La barbarie a atteint les limites de l'intolérable avec la décapitation, la nième, d'un agent de la Garde nationale du côté du Kef et toutes les justifications, pour couvrir l'impuissance... notre impuissance, aussi bien celle de l'Etat justicier et ordonnateur de la sûreté générale que celle des citoyens « propriétaires » de ce même Etat, ne peuvent que crier notre « culpabilité » ! Oui, nous sommes tous moralement des « assassins » comme l'aurait dit Sartre, tant que ces crimes resteront impunis et tant que nous n'aurons pas investi les moyens qu'il faut matériels et humains pour éradiquer et de la manière la plus ferme et à la source, ce fléau ravageur. Dire que le terrorisme est un phénomène mondial pour atténuer notre responsabilité morale et physique, dire que le terrorisme existait du temps de Ben Ali et même Bourguiba, faisant allusion à Soliman et d'autres lieux du déploiement de cette triste épidémie, dire enfin que la transition post-révolutionnaire de ces quatre dernières années, qui a laissé faire et encourager la germination du phénomène, dire tout cela, ne peut occulter la faillite d'un système sclérosé et débordé de toutes parts pour mettre fin à ce mal à la limite de l'incurable et qui plus que jamais nécessite l'admission d'urgence au « bloc opératoire » ! Oui, tout est à revoir, l'équipement la logistique, le recyclage et la crédibilité offensives des forces d'intervention, toutes catégories. Enfin tout est à revoir au niveau de l'aménagement des zones frontalières les routes, les pistes montagnardes pour permettre l'accès facile à la réaction de défense et surtout d'attaque de ces groupuscules de plus en plus insaisissables et « invisibles » et protégés par des complicités locales, connues de tous. Quelqu'un parmi les anciens ministres de l'Intérieur les plus respectables des années 70 et connu pour son libéralisme et sa défense des Droits de l'Homme et des libertés publiques avait coutume de dire face aux « terrorismes » de l'époque : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » ! Aujourd'hui et devant une barbarie innommable, disons le haut et fort : « Pas de droits de l'Homme pour les assassins de nos forces de l'ordre de nos soldats et de nos leaders politiques et sociaux » ! Parce que tout simplement, nous sommes aujourd'hui, en démocratie et dans un Etat de droit, où seul l'Etat doit être le dépositaire de la force publique et de la violence légale. Traiter le terrorisme par l'éducation, la prévention et l'éradication de la pauvreté est certes un devoir pressant. Mais, l'urgence... la première c'est de sauver la vie et sa sacralité, sans quoi il n'y a plus rien, ni Etat, ni société, mais le désert fasciste, tel que décrit par Annah Arendt, la philosophe allemande dans son maître ouvrage : « Les origines du totalitarisme » (1973). La Tunisie doit survivre au terrorisme aveugle par une détermination sans faille et une solidarité complète et totale. Hassen Soltani, on ne t'oubliera pas ! En rejoignant ton camarade martyre Socrate Cherni, tu as rejoins l'éternité, mais tôt ou tard, ton sang sera vengé au nom de la loi ! K.G