* «Nous restons ouverts à d'autres formes de collaboration avec Nida Tounès avant ou après les élections», affirme Dr. Faouzi Charfi, dirigeant à Al-Massar * «La politique n'a plus la place qui lui revient», regrette Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste * «Nida assume sa responsabilité dans le non respect de ce qui avait été convenu», prévient Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique Le dernier conseil national de Nida Tounès qui a préféré se démarquer de ses alliés pour faire cavalier seul aux prochaines élections en y participant sous sa propre bannière au lieu de celle de l'Union pour la Tunisie (UPT), contrairement à ce qui avait été convenu avec ses partenaires, continue à susciter les commentaires les plus divers. Certains ont été surpris ; d'autres non. Comment vont réagir les alliés d'hier, Al-Massar, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique (PTPD) et le Parti Socialiste ? Les autres partis qui frappaient à la porte de l'UPT vont-ils continuer à le faire ? Quel avenir à envisager pour cette union qui était au départ à la fois politique et électorale ? Quels nouveaux rapports entretiendront dorénavant ces partis « abandonnés » par Nida Tounès avec leur ancien allié ? Dr Faouzi Charfi dirigeant à Al-Massar, regrette la décision de Nida Tounès d'aller aux prochaines élections avec ses propres listes et rappelle que dans le communiqué final du conseil national de Nida, la porte est restée ouverte pour que l'UPT reste un cadre de coordination. Sans entrer dans une polémique avec les détracteurs d'Al-Massar, il précise que lors des discussions au sein du Dialogue national au sujet de la chronologie des élections, il n'y avait pas eu au préalable de débat au sein de l'UPT sur ce point. « Al-Massar a voulu qu'il y ait une position concertée, mais on avait refusé d'inclure ce point dans l'ordre du jour des réunions de l'UPT. Notre position pour la primauté des élections législatives, nous avons été les premiers à l'exprimer. Nous ne pouvons empêcher les autres de rejoindre notre position. D'ailleurs, c'est dans le gouvernement que se situe la vraie bataille de pouvoirs, selon le régime adopté. Les prérogatives du président sont peu importantes par rapport à celles du chef du Gouvernement », dit-il. A Al-Massar, l'UPT est considérée comme un choix stratégique. Des discussions seront entamées pour l'élargissement de l'UPT. « Nous travaillons pour faire de ce cadre une force d'unification des centristes. Il y a beaucoup de partis qui attendaient la position de Nida Tounès. Tous les partis qui partagent notre vision de la société tunisienne et l'orientation vers l'avenir sont les bienvenus. Nous ne considérons pas que la défection de Nida Tounès signifie la fin de l'UPT. Il est certain qu'on veut maintenir l'UPT comme structure d'unification. La loi électorale l'impose. Il est de notre intérêt de regrouper les forces démocratiques et modernistes. Al-Massar reste fidèle à sa signature de départ lorsqu'il s'est engagé pour que l'UPT soit un front électoral et politique. La bipolarité électorale, on l'aurait souhaitée au sein d'une union. Le plus important pour nous est d'arriver à être en position de coalition avec le parti qui arrivera le premier aux législatives. Nous restons ouverts à d'autres formes de collaboration avec Nida Tounès avant ou après les élections. Nous restons réactifs », précise Faouzi Charfi. Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste (PS), qualifie de régression, la décision prise par le Conseil national de Nida Tounès. Il affirme dans une déclaration au Temps : « On s'attendait à ce que l'approche des élections serve de force d'impulsion pour l'union. On est revenu à la position de départ. L'opinion publique en gardera une image floue. Les électeurs auront des difficultés à distinguer la différence entre les diverses candidatures. Le seul responsable de cette régression est Nida Tounès, la mentalité étroitement partisane et le fait de se baser sur des considérations non politiques pour la résolution de problèmes politiques, à l'instar de la communication et l'argent. La politique n'a plus la place qui lui revient. Nous allons discuter au sein de l'UPT de l'avenir de cette structure. L'approche des élections stimule les appétits. On devient plus pragmatique, ce qui est inquiétant. Au parti socialiste nous avons essayé beaucoup d'alliances depuis 1999 et en 2004. Les élections font attiser les démons. Tout dépendra des discussions prochaines. Nous tiendrons un Conseil national dimanche prochain. Espérons que mes camarades seront au diapason de cette union. Il faut attendre une dizaine de jours pour que les choses se clarifient ». Abderazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique (PTPD) est désolé que Nida Tounès ait cherché à dénaturer l'UPT. Il déclare au Temps : « Nida assume sa responsabilité dans le non respect de ce qui avait été convenu dans le document créant l'UPT. Les autres membres continueront leurs concertations. Nous discuterons avec les partis qui ont exprimé le vœu d'intégrer l'UPT. L'orientation générale actuellement est l'attachement au rassemblement des forces démocratiques. La formule adéquate sera élaborée. Entretemps, le projet de Front patriotique avance dans le même esprit de rassemblement au sein de l'UPT ».