Deux voix discordantes ? Deux voix que tout unit, au final, dans les strates, pour ce qu'il s'agit de la passion d'écrire, et que tout sépare aussi, lorsqu'il s'agira d'examiner à la loupe, ce qui motive l'un et ce qui pousse l'autre à poursuivre son chemin, sur des sentiers loin d'être balisés, forçat de la littérature qui s'est juré d'avoir sa peau, jusqu'à la dernière lettre…. Sand et Flaubert, Flaubert et Sand, le romantisme à fleur de cœur et l'œuvre au marteau, avec ses accents baudelairiens, jusqu'à épuisement du verbe et au milieu, la correspondance comme une bouée lancée, tour à tour, d'un bateau qui a peur de prendre l'eau à chaque traversée, à une autre embarcation qui lui fait face et qui appréhende à son tour, le déchaînement de la tempête. Comme un jet ? L'auteur de « Lélia » et de « Madame Bovary », ne sont pas les derniers de la classe dans un panthéon littéraire en perpétuelle (re) définition, mais par-delà leur « hiatus » générationnel, c'est eux-mêmes qui cherchent à se (re) définir également, en s'adressant à l'autre, qui est l'autre figure du « soi à soi », avec la sérénité du soir qui tombe sur le secret d'une page blanche, qui n'aura pas à rougir de ses hésitations. Je te fais une confidence en choisissant le tempo adéquat pour lui donner plus de chance de faire mouche. A toi d'attraper la balle au vol, et de ne la renvoyer, de préférence, pas à la figure, car il n'importe de porter ma voix au loin. Vers la postérité de préférence. Et je puis ne pas être d'accord avec ta vision des choses si ta musique ne s'accorde pas avec mon violon, mais je serais toujours à l'écoute des bruissements du monde, dont tu me dépeins la couleur, parce que, comme toi, écrire me blesse, et que ça ne sera pas à fonds perdu… « Flaubert et Sand, le roman d'une correspondance », signé Monia Mouakhar Kallel (Centre de publication universitaire – CUP – et Jugurtha Editions) brasse, en substance, les remous d'une époque – littéraire – féconde, où les liens épistoliers cultivés entre deux auteurs, qui auraient pu ne pas se croiser, et ne jamais prendre la plume, l'un comme l'autre, pour enrichir mutuellement leur bibliothèque intérieure, sur fonds de déchirements, esthético-littéraires, et pointe du doigt, et pas qu'en filigrane, le souci essentiel inhérent à tout écrivain qui se respecte : la quête inlassable, du style. Derrière l'individuel et le général, en toile de fond, la grande histoire, et des fragments de vie…