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L'invité du Dimanche : Zied Lakhdar, secrétaire général du PUPD et leader au FP: « Les forces démocratiques devraient s'inscrire dans une campagne électorale solidaire »
Entretient conduit par Faouzi KSIBI La Tunisie est, durement, secouée pour la deuxième année successive par le terrorisme, qui a, manifestement, élu domicile dans notre pays. Jusqu'à maintenant, tous les efforts pour l'anéantir et le déloger se sont avérés inopérants en dépit des déclarations des officiels qui se veulent rassurants. Cette réalité décevante et alarmante, on peut la constater à l'œil nu et on n'a pas besoin d'analyses savantes pour la constater. Les raisons en sont multiples, mais les plus évidentes sont inhérentes, comme nous l'explique notre invité, à la politique menée parla Troïka qui a fait le lit du terrorisme par la couverture politique qu'elle lui a assurée et le laisser-aller qu'elle a affiché à son endroit tout au long des deux années de son règne qui étaient assez suffisants pour que ce terrorisme naissant se développe et se consolide avec le temps. L'autre raison majeure, soulevée par notre interlocuteur, et ayant favorisé cette avancée, c'est l'attitude négative empruntée par l'actuel chef du gouvernement vis-à-vis de la feuille de route dont la plupart des points restent en suspens. D'ailleurs, lors de la réunion du Dialogue national, prévue pour mercredi dernier et qui était reportée, le FP comptait poser les questions se rapportant aux élections, qui sont menacées plus que jamais, et à l'évaluation du rendement du gouvernement au niveau de son engagement dans l'application de cette feuille de route. D'après notre invité, certaines parties politiques ne voient pas d'intérêt à ce qu'on en débatte, en ce moment, car elles considèrent que la situation actuelle est assez confortable pour elles, faisant fi de la gravité de la situation qui sévit et qui risque de compromettre l'échéance électorale dont les difficultés proviennent, également, du comportement de l'ISIE. -Le Temps : la dernière opération terroriste s'est déroulée, presque, dans les mêmes circonstances et avec la même atrocité que celle de l'année dernière. Comment expliquez-vous cette récidive et la continuité de ce phénomène? -Zied Lakhdar : Tout d'abord, il importe de savoir pourquoi il y a encore des opérations de ce genre et pourquoi elles vont continuer. Eh bien c'est parce que, pendant les deux ans du gouvernement de la Troïka, alors que des parties politiques attiraient l'attention sur le danger terroriste, l'infiltration d'armes et la présence d'éléments s'apprêtant à assaillir l'Etat et la société, cette Troïka en minimisait l'importance. Pire, elle considérait que tous ceux qui évoquaient cette question mettaient les bâtons dans les roues. En fait, il y avait de réelles connivences entre, ce qu'appelaient les journalistes et d'autres parties, « l'appareil de sûreté parallèle » et ces groupes terroristes ; ils leur procuraient un espace favorable pour qu'ils puissent s'adonner à leurs activités, s'organiser et structurer leurs cellules qui se trouvent, aujourd'hui, partout dans le pays. Ce fléau on ne pourra l'anéantir que lorsque les vraies responsabilités seront dévoilées et déterminées et qu'on comprendrait comment ces cellules étaient montées, qui les financent, qui se trouvent derrière et qui leur prodiguent les informations nécessaires. Car le fait que nos soldats soient attaqués de cette manière-là veut dire que ces terroristes disposaient de données assez précises, en ce sens qu'il existe encore des liens entre eux et la société et certaines forces occultes. -Qu'est-ce qui empêche que la lutte contre cette menace terroriste soit efficace et qu'elle donne les résultats escomptés ? -Tant que le chef du gouvernement n'a pas pris les décisions audacieuses qui s'imposent en procédant à des remaniements effectifs et profonds au niveau de notre système sécuritaire en vue de mettre à nu tous les rapports qui existaient entre cet « appareil de sûreté parallèle », d'un côté, et les terroristes et des dirigeants politiques, qui leur assuraient une couverture politique et culturelle, de l'autre. Et là, il faut opposer ce que disait le martyr Chokri Belaid que les Tunisiens ne devaient pas être surpris de voir le terrorisme et le sang des morts et des blessés sous leurs yeux à ce