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De fil en aiguille
Publié dans Le Temps le 30 - 08 - 2014

Thierry Frémaux le voulait pour Cannes, mais il n'était pas prêt. C'est donc à Venise que Birdman a déployé ses ailes, en grand : en ouverture de la 71e Mostra et en compétition. Le nouveau film d'Alejandro Gonzalez Iñarritu a en effet de quoi épater : réalisé par un auteur que les festivals s'arrachent et que le public plébiscite, réunissant une fabuleuse brochette d'acteurs (Michael Keaton, Edward Norton, Zach Very Bad Trip Galifianakis, Naomi Watts, Emma Stone...), il s'empare d'un des plus grands mythes des années 1990 : le Batman de Tim Burton.
Pour des raisons faciles à imaginer, Batman est devenu Birdman, mais c'est le même genre : un grand type avec un masque qui lui couvre la moitié supérieure du visage, de grandes ailes de corbeau en lieu et place de la cape de chauve-souris, une voix caverneuse... Et le même acteur, Michael Keaton, pour l'incarner. Ou plus exactement pour l'avoir incarné, dans les années 1990. Depuis, il n'a pas fait grand-chose.
Après un premier plan sur une météorite qui chute, on le découvre en lévitation, dans une chambre miteuse (qui « sent le slip », commente la voix de l'acteur, en off) qui s'avère être la loge d'un théâtre de Broadway. Nous sommes à quelques jours de la première de Parlez-moi d'amour de Raymond Carver, une pièce qu'il met lui-même en scène, et avec laquelle il espère se remettre en selle et donner un sens à sa vie.
Rien ne va comme il faudrait, à commencer par un des acteurs, dont la nullité lui paraît tellement irrécupérable qu'il se débrouille pour lui faire tomber un projecteur sur la tête et recruter, pour le remplacer, une vedette de théâtre. Interprétée par Edward Norton (ex-Hulk), celle-ci va apporter son génie pervers à la pièce tout en volant la vedette au metteur en scène.
« Les 1990's, c'est fini ! Tu n'existes pas ! Tu n'as même pas une page Facebook ! », lui répète sa fille (Emma Stone, ex-girlfriend de Spider-Man), qui sort de cure de réhabilitation. « Tu n'es qu'une rature ! », hurle dans sa tête la voix grave qui ne le quitte jamais, et se matérialise lorsqu'il est seul dans sa loge sous la forme de Birdman : « Tu n'aurais jamais dû refuser Birdman 4 ! Tu étais une vedette de cinéma ! ».
« OPENING NIGHT » À L'HEURE D'INTERNET
Le film se déroule presque entièrement à l'intérieur du théâtre, ce lieu où, on le sait, la vie se déchaîne toujours avec l'intensité la plus folle. Sur ce plan, il ne manque pas d'efficacité. Ça court, ça se bat, ça se drague, ça pleure, ça joute verbalement... Le duel entre Keaton et Norton, qui lui vole la vedette non seulement en tant que personnage mais aussi en tant qu'acteur, un peu comme Jack Nicholson le faisait du temps de Batman, est sans doute ce que le film offre de plus savoureux.
Alejandro Gonzalez Iñarritu a voulu transposer Opening Night à l'ère du cinéma de super-héros, d'Internet, de l'accélération du temps, de la dématérialisation des rapports humains, de la guerre de tous contre tous pour une minute de notoriété... Pari ambitieux, dont la réussite aurait sans doute demandé un peu plus de finesse dans la mise en abyme, un peu plus d'inspiration dans les scènes fantastiques, mais surtout, de l'amour pour ses personnages.
Et cela, le cinéaste mexicain qui n'a jamais cessé, depuis Amours Chiennes, de dépeindre une humanité viciée, cynique, dont aucun individu ne mérite véritablement d'être sauvé, n'en semble pas capable. La cruauté dépourvue de toute empathie avec laquelle il filme Michael Keaton, affalé dans la rue au petit matin, au milieu des poubelles, résume bien sa démarche – en tout point opposée à celle de John Cassavetes. En réduisant ses personnages d'acteurs – et les autres avec, puisque, avec Internet plus que jamais, le monde est une scène – à la figure de monstres narcissiques racornis par leurs névroses, il interdit que l'on s'intéresse à eux.
UN AUTOPORTRAIT CARICATURAL DE LARRY CLARK
Le vieux corps de Michael Keaton gisant à même le bitume rappelait celui d'une autre gloire passée, vu deux heures plus tôt dans une autre salle du Lido : celui de Larry Clark, qui s'est lui-même mis en scène, une fois n'est pas coutume, dans The Smell of Us, le film qu'il a tourné l'été dernier à Paris. Il y campe une vieille épave, alcoolique au dernier stade, ignoblement libidineuse, qui paye les jeunes skateurs du 16e arrondissement pour leur sucer les doigts de pieds et plus si affinités – un autoportrait caricatural, suintant la haine de soi, est-on tenté de penser en voyant le film.
Fruit d'un tournage extrêmement conflictuel, le film reconduit, en effet, le regard concupiscent de ce personnage sur ses jeunes compagnons, en montrant plus volontiers leur entrejambe et leurs tétons que leurs visages. Calée sur une intrigue ultra-minimaliste, sous-tendue par une morale bidon, cette esthétique qui a toujours fait la signature de Larry Clark semble n'avoir plus d'autre justification qu'elle-même. Les plans sont toujours très beaux, mais leur enchaînement n'a jamais été si embarrassant.


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