Que devient l'école tunisienne en ces temps désolants où le métier de l'enseignant ne se fait plus, à quelques exceptions près, par passion mais par calcul de profit ? D'aucuns croient que la chasse au profit a infiltré l'enseignement. Marchandisation du savoir et clientélisme de l'apprenant ... L'école, au mieux, devient-elle une entreprise se limitant à une stricte affaire commerciale en dépit de l'apprentissage et du développement de la créativité des écoliers ? Les Cours particuliers voici un fait devenu au fil des années un véritable phénomène qui risque fort de serrer l'étau sur la bourse familiale. Les cours particuliers qui devraient apporter un soutien scolaire à des enfants en difficulté se généralisent aujourd'hui pour concerner quasiment toutes les matières et tous les âges y compris la première année de l'enseignement de base ! Les abus deviennent monnaie courante pour que ce qui était une exception devient une règle à suivre : les cours particuliers qui devraient apporter un soutien scolaire à des enfants en difficulté se généralisent et échappent au contrôle de l'Etat. C'est cette maîtresse d'une école de l'Ariana qui demande à ses élèves, un par un, de suivre des cours particuliers chez elle en demandant à chacun d'observer le silence et de garder le secret ... de Polichinelle. Les élèves se retrouvent dans le lieu et à l'heure indiqués par l'enseignante indigne et découvrent que quasiment toute la classe va prendre des cours à 50 DT, à raison de trois heures par semaine. Les mêmes élèves ont été contraints par le directeur de l'école à payer des cours particuliers à l'école, pour la même matière enseignée par la maîtresse citée, pour un prix fixé à 20 DT. On rappellera bien entendu cette circulaire de 2009 du ministère de tutelle, ayant remarqué depuis des années déjà l'ampleur du problème pour rappeler à l'ordre des enseignants cupides, et passer en revue le cadre légal qui régit les cours particuliers. On peut lire dans un passage que « suite aux multiples doléances émanant des parents d'élèves concernant les nombreux abus commis par certains enseignants qui ne respectent pas les règlements des cours particuliers en vigueur, ce qui porte atteinte au statut du corps enseignant et à la déontologie du métier... » La situation malheureusement n'a pas changé depuis, seuls les tarifs ont augmenté pour qu'un parent d'un lycéen en classe terminale débourse quasiment mille dinars pour les cours ''très'' particuliers qu'il dispense à son fils. On aura bien connu des parents qui se retrouvent obligés de solliciter un prêt bancaire pour payer des cours extra scolaires dont leur enfant n'en a pas besoin. « J'ai peur du harcèlement que mon fils pourrait subir si jamais je ne l'inscrivis pas aux cours dispensés par ses professeurs. Ces derniers peuvent abuser de leurs positions pour diminuer une note ou la gonfler», confie cette maman qui n'a pas le sou et qui se retrouve obligée de payer des cours particuliers qui dépassent de loin son budget familial. Nos enfants sont-ils égaux face à l'apprentissage ? Bien sûr que non. Il va sans dire que les cours particuliers qui motivent les rapaces de l'enseignement et animent « le marché parallèle du savoir » discréditent le métier de l'éducateur et vont à l'encontre de la déontologie d'un métier fait pour donner et non pas pour recevoir avidement, âprement et sans modération aucune. Les cours particuliers trahissent, par ailleurs, ce droit à la gratuité de l'enseignement public. Un problème qui devrait être à l'ordre du jour du débat national sur la réforme de l'enseignement qui sera lancée à partir du 15 octobre prochain.