que disait, l'ex chef du gouvernement, Ali Laârayedh, qui s'inscrivait en faux contre ces affirmations, en soutenant que cela n'était pas vrai et que ces gens incriminés pratiquaient le sport à la montagne. Tandis que le président de son parti disait qu'il ne fallait pas avoir peur d'eux et qu'ils possédaient un projet culturel. Cette position est de nature à nous permettre de savoir qui mentait et était le complice de ces terroristes et qui était sincère et lisait, minutieusement, la réalité. Aujourd'hui, on a un besoin urgent d'en découvrir tous les détails, c'est à cette condition qu'on pourra faire débarrasser notre système sécuritaire de toute suspicion afin qu'il puisse se préparer comme il se doit pour pouvoir bien affronter ce fléau terroriste. Et il est de même pour notre armée, pour ce faire, il est impératif de rompre toutes les communications possibles qu'interceptent les groupes terroristes pour qu'ils ne disposent plus d'informations précises leur permettant de perpétrer des actes d'une telle atrocité. Donc, il faut une décision politique audacieuse pour qu'on puisse affronter le terrorisme là où il existe. Mais malheureusement, on voit très bien que cette décision politique fait défaut et qu'on fait comme si de rien n'était. Comment doit-on traiter ces groupes terroristes, se trouvant parmi nous, qui font la fête pour célébrer ces crimes atroces commis à l'encontre de nos soldats qui sont, lâchement, assassinés avec cette manière abominable, au Mont Châambi ? Est-ce en fermant les yeux ? Cette attitude négative ne pourrait que conforter le terrorisme aussi dans cette montagne qu'ailleurs, et il est à craindre que, dans les jours qui viennent, des opérations terroristes n'aient lieu en milieu urbain. Un tel scénario serait chaotique pour le processus transitionnel qui ne pourrait pas, donc, réussir tant que nous fermons les yeux sur l'évolution de ce phénomène du terrorisme qui n'est pas né du néant et qui fonctionne grâce à un soutien financier considérable. -Alors, le terrorisme se nourrit de la misère des classes sociales déshéritées? -Effectivement, grâce à ces fortunes colossales dont il dispose, le terrorisme recrute ses membres parmi toutes les catégories sociales marginalisées du peuple tunisien qui n'ont pas le sentiment d'appartenir à la patrie, vu qu'elles ont perdu les conditions élémentaires d'une vie digne. Cette réalité décevante invite aussi bien l'Etat que la société à faire face à ce terrorisme à tous les niveaux de son existence dont, entre autres, le culturel et le religieux. On voit comment nos mosquées sont, aujourd'hui, occupées par de potentiels terroristes, et comment elles sont devenues les lieux où se tiennent des discours accusant des gens d'impiété et où on lance des appels au Wahabisme qui n'a aucun rapport avec la religiosité du peuple tunisien. Donc, tous ces éléments montrent, à l'évidence, qu'il existe une action d'embrigadement en direction des jeunes pour en faire des terroristes. Cette action doit être brisée. D'autre part, si ces gens-là sont affamés et marginalisés, que l'Etat est absent et que la société n'y prête pas attention, ils seront des proies faciles pour ces prédateurs. Ainsi, on aura préparé un terrain fertile pour l'épanouissement de ces terroristes qui promettent la culture de la mort, cette culture que ne pourrait promettre que quelqu'un n'ayant ni perspectives, ni rêves, ni avenir. Donc, la lutte contre cette peste doit mobiliser les efforts conjoints des Tunisiens aux différents niveaux, culturel, religieux, économique, social, politique. Le gouvernement est tenu de prendre une décision claire pour donner de l'efficacité à cette lutte déterminante. -Certains ont établi des liens entre les dernières déclarations de M Slim Ben Hamidane, relatives à l'imminence d'actes terroristes, d'assassinats et de coup d'Etat, et les dernières opérations du Mont Châmbi. Partagez-vous cet avis ? -Maintenant qu'ils ont quitté le pouvoir, ils peuvent dire beaucoup de choses et ils vont même enchérir sur nous. Et ils ont oublié que c'était eux qui assuraient le soutien à ces groupes terroristes, quijustifiaient leurs actes et qui entretenaient de bons rapports avec eux. Nous, nous ne l'avons pas oublié et j'espère que les Tunisiens ne l'oublieront pas. Plusieurs indices montraient que ces terroristes étaient en train de travailler d'arrache