et universitaire publiée dernièrement comporte le frère du chef de cabinet du ministre. Les bénéficiaires de l'amnistie recrutés par voie de nominations directes ont le droit de choisir le lieu de travail, comme Louirimi Laajimi, dirigeant d'Ennahdha, nommé professeur à Ben Arous. Il a réclamé l'ouverture du dossier de l'amnistie générale et d'une enquête à ce sujet, ainsi que la publication de la liste des cadres recrutés à ce titre. Lassaad Yakoubi a estimé que la loi relative à l'amnistie générale constitue une opération de mainmise déguisée par le parti au pouvoir sur les fonctions dans les administrations publiques et les rouages de l'Etat. L'endoctrinement des élèves Sur un autre plan, le secrétaire général du syndicat général de l'enseignement secondaire a rejeté sur le ministère de l'éducation et sur le gouvernement la responsabilité du sang des jeunes tunisiens morts en Syrie, en combattant au nom du Jihad, à cause du laisser aller face à la politisation des espaces éducatifs et des tentes d'endoctrinement religieux qui y étaient installées pour inciter les élèves à aller combattre en Syrie au nom du Jihad .Il a indiqué qu'un bénéficiaire de l'amnistie générale a été nommé surveillant puis il est parti combattre en Syrie au nom du Jihad, et entre temps, il a été nommé, cette année, professeur d'enseignement secondaire alors qu'il n'existe aucune trace de lui jusqu'à présent. Lassaad Yakoubi a signalé, en outre, l'aggravation du phénomène d'interruption précoce des études qui a touché plus de 100 mille élèves, cette année, parallèlement à la réduction du budget consacré au ministère de l'éducation, passé à 7pc du budget général de l'Etat ,contre 25 pc, dans le passé . Sur un autre plan, le syndicat a appelé les professeurs et les enseignants des écoles préparatoires et lycées secondaires dans le pays à un arrêt de travail d'une heure, vendredi 18 octobre 2013, de 10 heures à 11 heures, à titre de contestation.