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Professionnels de l'édition snobés, calendrier désastreux, démagogie, affairisme et copinage !
Entretien: Foire du Livre 2013 : le «coup de gueule» de Moncef Ben Ayed (éditeur tunisien)
Publié dans Le Temps le 29 - 10 - 2013

L'accueil que nous réserva l'éditeur Moncef Ben Ayèd était chaleureux ; mais l'homme paraîssait dès le premier abord dépité, amer, aigri même ! Pour cause, lorsque samedi dernier, nous nous sommes rendus à son stand de la Foire du Livre, il rongeait encore son frein en raison du vol l'avant-veille de ses présentoirs et aussi à cause du mauvais emplacement que lui avait attribué le comité organisateur.
D'autre part, le stand qu'on a fini par lui octroyer après ses insistantes récriminations ne portait ni numéro ni enseigne officielle. Nous avons, en effet, mis du temps pour le retrouver, parce que tout simplement, il ne figurait pas sur le guide de la Foire, ou plutôt y était logé à une autre adresse. Nous comprîmes alors pourquoi Si Moncef nous détourna quelque peu du sujet pour lequel nous étions venus le voir, en l'occurrence les problèmes majeurs auxquels les éditeurs tunisiens sont actuellement confrontés. M. Ben Ayed ne tient pas les contretemps dont il pâtit à l'occasion de la 30ème Foire du Livre pour uniquement une atteinte à sa personne en tant qu'éditeur chevronné, mais à ses yeux, l'image du pays et la valeur du Livre en Tunisie en prennent également un coup dur ! Avant d'entrer avec lui dans tous ces détails et dans bien d'autres, présentons très brièvement notre invité du jour :
Moncef Ben Ayed est, comme il aime à le répéter, un mordu du livre. Après de nombreuses années passées dans le service public, au Ministère de la Culture plus précisément, il créa Atlas Editions, une modeste structure qu'il dirige depuis 1994. Cette année, il est parmi ceux qui ont publié le plus de nouveautés (13 titres). Il est plein d'idées quant à un meilleur rayonnement national et international de la Foire et en vue d'une promotion effective et durable du Livre tunisien. En même temps, il a plus d'un reproche et plus d'une réserve à adresser aux organisateurs de la Foire et au Ministère de tutelle.
Le Temps : Qu'est-ce qui, concrètement, vous déplaît dans la Foire de 2013?
Moncef Ben Ayèd : Beaucoup de choses en fait ! A commencer par la date de sa tenue : l'organiser au mois d'octobre est un choix complètement irrationnel. C'est une aberration, en effet, car cela coïncide avec tout ensemble le retour de vacances, la rentrée des classes, les retombées financières de l'Aïd el Kébir et les fins de budgets dans les institutions et les établissements virtuellement acheteurs. De plus, la session précède de quelques jours seulement la Foire du Livre à Alger. Ajoutez à tous ces facteurs défavorables, le climat d'insécurité et de peur qui règne dans le pays. Avec un calendrier aussi mal adapté, on ne doit pas s'attendre à un succès retentissant de notre manifestation annuelle. Passé 18 heures, le parc d'exposition est déserté. En ce qui me concerne, je n'ai vendu hier que pour 50 dinars. Or le stand m'a coûté la bagatelle de 2000 dinars, à raison de 100 dinars le mètre carré. L'édition de l'année dernière était certes programmée un peu plus tard, ce ne fut néanmoins pas une grande réussite au niveau de la rentabilité financière. D'ailleurs, j'ai mobilisé à l'occasion quelques uns de mes collègues pour exiger l'évaluation de la session passée et ce afin de nous fixer sur les erreurs et les lacunes et ainsi de les éviter en 2013. Il y eut juste une petite réunion au Ministère et pas du tout de véritable bilan. En tout cas, je suis le seul à exiger un audit externe de chaque édition de la Foire. A mon avis, cela manque de transparence ; en plus, les petits calculs politiques y prennent le dessus sur l'intérêt culturel. Je dénonce aussi le favoritisme et le copinage ambiants.
*Soyez plus clair, Si Moncef, nous connaissons parfaitement l'actuel Président de la session, M. Kameleddine Gaha et gardons les meilleures impressions de l'homme et de son intégrité.
-M. Gaha, l'homme, je l'estime énormément moi-même. Mais son bilan à la tête de la Foire du Livre me semble avoir terni son image. L'année dernière, et alors qu'il était au même poste, le Ministère dépêcha ici une équipe d'inspecteurs en plein milieu de la foire. A sa place, j'aurais tout de suite présenté ma démission après un tel affront. Et comme si cela ne lui suffisait pas, le voilà cette année qui se laisse « assister » par quatre directeurs à la fois !!! Pourquoi autant de responsables payés sur mon dos et sur celui des autres éditeurs exposants ?
*Peut-être êtes vous aigri en ce moment à cause de ce qui vous est arrivé les deux derniers jours. Vos attaques découlent sans doute de ces rancoeurs passagères !
