Dupé des décennies durant, le peuple tunisien n'admet plus de l'être encore après la Révolution. En effet, quelques heures après la fin des délais de dépôt des candidatures aux élections présidentielles, des voies se sont élevées pour dénoncer les fraudes constatées dans les listes de certains candidats qui ont usurpé des noms de personnes en les mentionnant sans avoir obtenu au préalable leur accord et leur signature, tout en obtenant la caution de députés moyennant des rétributions importantes d'argent. Ces manipulations ont été relevées par les instances de l'ISIE au lendemain de la clôture des dépôts et lors des vérifications d'usage. C'est que les pratiques de l'ère Ben Ali sont encore d'actualité et leurs apprentis sont encore là. Mais les temps ont changé et ces manœuvres sont aujourd'hui dénoncées avec véhémence par toutes les composantes de la société civile. La découverte de dépassements, a suscité la colère de la grande majorité des tunisiens dont certains se sont précipités pour crier à la malversation et demandé de juger les fautifs selon la loi. Mais pourquoi nous en sommes arrivés à cette situation ? Failles juridiques Lors de l'élaboration du code électoral, les élus du peuple ont ouvert la porte à ce genre de machination en admettant la caution des députés et celles des tunisiens sans mettre des balises de protection afin d'éviter des dérapages. Ces failles ont donné lieu à des dépassements aussi bien auprès des députés que lors du « ramassage » des signatures de bénédictions des personnes, dont certains ont été surpris de voir leur nom figurer sur les listes des candidats. Aussi faut-il à l'avenir repenser les textes et à retenir les leçons pour pouvoir remédier aux lacunes existantes et promulguer un code sans faille pour parer à toute tentative de fraude comme c'est le cas aujourd'hui. Selon des sources généralement bien informées, quelques candidats sont mis en cause. Ainsi, les noms d'Abderahim Zouari, Mondher Zenaïdi, Farès Mabrouk, Mustapha Kamel Nabli, Noureddine Hached ont été cités. Mais ces personnes peuvent-elles être inculpées alors que ce sont d'autres personnes de leurs partis qui ont été chargées de collecter les parrainages et ce sont eux qui ont orchestré toute cette machination usant de tous les méthodes illégales pour « arracher » à de pauvres citoyens des signatures contre des promesses chimériques. Ces personnes seront-elles dénoncées par leurs « patrons » et quelle répercussion peut avoir leur forfait sur l'avenir politique des candidats. Toutes ces questions et bien d'autres resteront sans réponses en attendant le verdict de la justice. Que dit la loi ? Maintenant que le mal est fait, et que les preuves de falsifications et de fraudes existent il faut s'en remettre à la justice qui prendra les décisions qui s'imposent. A ce titre une enquête a été ordonnée par le Procureur de la République pour élucider la situation, après la requête déposée par l'ISIE. Depuis, plus de 200 personnes ont fait de même et ce n'est pas fini. Suite à une dénonciation de fraude émanant d'une personne qui déclare que son nom a été porté à son insu sur la liste de l'un des candidats aux élections présidentielles. Par ailleurs nous apprenons que deux des dirigeants des plus influents à « Nida Tounés » s'apprêtent à faire de même après s'être aperçus que leurs noms figuraient sur la liste de Mondher Zenaïdi et Kamel Nabli. La machine juridique est déjà en branle, mais l'affaire ne sera pas simple à traiter et les investigations, les confrontations et les interrogatoires peuvent bien s'éterniser alors que la date des élections est déjà fixée et ne saurait être reportée pour aucune raison. Pourtant les textes de loi sont clairs. Les auteurs de faux et d'usage de faux peuvent encourir des peines allant jusqu'à 6 ans d'emprisonnement, comme le stipule l'article 158.