pied pout préparer des opérations en riposte à ce qu'ils considèrent comme agression, contre leurs groupes au Mont Châmbi et ailleurs, commise par ce qu'ils appellent les « taghout (infidèles), c'est-à-dire l'armée et les forces de l'ordre. Ces groupes considèrent que la démocratie, la transition démocratique et l'Etat civil comme étant des impiétés qui doivent les mobiliser. Cela veut dire qu'ils feront tout pour que l'on ne se dirige pas vers des élections. Une telle situation sert, à coup sûr leur projet qui consiste dans un califat islamique qui n'a aucun rapport avec la citoyenneté, ni avec les élections, etc. Que M Ben Hamidane nous avertisse, cela fait rire, car il est parmi ceux qui, à chaque fois qu'on parlait du terrorisme, nous accusait d'agiter des épouvantails, d'essayer de faire peur aux gens et de mettre les bâtons dans les roues. Espérons que, lui aussi, il partagera cette tâche avec nous. -La loi antiterroriste traîne encore dans l'ANC. Quelle est votre position vis-à-vis de cette question très controversée? -Le terrorisme en tant que phénomène, qui devient constant dans notre pays, impose la présence d'une loi antiterroriste. Mais cela veut-il dire qu'on devrait instaurer de larges marges permettant aux gens de travailler en dehors de la sphère de laloi pour lutter contre le terrorisme? Cette méthode n'était pas fructueuse, elle était utilisée par l'institution sécuritaire au temps de Ben Ali et le résultat c'était la multiplication de ces factions terroristes. Nous sommes tenus de procurer à nos forces de l'ordre des moyens de travail performants et des marges d'action élargies pour qu'elle puissent agir contre ces terroristes avec efficience sans que cela ne touche aux droits et libertés collectifs et individuels, ni aux droits de l'homme, en général. Ces derniers doivent être régis par la loi. Aujourd'hui, la loi antiterroriste est retardée dans les couloirs de l'ANC, en raison du fait qu'il y a des parties qui ne veulent pas qu'elle soit, rapidement, ratifiée pour que commence la lutte effective contre le terrorisme sur des bases solides. La raison en est qu'une partie parmi elles voit que ces factions lui partagent les mêmes convictions et les mêmes fondements idéologiques et œuvrent à réaliser les mêmes objectifs qu'elle. -Plusieurs démocrates soutiennent que le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme c'est la tenue d'élections démocratiques. Ne voyez-vous pas qu'une telle thèse est, quelque part, idéaliste, vu que le chemin qui y mène est parsemé d'embuches qui risquent fort de compromettre cette échéance ? -Je partage, complètement, cette thèse. Cependant, pour que cette riposte soit efficace et réussie, il faut voir les conditions dans lesquelles vont se dérouler les élections. On devrait savoir si elles allaient avoir lieu dans un climatoù séviraient des menaces d'assassinats ainsi que des opérations terroristes que ce soit dans les montagnes ou bien dans les zones urbaines où des forces politiques ne pourraient pas pénétrer certains quartiers populaires pour y mener leurs campagnes électorales, en raison de grandes menaces et de la présence d'armes en leur sein. Plusieurs questions devraient nous interpeller. Comment seraient les bureaux de vote ? Qui les protégeraient ? Quel serait l'état psychologique des citoyens par rapport à la situation sécuritaire ? Est-ce qu'ils se rendraient à ces bureaux de vote ? Déjà, on voit, aujourd'hui, le taux faible d'inscription aux élections. Toutes ces données font planer des ombres de suspicion autour du climat électoral. Donc, tout en s'attachant à cet objectif final, nous posons plusieurs questions à propos des processus qui vont nous amener à l'atteindre. -Quels sont ces processus dont dépend la réussite des élections ? -Le premier d'entre eux se rapporte aux engagements du gouvernement vis-à-vis de la feuille de route où plusieurs questions ne sont pas encore réalisées, d'autres l'ont été, partiellement, et parfois, d'une manière qui suscite des doutes. C'est ce qui se passe lorsqu'on démet de ses fonctions un gouverneur contesté par les habitants de la région pour son obédience partisane et qu'on le nomme, dans le cadre du mouvement des gouverneurs sur la base de d'impartialité, dans un autre gouvernorat où il fait, à nouveau, l'objet de contestation, comme c'est le cas à Kébili. On ne peut qu'êtresceptiques, à