Les crimes politiques, de par le monde entier, sont rarement élucidés. Ou alors il faut attendre pendant longtemps, très longtemps : la moitié d'une décennie en moyenne, pour y parvenir. Et ce n'est jamais fortuit qu'un dossier soit dépoussiéré, et les faits, remis, comme par miracle à l'ordre du jour. Il y a toujours, immanquablement, anguille sous roche. Mais la quête de la vérité, pure et dure s'avère être, dans la majorité des cas, une manière de noyer le poisson, lorsque l'objectif initial qui y prévaut, serait d'attirer les regards, dans une direction aux antipodes. Histoire de justifier de l'injustifiable. Et peu importe les moyens pour y parvenir... De l'abjection ? La Chaîne El Jazira n'en n'est pas à un détail près, lorsqu'il s'agit de fouiller dans les « poubelles », en inventant sa propre sauce, pour ne pas changer, pour que le plat en soit plus ragoutant, façon maison, sans états d'âme, et avec la bonne conscience du devoir accompli. Enfin, c'est une façon de parler... Car, en réalité, rien n'est laissé au hasard, et tout est calculé au millimètre près, pourque la flèche atteigne sa cible, en plein cœur de préférence, pour qu'il n'y ait aucune chance de salut. Sauf qu'elle y va, et de plus en plus, avec des gros sabots, et avec la délicatesse d'un éléphant lâché dans un magasin de porcelaine. Alors, au lieu que ça fasse mouche, ça fait tilt. Et c'est encore une fois le cas avec le « pseudo » pavé dans la mare, qu'elle a lâché à un moment, fort opportun à ce qu'elle croit, sur l'assassinat du martyr de la République feu Chokri Belaïd. Un docu-fiction, s'il en est, à sa manière, mais qui lui revient, comme un boomerang, au visage, parce qu'il était cousu de grosses ficelles, et que ça ne sentait, franchement pas bon. C'est le moins que l'on puisse dire. Oser toucher ainsi, à la sphère intime des gens, dans le but de jeter le discrédit et l'opprobre, comme une ombre maléfique, sur une famille qui a déjà assez souffert comme cela, c'est montrer, encore une fois, si besoin est, que le minimum requis, d'une quelconque éthique journalistique, n'a pas de place dans une chaîne, autrement désavouée d'ailleurs, puisqu'elle est en chute libre, et c'est irréversible, depuis qu'elle s'est mêlée de faire dans la manipulation médiatique, très ras-le caniveau, convaincue que la « superpuissance » de l'argent, pouvait légitimer toutes ces actions, et peu importe que la vérité soit foulée aux pieds impunément, pourvu qu'elle y trouve son compte. Mais a-t-elle trouvé son compte en programmant ce prétendu dossier « brûlant », sur une affaire, non encore élucidée, mais dont on est sûr du moins, de quelle nature elle relève ? Rien n'est moins sûr... Ce qui est certain, par contre, c'est que la Tunisie, n'oubliera jamais Chokri Belaïd, ni Mohamed Brahmi, ni tous les martyrs de la République, qui en font, et en feront la grandeur, jusqu'à la nuit des temps. Les desseins de la chaîne El Jazira sont tout petits ; et Chokri Belaïd trop grand pour qu'ils puissent l'atteindre, même par- delà l'absence, car il portait son pays, dans son cœur, comme un talisman, et il dérangeait. Il aura payé le prix fort, pour son patriotisme, courageux et sincère, et qui ne supportait ni les compromis, ni les compromissions. En salir la mémoire, même par ricochet, surtout en faisant mine de ne pas y toucher, c'est tout simplement odieux. Et c'est le moins que l'on puisse dire...