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Les jeunes ont fait le 14 janvier 2011, mais s'en sont aussitôt auto-exclus.. Le tribut de la désertification intellectuelle et politique des années de plomb
Publié dans Le Temps le 26 - 08 - 2014

« C'est la révolution des jeunes !». C'était la phrase qui a le plus animé les débats de Kasbah II et l'avenue Habib Bourguiba après le 14 Janvier et qui a même provoqué des chamailleries entre quelques jeunes, qui étaient trop flattés par ce signe de reconnaissance, et leurs compatriotes des autres bords, vieux et adultes. Les premiers voyaient dans les derniers des intrus, voire même, des opportunistes qui voulaient s'emparer de leur chef d'œuvre, et une esquisse de conflit de générations commençait à se dessiner. Mais, depuis cette exhibition de courage, d'abnégation et de savoir-faire et cette revendication acharnée de la révolution, ces jeunes ont, presque, disparu de la circulation et se font de plus en plus rares sur la scène publique et en particulier dans la vie politique. Par quoi s'explique cette éclipse ? Est-ce qu'elle est délibérée comme le prétendent certains? Ou bien elle est le corollaire de certains facteurs ?
La réconciliation
En fait, un certain nombre de ces jeunes était manipulé par les résidus du RCD, qui essayaient par tous les moyens de diviser la société dans le but de saboter la révolution. Parmi les différentes intrigues dont ils usaient, il y avait celle relative à ce prétendu conflit de générations. Ils ont réussi, pendant quelque temps, à monter ces jeunes contre les séniors qui étaient, donc, accusés, de vouloir s'approprier quelque chose qu'ils ne possédaient pas et de jouir des fruits d'un travail auquel ils n'ont pas participé. Ces esprits naïfs qui ont avalé la pilule, ont oublié que ces « têtes blanches » ont commencé très tôt la lutte contre la dictature et l'injustice, lorsqu'ils avaient leur âge, qu'ils s'étaient battus côte à côte avec eux contre l'appareil répressif de Ben Ali, pendant la période révolutionnaire, et qu'ils étaient là avec eux dans la rue à affronter les gaz lacrymogènes et les tirs de balles. Ils ont surtout oublié qu'une révolution est un processus évolutif qui s'étale sur plusieurs années et que les fruits ne peuvent en être cueillis qu'au bout de grands sacrifices. Mais heureusement que plusieurs de ces jeunes qui étaient sur un nuage se sont ressaisis et qu'ils ont fini par réaliser cette réalité. Cette prise de conscience les a persuadés de la nécessite d'avancer main dans la main, de conjuguer leurs efforts afin de pouvoir aller jusqu'au bout et faire réussir ce processus qu'ils ont enclenché ensemble, cet édifice auquel chacun d'eux a apporté sa petite pierre à sa manière. Bien que l'orage soit passé, plusieurs observateurs se sont mis à repenser certaines questions qui étaient posées avec acuité avant la Révolution. Ces questions se rapportaient à la désertification intellectuelle et politique des jeunes instaurée par Ben Ali et qui a amené ces derniers à se désintéresser de la chose publique. Ce manque de conscience flagrant, qui se remarquait surtout à l'université, le temple où se forgeaient les esprits révolutionnaires des générations précédentes, laissait désespérer les adultes. Ils étaient persuadés du fait que leur progéniture était ratée et qu'il ne fallait pas compter sur elle dans leur lutte d'émancipation à cause de son inculture et sa frivolité. Mais, à leur grande surprise et à leur grand bonheur, la Révolution était venue démentir ces convictions et démontrer qu'elles étaient de simples impressions. Ils s'en sont félicités, s'en sont voulu à eux-mêmes pour avoir mésestimé la valeur de leur jeunesse et se sont rassurés quant à leur prise de conscience de la réalité et de du devoir qui les incombe. Nonobstant, est-il vrai que le jugement des grands était basé sur de simples impressions ? Ou bien découlait-il de faits réels ?