ce propos, quand les nominations de certains délégués ne sont pas transparentes et qu'il existe des tentatives consistant à donner l'impression que des changements ont eu lieu, en les plaçant dans d'autres gouvernorats où ils ne seraient pas connus pour ne pas être démasqués. Quant au second processus, il est inhérent au phénomène du terrorisme sous ses différents aspects. Dans plusieurs mosquées, des extrémistes exercent encore la propagande partisane, traitent d'impies leurs adversaires politiques et appellent les Tunisiens à voter en faveur de parties bien déterminées, prétextant qu'elles représentent la religion et la protègent. Plusieurs associations s'adonnent à des activités douteuses et bénéficient de soutiens financiers terribles qui sont employés, d'une manière ou d'une autre, dans des campagnes électorales en faveur de partis politiques. Cela, on commence à le voir dans les souks, les villages... Ces associations sont devenues actives en achetant les consciences des gens par le biais des couffins de ramadan donnés aux familles nécessiteuses, le paiement des dettes contractées par quelques familles auprès de l'épicier, les dons... Nous exigeons le contrôle du mouvement de cet argent douteux. Certes, nous voulons que notre société soit enrichie par les associations qui agissent dans son espace, car cela est de nature à la renforcer et à consolider la solidarité en son sein, mais nous refusons que cet effort soit orienté vers des buts partisans étriqués. Dans un cas pareil, la concurrence entre les partis politiques ne serait pas équilibrée, puisqu'ils ne seraient pas placés sur le même pied d'égalité. -Certaines parties démocratiques posent la question de la coordination logistique entre elles. Qu'en pense le FP? -Nous ne voyons pas d'inconvénients si les forces démocratiques voient qu'il faudrait établir une telle coordination sur la base de l'évaluation de ce qui s'est passé le 23 octobre où des bureaux de vote étaient le théâtre d'agissements méthodiques visant à les encercler et à exercer des pressions sur les votants. Les uns essayaient d'acheter leurs voix en leur distribuant de l'eau, des ombrelles, etc. Les autres les appelaient à accomplir la moitié de leur religion en votant pour un parti déterminé. Et d'autres encore les terrorisaient à l'intérieur des bureaux. Tout cela suppose que les parties qui croient en la démocratie et en l'alternance pacifique au pouvoir s'inscrivent dans une campagne électorale solidaire dans ce cadre, en défendant leurs réunions et leurs affiches respectives, en empêchant les agressions et en protégeant les bureaux de vote contre les éventuels agissements qui n'ont pas de rapport avec la concurrence loyale entre les partis, pendant l'opération de vote, par le biais des observateurs, et au cours de l'opération de tri des voix. -Le leader au FP, Ahmed Khaskhoussi, a déclaré qu'il était pour l'inscription automatique, alors que le FP a annoncé, lors de sa dernière conférence de presse, qu'il était pour la prolongation des délais d'inscription. Quelle est votre vraie position là-dessus? -Tout d'abord, nous respectons la déclaration de M Ahmed Khaskhoussi, mais cette interprétation le concerne personnellement. Le FP était contre l'inscription automatique qui était, à nos yeux, à l'origine de plusieurs imperfections et lacunes aux élections du 23 octobre. Pour nous, l'inscription doit être volontaire, et nous n'allons pas nous contredire aujourd'hui. Nous avons réclamé la prorogation des délais d'inscription pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il y a des parties qui œuvrent à ce que les Tunisiens ne s'inscrivent pas massivement, et ce sur la base d'une campagne prétendant que l'ensemble des parties politiques sont pareilles et qu'elles ne valent rien en vue de baisser l'enthousiasme des gens et les détourner de l'inscription. Les manifestations en sont nombreuses. Le budget mis à la disposition de l'ISIE en vue de mener cette campagne et inciter les Tunisiens à aller s'inscrire représente seulement le 1/3 de celui utilisé par l'instance de Kamel Jendoubi, ce qui est en soi un indice assez important permettant de dévoiler les vérités. Un bon nombre des appels téléphoniques qui nous proviennent, en particulier, de l'étranger nous affirment que l'opération d'inscription, sur les sites internet, est presque impossible. Pire, on ne