L'Union pour la Tunisie (UPT), coalition électorale et politique, formée à l'origine pour faire contrepoids à une hégémonie outrancière et dominatrice de la Nahdha, équilibrer le paysage politique et assurer les conditions de l'alternance, a vécu ces derniers temps sous le choc de la décision du Conseil national de Nida Tounès de se présenter sous sa propre bannière aux prochaines élections. Les sondages ont fait leur effet. Des fissures ont commencé à lézarder l'édifice au grand dam de ses fondateurs attachés à l'Union. Cette situation a amené les autres composantes de l'Union pour la Tunisie à savoir Al-Massar dirigé par Samir Taïeb, son nouveau secrétaire général, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique (PTPD) conduit par Abderrazak Hammami et le Parti Socialiste (PS) dont le secrétaire général est Mohamed Kilani, à manifester leur étonnement et leur colère. Les enjeux sont tellement grands qu'il fallait temporiser pour méditer le temps qu'il faut. Lors de la dernière réunion des secrétaires généraux de ces trois partis, la première sans la participation de Nida Tounès, il fallait raisonner à tête reposée, mesurer et apprécier la décision de Nida Tounès de bouder ses alliés et de faire cavalier seul, aux prochaines élections. Est-ce le divorce ou des nuages passagers d'été ? Comment réagir à cette décision unilatérale de Nida Tounès ? Abderrazak Hammami précise au Temps, que cette réunion était consacrée à établir le bilan de l'Union pour la Tunisie. « Différentes approches ont été élaborées à la suite du changement de position de Nida Tounès qui veut limiter l'UPT à une alliance politique et non électorale contrairement à ce qui avait été convenu au départ. Certains estiment qu'il ne faut pas brusquer les choses et attendre la réunion de la haute instance de l'UPT pour voir plus clair. La haute instance suppose la présence de Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès. D'autres pensent qu'il ne sert à rien d'attendre et que la messe est dite . Une autre réunion devra avoir lieu la semaine prochaine pour décider de la réaction à prendre vis-à-vis de Nida Tounès. Mohamed Kilani confirme qu'il n'y a pas eu de position commune. Les discussions doivent s'approfondir la semaine prochaine. Il s'agit d'apprécier la position de Nida Tounès comme étant un retrait pur et simple de l'UPT ou s'il y a possibilité de retour à l'ancienne dynamique. « L'enjeu est très important. Il s'agit pour la famille démocratique de parvenir, à faire passer aux prochaines élections législatives un parti en première position pour qu'il propose le nom du futur chef de Gouvernement. Nous voulons être positifs pour jouer notre rôle de protecteurs de la République. Il faut défendre les fondements de la République et ses institutions. Ceci nécessite que les Démocrates soient dans le prochain gouvernement afin qu'ils puissent être agissants. Il ne s'agit pas pour eux de camper dans l'opposition. Au cas où l'ancienne majorité revient au pouvoir, il faudra faire ses adieux à la République », prévient dans une déclaration au Temps Mohamed Kilani. Il veut rediscuter avec Nida Tounès pour la ramener au travail en équipe. La semaine prochaine, les choses seront tranchées dans un sens ou un autre. Si un terrain d'entente est trouvé avec Nida Tounès, tout reprendra normalement, sinon d'autres solutions sont à entrevoir. Les trois partis attachés à l'UPT essaieront chacun de son côté de renouer contact avec Nida Tounès avec l'espoir d'arriver à une solution. En même temps les regards se tournent vers le Front populaire pour engager un dialogue avec ses composantes. A l'ouverture du congrès du Parti des Travailleurs dont les travaux se poursuivent encore, Mohamed Kilani avait adressé un appel direct au Front populaire pour que les démocrates du pays assument leurs responsabilités historiques. Le danger d'une autre débâcle électorale devient menaçant. « Espérons que les débats au sein du Parti des Travailleurs, privilégient l'unité des démocrates », dira notre interlocuteur. Il n'en est pas sûr.