Métropole culturelle et artistique, Montréal rivalise et tient tête à de grandes villes telles que Paris, Londres ou New York, en organisant plus d'une centaine de festivals à longueur d'année , sans parler des Salons et Galeries d'art qui pullulent partout dans les belles artères de la ville, au Vieux Montréal ou dans la rue Crescent, pour ne citer que ces lieux... C'est là où se joue l'avenir des artistes des quatre coins de la planète. En plus, exposer dans ces espaces, n'est pas chose aisée ni donné à tout le monde et pourtant, nombre de nos artistes plasticiens sans frontières ont eu le mérite de monter au mois de mai dernier à la Maison Parent Roback, (Vieux Montréal), une exposition qui a suscité l'intérêt des curieux et des amateurs d'art. Partout où on allait, galeristes et public ne cessaient de parler de l'événement, non sans engouement puisque c'était une première. C'est à Montréal aussi que nous avons appris qu'il existe une Ligue des artistes tunisiens, chapeautée par Ali Marzouki et qui réunit une vingtaine de membres actifs, dont Mouna Abrougui et Saousen Ouerghemmi, deux jeunes diplômées des Beaux Arts de Tunis. Notre rencontre avec quelques membres de la Ligue eut lieu à la Maison du Tunisien de Montréal, créée depuis 2000. Son directeur Bouthelja Bchini nous a bien expliqué qu'il s'agit d'un lieu de rassemblement des Tunisiens et particulièrement les étudiants qui y trouvent refuge et conseils. Selon ses dires, certains arrivent même à déprimer pour incompatibilité d'un climat rude surtout en hiver où la température pouvait atteindre les moins quarante degrés. Notre éclatant soleil semble manquer terriblement à nos compatriotes vivant à l'autre bout de la terre ; il suffisait de décrypter l'expression affichée sur leur visage pour tout comprendre. De galerie... en musée... Notre balade à travers les rues et boulevards de la ville nous a permis de visiter nombre de galeries en assistant aux vernissages d'artistes de renommée mondiale ; chez Pauline Bressan ou dans les galeries : Saint-Dizier, MX, ( sculptures et bronzes de l'artiste haïtien Anioclès Grégoire ); Michel Ange (exposition Transit d'Elyse Aussant) ; Maison Ischi ( Entre héritage et avant-garde ) ; Leonardo Di Vinci, Monument National ( Chroniques du regard de Azedine Mekbel) ; Hôtel Gault, (exposition de photos de Cynthia Copper « Tombouctou la mystérieuse ») , sans oublier les galeries d'art Inuit qui témoignent de la présence des Autochtones et des Inuits dans cette contrée. Et aussi, cette performance artistique et musicale vécue en compagnie de la plasticienne montréalaise et amie de la Tunisie, Louise Larose . On s'est évadé ce jour là, au rythme des coups de pinceau et de l'inspiration des artistes, sur les sonorités embrasées du fado, interprété au piano par Katy Pimentel Les richesses muséales de Montréal sont nombreuses car elles sont à la fois, mémoire du passé et reflet de la société d'aujourd'hui. Les musées auront donc tout fait pour nous séduire et nous inciter à y revenir. Un vernissage au musée Pointe-à Callière , cité d'archéologie et d'histoire propose une exposition qui fait rêver et voyager :Marco Polo ; le fabuleux voyage transporte les visiteurs au 13ème siècle, de Venise jusqu'en Chine, au cours d'un périple si étonnant et si exceptionnel qu'on l'évoque encore, près de sept siècles plus tard. Une visite au Musée d'Art Contemporain nous a permis de décortiquer dans une de ses collections, La question de l'abstraction. Cette exposition propose un réexamen de la quête qu'ont menée depuis le début des années 1940, les artistes de l'école de Montréal et dont la recherche a marqué les développements de l'esthétique contemporaine au Canada. On y trouve assemblées, 104 œuvres majeures réalisées par 56 artistes comptant parmi les principales figures du renouveau artistique dans cette partie du monde. Le centre d'histoire de Montréal que nous avons visité en compagnie de son directeur, Jean-François Leclerc, abrite dans un autre registre, une exposition intitulée : « Traces, lieux, mémoires » qui offre à voir un parcours audiovisuel permettant de comprendre le changement de la ville de Montréal, de la présence des Amérindiens jusqu'à aujourd'hui. Rachel Mwanza à la clôture de Vues d'Afrique Montréal ville mosaïque et multiculturelle, n'aurait pas eu cette identité enviable sans le travail remarquable de mise en valeur des productions cinématographiques et culturelles, accompli par l'équipe du festival Vues d'Afrique, qui vient de fêter cette année son trentième anniversaire. Ainsi, nous avons assisté à la clôture du festival , Le 3 mai, à l'ancien Cinéma ONF où a été projeté « Rachel, la star aux pieds nus », documentaire très émouvant d'Hélène Magny et de Pierre Migneault , sur la jeune actrice congolaise de « Rebelle » de Kim Nguyen, Rachel Mwanza, primée à Berlin en 2012. Rachel Mwanza qui était présente à la cérémonie, fut une enfant des rues de Kinshasa et endura toutes les misères du monde avant de devenir star. Son intervention où elle paraissait optimiste et confiante en l'avenir, était un émouvant hommage rendu aux enfants de la rue de son pays et à ceux de toute l'Afrique. Le festival du cinéma africain et créole aurait contribué à valoriser un Continent qui a été longtemps présenté sous des jours sombres ; cette Afrique que l'équipe de Gérard Le Chêne (président, directeur général international) présente sous de meilleurs auspices et fait connaitre au travers son cinéma, ses arts de la scène, ses arts visuels et sa littérature. Notre coup de cœur va enfin à trois grandes dames battantes et courageuses, d'un élan de générosité sans pareil, que nous avons rencontrées, Mariam Sy Diawara qui dirige la Maison de l'Afrique et deux grandes artistes plasticiennes installées à Montréal, Ufémia Rizk , d'origine palestino-jordanienne et Hamida Méhel, d'origine algérienne que nous saluons vivement !