trouve même pas à qui s'adresser, c'est-à-dire qu'il n'y a ni adresses, ni renvois clairs surtout en France. Cela veut dire qu'il n'y a pas de volonté sincère à ce que les gens aillent s'inscrire. D'autre part, cette période d'inscription coïncideavec les résultats des examens nationaux et les festivités qui s'en suivent, le mois de ramadan, la saison estivale, la chaleur, les festivals, la coupe du monde, l'arrivée de nos immigrés... Toutes ces données font que et les Tunisiens accordent peu d'intérêt à la chose publique et à la politique. C'est pourquoi on demande qu'on prolonge les délais d'inscription en y ajoutant une période respectable qui nous ferait sortir du mois de ramadan. Là, le Tunisien réalisera qu'il y aura des élections et y prêtera attention, et l'ISIE pourra intensifier sa campagne et animer ses instances et ses commissions. Enfin, l'autre question déplorable c'est le fait que ces bureaux d'inscription fonctionnent comme des administrations, étant donné qu'ils ouvrent leurs portesseulement pendant les horaires administratifs. Donc, il faut en augmenter les plages horaires afin que l'on puisse viser les Tunisiens partout où ils se trouvent, sur les lieux de loisirs, dans les marchés et les centres commerciaux, les grandes stations, les cafés... Cependant et parallèlement à ces efforts, les parties politiques devraient assumer leur responsabilité à ce niveau. Le FP a, de son côté, entamé la campagne « kaïd » (inscrivez-vous), et ce par la distribution d'un million de flyers aux citoyens dans toutes les régions du pays pour les exhorter à aller s'inscrire aux prochaines élections en essayant de persuader ceux parmi eux qui n'ont pas confiance dans les partis politiques que le meilleur moyen d'exprimer cette position c'est de voter contreeux avec un vote blanc, ce qui impose l'inscription aux élections. -Mais certains estiment que la prorogation des délais d'inscription perturberait le calendrier. -M Chafik Sarsar soutient cette thèse comme il a soutenu que les élections devaient commencer et se terminer en 2014, en adoptant une lecture littérale du texte légal figurant dans la constitution relatif aux élections. Alors que d'autres, dont des spécialistes, en ont d'autres lectures et ne considèrent pas qu'une prolongation touche, forcément, à ce calendrier. D'ailleurs, je me rappelle très bien que l'instance de Kamel Jendoubi a procédé à des prorogations des délais : la date du 24 juillet, prévue initialement, était remplacée par celle du 23 octobre, et la période d'inscription était élargie. L'instance de Chafik Sarsar donne l'impression de faire table rase de tout ce qui a précédé, alors qu'elle aurait très bien pu commencer à partir des acquis de sa devancière. Comme elle aurait pu débuter la campagne d'inscription bien avant, elle a gaspillé du temps, inutilement, en attendant qu'on tranche la question relative à l'ordre des élections législatives et présidentielles. Qu'elles soient concomitantes ou bien séparées, cela est sans importance pour l'ISIE qui aurait dû faire son travail et s'acquitter de sa tâche et advienne que pourra par la suite. Donc, on devrait adopter la lecture qui permet d'atteindre l'objectif escompté, à savoir la réalisation des élections que personne ne pourrait douter de leur honnêteté et qui octroieraient une autorité permanente dont la légitimité ne ferait pas l'objet de suspicion. Si seulement une partie des Tunisiens votaient, cette légitimité serait affaiblie, ce qui nous provoquerait des crises à l'avenir. Mais si une masse assez considérable des Tunisiens participaient à cette opération de vote, cela serait de nature à lui attribuer une légitimité élargie à la partie élue et ferait d'elle un pouvoir puissant, capable de prendre les décisions politiques, économiques et sociales pour qu'on puisse dépasser cette situation de crise que vit, actuellement, la Tunisie. -Le président de la commission de l'énergie au sein de l'ANC subit des menaces pour avoir révélé des vérités. Comment vous réagissez par rapport à cela ? -Le dossier de l'énergie est complexe dans le monde entier et non seulement dans notre pays. L'Irak a fait l'objet de cette vaste invasion de la part des Américains et leurs alliés non pas pour la démocratie, mais pour la spoliation de se richesses et la mainmise sur les gisements de pétrole du Golfe arabe. La Tunisie se trouve dans