-Mais non ! C'est un éditeur chevronné qui vous parle. Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace. Les coups bas qui me visent ne datent pas d'aujourd'hui. Et je ne tiens pas pour des incidents fortuits le vol de mes présentoirs, ni le mauvais emplacement qu'on m'a réservé, ni l' « omission » de numéro sur mon enseigne. Assurément, je dérange et l'on se venge de moi de diverses manières. Avec d'autres gens, j'aurais reçu des galons, on m'aurait désigné comme invité d'honneur de la Foire. On aurait tiré le meilleur profit de ma longue expérience et de mes nombreux contacts à l'étranger. Ils parlent cette année de cibler le marché africain ! Baratin, démagogie ! L'autre jour à l'occasion d'une conférence sur le sujet, il n'y avait parmi l'assistance que trois Tunisiens sur douze Sénégalais ! Ça résume tout à mon avis. Si l'on avait fait appel à ma longue expérience avec Dakar, on n'en serait pas arrivé là. Et c'est ce que je déplore et dénonce vigoureusement : on ne prête pas l'oreille aux gens du métier, aux professionnels les plus rodés ! Au lieu de cela, on déroule le tapis rouge devant d'illustres inconnus ou bien devant des invités dont la Foire ne tire aucun bénéfice financier, ni culturel !!!
*Vous avez quand même un syndicat, l'Union des Editeurs Tunisiens, auquel vous pouvez faire part de vos doléances.
-L'ancien comme l'actuel Présidents de l'Union ont plutôt subi le diktat des différents comités organisateurs de la Foire. Vous croyez qu'ils ignorent ce qui se passe dans les coulisses. Personnellement, j'ai dû batailler presque seul pour avoir le stand que vous voyez. Le modeste soutien de M. Mâalej (N.D.L.R. : l'actuel Président de l'Union des Editeurs Tunisiens) déçut quelque peu mes attentes. En tout cas, M. Mâalej a trop de responsabilités à la fois pour trouver du temps à la satisfaction de mes doléances. Sachez par ailleurs que le favoritisme profite souvent à ceux qui prétendent défendre nos intérêts d'éditeurs. A propos de copinage, je ne fabule pas : ici et cette année même, comme lors des sessions précédentes d'ailleurs, on attribue les meilleurs stands à des exposants qui ne paient pas leur participation. Les traitements de faveur profitent aussi à des maisons anonymes, idem pour les invités des programmes d'animation en marge de la Foire.
*Soyons positifs, Si Moncef ! Que proposez-vous pour que le tableau soit moins sombre ?
-Comme je vous l'ai dit : il faut se mettre à l'écoute des professionnels. Nous avons déjà proposé de sauter une session afin de revenir à la date initiale du mois d'avril. Et s'il faut coûte que coûte organiser une Foire du Livre en attendant, contentons nous d'un Salon des nouveautés tunisiennes, c'est plus bénéfique pour la promotion du produit local ! Avec l'argent qu'on épargnerait (le Ministère de la Culture participe à hauteur de 100.000 dinars), l'Etat encouragerait plus efficacement les éditeurs en acquérant une part de leurs publications. L'année d'après, on reviendrait au calendrier habituel (au mois d'avril) qui est de loin plus rentable en termes financiers. Au sujet des critères d'attribution des stands, j'en suggère trois des plus clairs et des plus équitables : d'abord, la date de la demande présentée par l'exposant, ensuite, le nombre de titres nouveaux publiés par le demandeur, enfin, donner la priorité aux éditeurs tunisiens.
Pour ce qui est des bilans, chaque foire doit en dresser le sien et de la manière la plus transparente. Mettons fin à l'affairisme et au clientélisme. C'est désastreux pour l'image de marque de nos professionnels du livre et de la culture.
*Il paraît que, dans le domaine de la diffusion, la situation n'est pas meilleure ! C'est même pire, à ce qu'on raconte !
-Tout à fait. Avant, l'Etat avait ses maisons de distribution. Aujourd'hui, il s'est presque entièrement déchargé du secteur. Peut-on compter sur l'investissement privé alors que ce commerce n'est pas rentable pour la raison première que vous connaissez, à savoir que le lectorat tunisien s'est considérablement réduit. D'autre part, il n'existe pas de répertoire géographique permettant aux distributeurs de connaître les libraires avec qui traiter dans les régions et les villes de l'intérieur. Ces derniers tiennent leurs commerces pour des durées très aléatoires, ce qui rend difficile les échéances de paiement et toutes les opérations de livraison ou de comptes. Nous proposons à l'Etat d'accorder des micro crédits de 10.000 dinars aux personnes intéressées par l'ouverture d'une librairie ; à la condition que le commerce du bénéficiaire garde la même vocation toute l'année et que celui-ci recrute un diplômé chômeur pour l'aider. Sur cinq ans, un tel investissement économique et social ne coûterait à l'Etat que 5 milliards et permettrait la création de 1000 emplois !!! Puissent donc les décideurs entendre raison et se défaire des intérêts mesquins qui ne servent ni le livre ni la Tunisie !!!
Entretien conduit par : Badreddine BEN HENDA


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