Le Parti des Travailleurs a affirmé, dans un communiqué publié le week-end dernier à l'issue de son quatrième congrès, son attachement au Front Populaire commecadre organisationnel et politique pour la réalisation des objectifs de la révolution et la participation aux prochaines élections. La formation fondée le 3 janvier 1986 sous le nom de Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) avant d'être rebaptisé Parti des Travailleurs en juillet 2012 a également exprimé son soutien inconditionnel à l'adhésion à un «grand projet national de nature à unifier le peuple tunisien autour des valeurs de la liberté, de la justice sociale et de la dignité et à lutter contre les dangers qui guettent la révolution». Lors de la séance d'ouverture des travaux du congrès placé sous les slogans «Un parti au service du Front et un Front au service du peuple» et «Fidélité aux martyrs de la Patrie et du front Populaire », le secrétaire général avait déjà appelé les participants à se rassembler autour d'un projet national pour un Front progressiste et démocratique s'articulant autour des objectifs de la révolution et luttant contre la dictature, la corruption et le terrorisme qui tente, a-t-il dit, de déchirer le tissu social et de porter atteinte à l'identité des Tunisiens. Evoquant les prochaines élections, Hamma Hammami a relevé que le Front populaire s'engagera dans ces élections avec des listes communes. Cet attachement au Front Populaire intervient alors que d'autres coalitions de partis modernistes, dont l'Union pour la Tunisie, se désintègrent sous l'effet des calculs partisans... Créé en août 2013, le Front Populaire regroupe une douzaine de partis de gauche. Il s'agit, entre autres, du Parti des Travailleurs, du Parti des Patriotes Démocrates Unifié (PPDU), du Parti de l'Avant-garde Arabe et démocratique (PAGAD), Parti Tunisie Verte, de la Ligue de la Gauche Travailliste, du mouvement du Peuple et du parti Baâth tunisien. Ce front ambitionne de représenter une alternative crédible à la droite religieuse représentée par le mouvement islamiste Ennahdha et ses alliés et à la «droite libérale» dont le noyau dur est le Mouvement Nidaâ Tounes fondé par l'ex Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi. Le programme économique et social du Front Populaire préconise notamment la nationalisation des secteurs stratégiques qui ont été privatisés, la formulation d'une politique économique et sociale qui rompt avec l'approche libérale capitaliste, l'octroi d'une indemnité aux chômeurs, l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés, le gel des prix des produits de base, le lancement de négociations avec les bailleurs de fonds internationaux en vue de suspendre le paiement de la dette extérieure pendant quelques années et la création d'un fonds spécial dédié à l'investissement dans les régions défavorisées. D'autre part, le congrès s'est achevé par la reconduction de Hamma Hammami au poste de secrétaire général du parti. Dix-neuf membres ont, par ailleurs, été élus par le congrès au comité central sur un total de 22 candidats. «La répartition des postes au sein de ce comité se fera ultérieurement», selon le président du congrès, Abdelmomên Ben Anes. Ainsi, l'alternance n'a pas été au rendez-vous à la tête de ce parti qui semble peiner à rajeunir ses cadres et à débarrasser son discours du vieux référentiel communiste-marxiste en dépit de la suppression de l'adjectif communiste au niveau de sa dénomination. La réélection du militant Hamma Hammami à la tête du Parti des Travailleurs ouvre logiquement la voie de la candidature de celui que les observateurs de la vie politique qualifient ironiquement d'indécrottable contestataire ou d'éternel opposant à la prochaine présidentielle.