une région riche en ressources naturelles telles que le pétrole en Algérie et en Libye ou bien l'uranium au Mali. Les nôtres sont réelles mais pas considérables comme se plaisent à raconter certains, elles sont modestes relativement aux autres pays. Cependant, il y a du flou qui entoure la manière de gérer ces richesses, ce qui impose des éclaircissements à travers les canaux où se concluent les transactions entre l'Etat tunisien et les sociétés pétrolières dont les activitésne sont pas, toujours, irréprochables. Donc, les menaces dont fait l'objet le président de la commission de l'énergie s'expliquent par la présence d'intérêts très importants qui se cachent derrière ces marchés. -On a vu comment des députés, qui se sont, farouchement, opposés à l'insertion de l'incrimination de la normalisation avec l'entité sioniste, manifestaient, hystériquement, leur solidarité avec Gaza, en se parant de l'écharpe palestinienne. Comment expliquez-vous cette contradiction ? -Il existe deux manières de traiter la cause palestinienne, qui est la cause centrale pour nous autres Arabes. La première est, purement, sentimentale dont les auteurs oublient, dans leur quotidien, cette cause et se liens viscéraux avec l'ensemble des problèmes que vivent la Tunisie et son peuple. Et tout d'un coup, lorsqu'explose la lutte et que tombent des martyrs, on les voit pleurnicher, sangloter, à chialer et chanter. Cela n'avance en rien ni la Tunisie, ni la Palestine. Ces pleurnichards refusent l'insertion dans la constitution de cette incrimination sur la base de leur assujettissement à leurs maîtres au niveau international qui les confortent et qui les ont aidés à accéder au pouvoir politique dans certains pays arabes. C'est pourquoi ils ne peuvent pas s'opposer à leurs diktats, et vous voyez très bien que tout celui qui désire accéder à un poste politique prestigieux doit accomplir plusieurs pèlerinages dont les lieux sont, dans l'ordre préférentiel, New York, Washington, l'Angleterre, la France, l'Allemagneet les fiefs de la réaction arabe, le Qatar, l'Arabie Saoudite, etc. C'est l'itinéraire obligé que doivent suivre ceux qui veulent gouverner la Tunisie en dehors de la volonté se son peuple. Quant à nous, nous sommes pour une démarche visant à comprendre la profondeur de la question politique. La Palestine se trouve, aujourd'hui, sous le joug du colonialisme de la part de l'entité sioniste qui a des relations au niveau international et des projets qu'elle partage avec d'autres puissances. Ce projet sioniste confisque la terre palestinienne, étouffe tout souffle progressiste et démocratique et prête main forte à toutes les factions réactionnaires et terroristes. Aujourd'hui, il soutient « Daech ». Donc, nous sommes une partie intégrante de cette guerre de grande envergure et considérons que le projet sioniste se situe aux antipodes du nôtre, celui de l'émancipation politique et sociale et l'édification d'une grande patrie où des choix économiques et politiques alternatifs seraient possibles, permettant à cet espace vaste de s'unifier et à son peuple de vivre dignement. Un tel projet contribuerait à l'édification de la civilisation humaine et à l'installation de la paix dans le monde. -Par quels moyens la Tunisie pourrait-elle soutenir la cause palestinienne, selon vous ? -La lutte contre l'entité sioniste est une guerre de longue haleine où de nombreux martyrs tomberont encore, partant, nous n'allons pas faire couler beaucoup de larmes, mais constituer un espace de soutien à notre peuple en Palestine. Le premier élément de ce soutien, qui devrait s'accomplir au niveau politique, est l'incrimination de la normalisation avec l'entité sioniste en Tunisie que des parties politiques refusent pour les raisons que j'ai évoquées plus haut. L'autre élément du soutien au peuple palestinien devrait être populaire par le biais du boycottage des marchandises en provenance de l'entité sioniste et de toutes celles produites par les forces qui se trouvent derrière et qui la soutiennent, ainsi que par la dénonciation de toutes les positions. A ce niveau, la diplomatie tunisienne devrait s'activer sur le plan international pour être une voix élevée contre les politiques criminelles et terroristes de l'entité sioniste contre le peuple palestinien. Notre action dans ce sens ne connaîtra pas de répit jusqu'à la libération de la Palestine.