On a cours à 8h, on rejoint les bureaux à 8h30, on a rendez- vous à l'hôpital à 9h... Dans tous les cas on devrait quitter la maison minimum 2 heures à l'avance pour peut-être arriver à temps à notre destination, avec 20 minutes de retard au meilleur des cas. C'est le souci quotidien du citoyen tunisien, son calvaire éternel avec le transport public. Bien que le problème a été soulevé à plusieurs reprises par les médias, la solution est loin de se concrétiser, bien au contraire, la situation empire. Quelle alternative doit trouver le citoyen pour ne pas manquer ses rendez-vous et engagements de tous les jours ? A quand une vraie revalorisation du secteur du transport? Réclamations vaines... Devant l'image des foules de gens aux stations de bus, de métro ou de train, et face à l'encombrement des moyens de transport, l'heure de pointe n'est plus fixée à un moment précis de la journée. Les citoyens déplorent le manque d'organisation et l'insouciance des responsables du transport. Meriam, une étudiante au campus El Manar, habite à la banlieue nord, et est obligée de prendre le TGM ainsi que le métro chaque jour pour rejoindre à la faculté où elle ne peut que rarement assister au cours de 08h00. « Pour y arriver à temps je dois me réveiller tôt le matin à 5h » se désole-t-elle. Le problème est, d'après elle, inhérent aux travaux de la ligne du TGM qui viennent d'être partiellement finis, ayant pris beaucoup plus de temps qu'il n'en faut. Quant aux métros, les retards sont inexplicables puisque le trajet du métro ne rencontre pas les tracas de l'embouteillage. Elle rajoute qu'elle se trouve obligée quelquefois de prendre des taxis ou bien le transport privé et cela ne l'aide pas du tout du côté financier. «Il est temps pour que les autorités de tutelle réagissent sérieusement ! » finit-elle. Mme. Halima, ouvrière dans une institution publique, doit pointer à 7h du matin et trouve de la peine à être ponctuelle. Elle dit que les bus n'arrivent jamais à temps et si on rate un, on passe plus que 20 minutes à attendre le suivant, sachant que les bus sont pleins à craquer dès 6h. Elle indique aussi qu'à l'heure de rentrer, elle rencontre le même problème et arrive chez elle épuisée. D'une autre part, Mme Halima ne peut se hasarder à prendre un taxi car son salaire serait absorbé avant la moitié du mois, dans ce cas, mieux vaut rester chez elle que se fatiguer à se déplacer pour travailler. Elle appelle les médias d'en parler plus et de faire la pression sur les responsables pour qu'ils bougent face à ce problème. M.Abderraouf, fonctionnaire d'Etat, souffre pour sa part des retards successifs des moyens de transport et affirme être dépité d'aller travailler. Il ajoute que c'est pareil qu'il fasse chaud ou froid, c'est toujours insupportable de passer un tiers de la journée à courir derrière les moyens de transport ou à les attendre. Il a aussi soulevé le problème de l'état désuet des moyens de transport évoquant l'étanchéité de la tôle qui laisse échapper l'eau de pluie, les portes à vitres brisées, les fenêtres qui ne se ferment jamais, et les pannes fréquentes qui surviennent à mi-trajet. M. Aberraouf se demande si le secteur est en manque de budget à ce point, pour pouvoir assurer un service de qualité, malgré la hausse des prix des tickets et les « 20 millimes qu'on nous rend jamais sinon rarement aux guichets » dit-il. Du côté de l'administration Le Temps a contacté un responsable administratif à la Société Nationale du Transport, SNT, M. Rafrafi Imed qui a donné quelques explications sur la situation du transport en Tunisie. Il considère que la responsabilité est partagée entre les usagers et les employés de l'SNT, et que les gens ont tort de penser que les responsables ne prennent pas en considération leurs réclamations. Il a également indiqué qu'au lendemain de la Révolution tous les secteurs vivent dans l'anarchie totale, cela mettrait du temps pour y remettre de l'ordre. De plus, il est à noter, d'après lui, que les retards qui surviennent sont généralement causés par les usagers eux-mêmes, surtout les jeunes qui n'ont pas acquis la conscience de l'utilisation d'un moyen de transport et prennent le risque de tenir les portes sinon qu'ils s'amusent s'amuser à mettre les moyens de transport hors d'état d'usage. M. Rafrafi a tenu à rappeler que le secteur du transport souffre d'un manque de personnel auquel la SNT commence à remédier pour combler, autant que possible, les lacunes. En effet, il indique que la société a récemment recruté des gens qualifiés qui reçoivent une formation et seront là pour veiller à la sécurité des usagers et au bon fonctionnement des moyens de transport. Il a, d'une autre part, mentionné que les travaux effectués aux chemins de fer prennent généralement du temps et contribuent, en effet, aux problèmes soulevés par les usagers quant à la question des équipements détériorés cela nécessite également la réparation ce qui engendre un manque au niveau des moyens mis en service. Il a fini par affirmer que les cadres de l'SNT travaillent dur pour améliorer le secteur et satisfaire les usagers, en cherchant les solutions adéquates et réalisables. Les usagers, de leur part, devraient se comporter de manière civilisée avec les moyens de transport et les préserver afin d'obtenir un meilleur service. Ce dossier reste ouvert au débat tant qu'il n'y a pas de concrétisation des solutions envisagées dans ce secteur. Ce dysfonctionnement, ces retards continuels engendrent automatiquement tant d'autres paralysies dans la majorité des secteurs vitaux dont principalement l'économie. Entre temps, les citoyens sont encore en train d'attendre l'arrivée du bus, du métro ou du train.