Nouvelles fissures dans les alliances électorales nouées entre des partis se réclamant du camp progressiste. L'Union pour la Tunisie (UPT) continue d'être la plus affectée par les défections. Cette coalition politique et électorale lancée en janvier 2013 par Nida Tounes (bourguibiste), Al Joumhouri (centre) et la Voie démocratique et sociale (Al-Massar/gauche sociale-démocrate), le Parti socialiste (gauche socialiste) et le Parti du travail patriotique et démocratique (gauche socialiste) ne cesse depuis plusieurs mois de rétrécir telle une peau de chagrin... Après le retrait du Parti Républicain (Al-Jomhouri) décidé le 29 décembre dernier de cette coalition «qui n'a pas réussi à se muer en un front électoral homogène» et la défection de Nidaâ Tounes, lequel leurré par certains sondages qui le donnaient favori pour les prochaines élections a préféré présenter ses propres listes aux législatives, le Parti Socialiste a décidé lui aussi de claquer la porte de l'UPT. Dans un communiqué publié hier, ce parti présidé par Mohamed Kilani a indiqué qu'il allait présenter ses propres listes aux prochaines législatives. «La décision aurait été prise en raison des difficultés de présenter des listes unifiées au sein de l'Union Pour la Tunisie », a précisé le Parti Socialiste dans son communiqué du parti socialiste tout en s'engageant à continuer de coopérer avec les autres partis restés au sein de l'UPT dans d'autres domaines. La coalition ne compte désormais que les partis Al-Massar, le Parti du travail patriotique et démocratique et le Front national. Ce dernier a rejoint l'UPT en mai dernier. Malgré ces nombreuses défections, Al-Massar a annoncé, dimanche, avoir décidé de se présenter aux élections avec des listes unifiées sous la bannière de l'UPT afin «dans le souci d'unifier les forces démocratiques et progressistes» et afin de «répondre aux appels persistants pour créer un rapport de force favorable au camp progressiste». Eparpillement nuisible des voix Le Front Populaire, une coalition formée initialement par douze partis de gauche, continue, lui aussi, de se désintégrer. Le Mouvement des démocrates sociaux (MDS) vient d'annoncer la suspension de son adhésion au Front populaire. Le secrétaire général du Mouvement Ahmed Khasskhoussi a rejeté la possibilité de présenter des listes au sein du FP, préférant se présenter seul aux élections pour préserver l«‘unité de son parti». Cette décision est intervenue après que plusieurs dirigeants du MDS ont critiqué «l'hégémonie du Parti des Travailleurs au sein du Front Populaire». En mai dernier, le parti Tunisie Verte avait aussi annoncé son retrait du Front Populaire et a accusé son porte-parole officiel, Hamma Hammami d'avoir «fait main basse sur le Front depuis l'assassinat des députés de gauche Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi» Tunisie Verte a également justifié son retrait par l'absence de la démocratie dans le processus de gestion de la coalition. Selon les observateurs, la désintégration des deux principales coalitions progressistes s'explique essentiellement par une question d'égocentrismes. Chaque parti considère, en effet, que l'unité doit se faire derrière lui. «Hors de ma chapelle point de salut!» semble être la devise commune de la majorité des formations progressistes. La division du camp progressiste risque d'affaiblir ses chances lors des prochaines élections. La logique des rapports de force électoraux exige, en effet, des rassemblements des formations portant les mêmes valeurs. Avec 1,5 million de voix sur un corps électoral de plus quelque 8 millions et plus de 4 millions de votants, le mouvement islamiste Ennahdha avait remporté haut la main les élections du 23 octobre 2011. Presque autant de voix, données à des centaines et de listes indépendantes, se sont perdues dans le néant et n'ont aucun représentant à l'Assemblée nationale constituante.