La tête et les jambes
A voir le comportement général de nos jeunes, au cours de ce processus révolutionnaire, on ne peut que pencher vers cette seconde thèse, sinon comment explique-t-on leur recrutement massif pour aller pratiquer le « jiahd » en Syrie et ailleurs, comment explique-t-on l'option pour l'immigration clandestine par des milliers d'entre eux ? D'après les derniers recensements, la Tunisie est la première pourvoyeuse des terroristes « daechiens ». Déjà, à l'aube de la Révolution, un nombre impressionnant de nos jeunes se sont jetés dans la mer dans des barques de fortune et ont été appréhendés à Lampedusa où ils gisent encore sans parler de ceux qui étaient largués en pleine mer. L'événement était un affront pour la Tunisie révolutionnaire. Des gens du monde entier commençaient à se demander comment se faisait-il qu'un pays, qui venait de faire une révolution et où des horizons s'ouvraient, soit abandonné par ses jeunes. Ces événements majeurs étaient des indices révélateurs qui ont remis sur la table le thème d'antan relatif au niveau de conscience de nos jeunes. L'euphorie des premiers jours de la révolution a fait place à l'analyse rationnelle qui était abandonnée pour réconcilier les générations, se remonter le moral et se rassurer quant à l'avenir du pays. Avec le temps, il s'était avéré qu'une telle approche était erronée et qu'elle occultait la vérité. Comment voulons-nous que nos jeunes saisissent la réalité dans toute sa complexité et qu'ils atteignent le niveau de conscience escompté lorsque l'école ne leur prodigue pas l'enseignement requis ? Est-ce qu'avec des programmes aussi creux et aussi inconsistants qu'ils vont pouvoir se hisser à ce niveau ? Ce serait un miracle et il n'y a que les naïfs qui y croient. Notre école est en crise, c'est le plus grand ravage commis par Ben Ali. Les chiffres sont là pour avérer cette très désagréable et amère vérité : la première de nos universités occupe le 6700ème rang mondial, alors qu'aucune d'entre elles ne figure pas dans le Top 100 africain où on trouve un pays comme la Somalie où sévissent la guerre civile et la famine. Nos jeunes sont le produit de cet enseignement de qualité médiocre et les quelques satisfactions proviennent d'efforts personnels ou bien de l'apport des partis politiques militants qui les accueillent dans des cadres spécifiques où ils leur assurent la formation politique dont ils ont besoin pour accéder à la sphère des connaissances et de conscience afin qu'ils puissent être à même de comprendre le monde, de l'analyser et de trouver les moyens adéquats qui sont susceptibles de le transformer. Il est vrai que certains de ces partis pratiquent ce qu'on appelle une gérontocratie et excluent les jeunes des avant-postes, mais il est vrai aussi que d'autres, qui veulent simuler le contraire pour des visées électoralistes évidentes, placent des jeunes n'ayant aucune culture politique, au sein de leurs instances dirigeantes. Et l'exemple de Slim Amamou, nommé secrétaire d'Etat nommé auprès du Ministère du Sport et de la Jeunesse dans le gouvernement Mohamed Ghannouchi est là pour illustrer cette vérité. Donc, si la plupart de nos jeunes désertent les partis politiques ou bien qu'ils s'investissent dans l'associatif ce n'est pas seulement parce qu'ils se sentent exclus par leurs aînés, mais c'est également parce qu'ils n'ont pas acquis l'apprentissage qu'il faut en la matière et qu'ils n'ont pas la carrure pour occuper des positions avant-gardistes. Etre la locomotive de la Révolution n'a rien de surprenant, puisque une opération aussi vigoureuse a, forcément, besoin de la force sociale la plus importante, incarnée par la jeunesse. Mais en rester là, c'est donner l'impression que la tête ne suit pas les jambes...


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