Hier, la HAICA a organisé un atelier autour du cadre légal de la couverture médiatique des élections prochaines, et ce avec la participation de l'ISIE, des représentants des différents syndicats et organisations professionnels et des associations de la société civile concernés par la liberté d'expression. C'était en théorie, mais en pratique, il en était autrement, étant donné que plusieurs des invités, notamment, le SNJT et le syndicat des patrons de l'audiovisuel, n'étaient pas là, et pour cause. Vraisemblablement, leur absence ne serait pas fortuite, elle traduirait leur mécontentement à propos des cahiers des charges établis par la HAICA. Notions imprécises Donc, les associations de la société civile, les commissions professionnelles et les experts, œuvrant dans le secteur médiatique, qui n'ont pas décliné l'invitation, ont été convoqués en vue de proposer leurs points de vue autour des textes réglementaires complémentaires et des recommandations qui sont susceptibles d'éclairer les codes d'autorégulation relatifs à la couverture médiatique. L'atelier visait à achever le cadre juridique régissant la couverture médiatique de ces élections après la parution du statut se rapportant à ces dernières et au référendum en le 26 mai dernier. Ce texte de loi a énoncé la nécessité de coordination entre la HAICA et l'ISIE dans ce domaine. En d'autres termes, parallèlement aux textes spécifiques, propres à l'une et l'autre, il en a conçu d'autres qui leur sont communs, d'où l'obligation de constituer une commission mixte. Cet atelier était une opportunité pour éclaircir le champ d'action de chacune de ces deux instances. Et si le nouveau code électoral et les décrets-lois 115 et 116 constituent un point d'appui pour le cadre juridique pour cette couverture médiatique, ces dernières sont tenues d'émettre des ordonnances et des recommandations permettant aux médias de connaître leurs droits et leurs devoirs envers les citoyens et les électeurs et procurant aux journalistes la possibilité de travailler conformément aux paramètres professionnels de haute qualité. L'avantage du nouveau code électoral, selon, Rachida Enneifer, membre de la HAICA, c'est qu'il leur accorde assez de temps pour préciser ce cadre juridique. La nouveauté consiste dans l'élargissement de la période électorale. Dorénavant, le moment de supervision des deux instances ne se limite pas aux vingt deux jours de campagne mais commence bien avant en s'étalant sur les trois mois qui précèdent et qu'elles ont baptisés « période de vigilance ». La conférencière a précisé que son instance a défendu le principe des sanctions administratives, mais que leur démarche s'est heurtée au refus catégorique de l'ANC, en ajoutant que des lobbys se sont opposés aux suggestions qu'ils ont formulées à propos de la loi électorale. Elle a insisté sur le renforcement du rôle de l'autorégulation en soutenant que pour que l'opération de supervision soit réussie, il faudrait que celle-ci soit à hauteur de 70% et que la régulation soit de l'ordre de 30%, faute de quoi, il y aurait échec. Mais pour ce faire, les médias sont tenus d'observer la déontologie du métier qui repo se sur un ensemble de principes dont les définitions ne sont pas toujours nettes, comme l'a précisé Mohsen Riahi, l'autre membre de la HAICA. Stérilité des recommandations En effet, on voit mal comment délimiter le champ de l'objectivité, ni celui d'impartialité, ni encore celui d'équité. A ce propos, l'intervenant a fait savoir qu'il serait plus judicieux de parler d'égalité pondérée, en raison du fait qu'une égalité parfaite, si elle existe, empièterait sur les droits des uns et privilégierait, injustement, d'autres, comme l'a précisé Chafik Sarsar, le président de l'ISIE, en répondant à une question posée par Le Temps. Il serait absurde que de placer sur un pied d'égalité des partis ou des candidats qui n'auraient pas la même envergure, ni le même rayonnement. Prétendre le contraire serait une absurdité. Ce serait préjudiciable pour les partis et les hommes politiques ayant toute une histoire militante derrière eux que de les égaler avec de nouveaux venus qui veulent meubler la scène publique de la même manière que les premiers, d'autant plus que la majorité écrasante d'entre eux est occasionnelle, n'ayant aucune histoire, ni base sociale et qui apparaît à des moments électoraux pour disparaître tout à fait après. Un plateau de télévision n'inviterait pas sur son plateau quelqu'un d'inconnu, et il est de même pour une station de radio, qui n'offrirait son studio qu'à un homme politique notoire, aussi bien pour un journal, qui réserverait ses colonnes à des personnalités publiques. S'ils agiraient contrairement à ces règles basiques, ils porteraient atteinte à leurs intérêts particuliers, puisque les téléspectateurs et les auditeurs seraient obligés de zapper, et les lecteurs de bouder le journal, ce qui ferait chuter le taux d'audience et les ventes. En réalité, pendant cette période dite de vigilance, les instances de régulation ne pourraient pas sévir contre les fraudeurs, parce qu'elles ne disposent pas de réels moyens de dissuasion, et ce ne sont, certainement, pas leurs recommandations qui vont empêcher ces derniers de ne pas commettre des écarts de conduite, ni d'ailleurs, le code de conduite que devrait avoir chaque média. Ce n'est pas avec des vœux et cette bonne foi que l'on fait respecter la loi et que l'on prévient les dépassements. D'où la stérilité et le caractère idéaliste de ces recommandations, ce qui n'augure rien de bon pour les prochaines élections. On ne pourrait qu'être pessimiste à ce niveau surtout lorsqu'on se rappelle que l'argent politique coule à flots. La pyramide comprenant, au sommet, le code électoral et, à la base l'autorégulation et au milieu, dans l'ordre décroissant, les décrets-lois, 115 et 116, les décisions de l'ISIE et de la HAICA et les recommandations, ne pourrait fonctionner, effectivement, qu'à moitié, c'est-à-dire seulement avec les trois agents occupant le pinacle de cette pyramide.