Une visite d'une délégation ministérielle à Djerba était prévue, hier, mercredi 23 juillet, et une réunion devait avoir lieu le soir même au siège du gouvernorat de Médenine, consacrée à la crise environnementale qui frappe profondément l'île de Djerba. Mais, elle vient d'être annulée et reportée pour la deuxième fois à une date ultérieure ( à samedi, croit-on savoir). Si la décision du report de la première visite prévue vendredi dernier 18 juillet était prévisible et compréhensible et a été accueillie favorablement par le tout Djerba, car survenant dans le contexte tragique du lâche assassinat de nos quinze valeureux soldats, l'annonce de ce deuxième report n'a fait qu'amener les représentants des organisations professionnelles ( UGTT, UTICA, Connect, FTH et FRAV ) à décréter un arrêt de travail de quatre heures hier jeudi de 08 à 12 heures, et qu'accroitre le désarroi des habitants, en proie aux sentiments les plus contrastés, tiraillés entre doute et certitude, espoir et désillusion. Ils n'avaient d'yeux que pour cette si attendue visite des hauts responsables de l'Etat pour mettre fin à leur calvaire et finir avec cette médiocrité ambiante et cette laideur désolante. Le malheur des uns... Chaque jour nouveau qui passe est un jour de malheur de plus pour Djerba et les Djerbiens qui ne savent plus à quel saint se vouer, ni quoi faire pour se débarrasser de ce malaise collant : entre continuer à supporter la vue de ces tonnes d'ordures nauséabondes amoncelées pêle-mêle à proximité de leurs demeures ou y mettre le feu, ils se sont résignés à l'acceptation de la deuxième option, au risque de devoir inhaler la fumée hautement nocive ; entre attendre une solution miracle qui tarde à venir, ou mettre la main à la poche pour payer les services d'un transporteur privé que l'on charge de transférer ces ordures ailleurs, loin de la vue, ils n'hésitent plus à recourir à la deuxième solution, pourtant sachant pertinemment qu'en agissant ainsi ils ne font que contribuer à salir la campagne djerbienne et à la dégradation de l'environnement. En fait, ils ne font qu'emboîter le pas à certains hôteliers qui, depuis l'entame de la crise, n'ont pas attendu longtemps pour recourir à cette solution préjudiciable qui, malheureusement, gagne du terrain et dont les adeptes sont de plus en plus nombreux ces derniers jours, pour le bonheur certains d'une nouvelle mafia en verve qui ne vit que de l'odeur de l'argent et qui a tout intérêt à faire durer la crise, quels que soient les moyens à mettre en œuvre. Responsabilités partagées Force est de reconnaitre que certains intervenants de tous bords, issus des partis politiques ou de la société civile qui, dans un souci légitime de contribuer à sortir de l'impasse, et au lieu de prôner la prudence et le bon sens et de tenir un discours objectif et rationnel, sont allés un peu loin en besogne, induisant irrévocablement en erreur une frange de la population. Car la tenue de tels discours véhéments dénués parfois de tout fondement, susceptibles d'inciter à la discorde et au régionalisme et d'attiser les tensions devenues malheureusement d'actualité, au lieu de précipiter la résolution du problème, n'a fait que nuire à l'intérêt pressant urgent de l'île dans ce contexte de crise aiguë. Sont-ils sans savoir que depuis la fermeture de la décharge contrôlée de Guellala au mois d'avril 2012, 150 tonnes de déchets sont déversées quotidiennement dans la nature, ou dans ce qu'on se plaît à désigner par dépotoirs anarchiques ? Prend-on conscience de la multiplication inquiétante de ces foyers de nuisance qui parsèment désormais, sans contrôle aucun, le territoire de l'île, à Terbella à même la côte, à Adjim, à Mellita, à Sedghiane, à Ghizen, à Mezraya,... ? Qu'ont fait les habitants producteurs de déchets pour minimiser les dégâts et atténuer l'ampleur de la crise ? Ont-ils revu à la baisse le volume des déchets produits, ou procédé à un tri séparatif ménager qui aurait pu nous épargner ces odeurs nauséabondes découlant des ordures à haut degré d'humidité ? Le moment est grave, et l'heure n'est plus à l'amateurisme, ni aux manipulations malsaines : dans l'immédiat, la solution passe inévitablement par le recours provisoire obligé à une décharge contrôlée où qu'elle se trouve, à gérer et exploiter selon les normes requises, en attendant la tenue dans les prochains jours d'une réunion de réflexion et de concertation pour statuer définitivement sur le scénario futur à adopter dans le cadre d'une gestion intégrée des déchets solides à Djerba et à soumettre à l'attention des responsables de l'Etat qui devront s'engager à sa mise en oeuvre ; l'étude minutieuse savamment menée par les experts de la GIZ sous la tutelle de l'Anged, réalisée à la demande des trois communes, cautionnée par le ministère de l'Environnement et du Développement Durable, et achevée au mois de juin 2013, vient à point nommé pour constituer un document de référence sur la base duquel devra être menée la réflexion.