Le poisson est-il en train de devenir unproduit de luxe? Si ce n'est pas encore le cas, il est sur le point de le devenir. En effet, son prix est devenu presque inabordable.A part la sardine, tous les autres poissons affichent des prix qui dépassent l'entendement, en ce mois de Ramadhan. Insaisissable, toujours insaisissable, sont les fruits de mer. «On n'y comprend rien. Les poulpes sont à 15 dinars le kg, la crevette à 20.000 , les calamars à 18d000 et les sèches à 15d000 nous répond, agacé, un client, la cinquantaine, au marché improvisé à l'entrée du marché de poisson. Il précise, être venu de bonne heure à la poissonnerie en quête de poissons frais, de première main, éventuellement. Un passant, un «homme de mer» à juger de ses vêtements, rit sous cape. «Poisson frais et de première main! Mais tu rêves.» Et de souffler au client naïf: «Tous les étals que tu vois là, ça provient de la marchandise qui est entrée il y a deux jours. Entre le produit qui débarque sur le marché et celui étalé ici, il y a au minimum deux intermédiaires, le mandataire et le revendeur en gros.» En un tour de main, «l'expert» prend une crevette et se lance dans sa démonstration. «C'est facile de vérifier la fraîcheur du poisson. Le frais laisse émaner une légère odeur de mer et d'algues. «A 20 dinars, je me dis que c'est très cher payé un kilogramme de calamars. A ce prix là, je préfère acheter un kg de viande ou deux kg de poulets», commente Sid Ali, qui aime quand même vagabonder dans le marché aux poissons. En fait, les prix des fruits de mer, notamment les chevrettes, les crevettes, les clovisses et les langoustes ont pris la tangente depuis une semaine et restent inabordables «A ce prix là, je préfère aller moi-même pêcher mon poisson», lance Nasseur «Avec 30 à 40 dinars , je ne peux acheter ces fruits de luxe», fait remarquer une vieille dame, qui ajoute qu'avec trois kg de sardines et 1 kg de pommes de terre, «on arrive à faire nourrir une famille de plusieurs personnes». Et il n'y a que les prix des sardines qui restent encore raisonnables. «C'est trop cher», affirme Sami, un fonctionnaire qui cherche désespérément à acheter des produits à la porté de son budget. Comment justifier cette hausse des prix des fruits de mer ? Tout simplement nous dit M Samoud, l'activité compte plusieurs catégories d'intermédiaires, lesquelles connaissent une véritable inflation durant le mois de ramadan. Le circuit le plus simple est constitué des grossistes, semi-grossistes, distributeurs et enfin les détaillants. Mais entre certains mailons de cette chaîne s'installent aussi une autre catégorie d'intermédiaires constituée essentiellement par des transporteurs qui prélèvent aussi leur marge. « Le climat, par exemple, c'est aussi l'un des principaux facteurs de cette hausse», affirme Mehdi un marchand de poissons. Effectivement, le climat agit directement sur la production et même sur les prix. En mauvais temps, les pêcheurs trouvent de grandes difficultés à s'emparer d'une grande récolte, la pêche devient plus difficile, de telle manière, les prix augmentent. Ceci sans oublier leshôtels et les restos qui consomment beaucoup de fruits de mer en cette période estivale.