Comparé à l'année dernière, la Tunisie produira 260 mille tonnes, contre 70 mille tonnes la saison précédente. Notre pays garantira de ce fait, son autosuffisance en huile d'olive et n'aura pas à en importer. Il est à rappeler que les opérations de vente des olives à huile ont commencé depuis le début du mois de novembre 2014, en ouvrant la plupart des marchés, et en entamant la commercialisation de cette denrée alimentaire dans les fermes et régions de production où ses prix ont varié entre 700 et 1000 millimes le kilogramme, sachant que le prix le plus pratiqué est 850 millimes. Concernant la transformation, près de 930 huileries ont ouvert leurs portes jusqu'à la fin du mois de novembre 2014 avec une capacité de transformation aux alentours de 22 mille tonnes. Concernant les prix de vente de l'huile d'olive dans les huileries, ces derniers oscillent entre 6 et 6,5 dt le litre selon les données du ministère de l'Agriculture, une légère augmentation du prix par rapport à celui de l'année dernière. Cette hausse de prix a suscité plusieurs interrogations surtout que la production d'huile d'olive de cette année est beaucoup plus abondante par rapport à celle de l'année dernière ce qui conduira normalement, dans la pensée commune, à une baisse de prix. M.Abdelkarim, expert à l'Office National d'Huile(ONH), a essayé de nous expliquer le lien qui existe entre la hausse des prix et la quantité de production, ainsi que le rôle de l'Office dans le secteur oléicole. « Les prix de l'huile d'olive sont étroitement liés au marché mondial et à la bourse oléicole internationale. Vu qu'on n'a pas de bourse oléicole en Tunisie, on se trouve dépendant de la bourse de Bari en Italie ou celle en Espagne, Jaén. Du coup, quand un acheteur de l'Italie ou de l'Espagne achète le litre de 6,5 dt, le prix sur le marché se fixe à 6,5 dt et l'acheteur tunisien est contraint d'acheter au même prix, le prix du litre d'huile d'olive dépendra de ce fait, de l'exportation. » Nous indique M.Abdelkarim. « 30 mille tonnes d'huile d'olive seront destinés à l'exportation cette année vers des pays producteurs d'huile d'olive comme l'Italie et l'Espagne, ainsi que vers d'autres pays comme les Etats-Unis, les pays du Golfe, la Chine ou encore le Japon. » Ajoute-t-il. Cette hausse est inhérente aussi à la privatisation du secteur oléicole et la libéralisation du marché après 1994. Avant 1994, l'ONH précisait, sous tutelle du ministère de l'Agriculture, une grille des prix qui varient des prix de l'huile extra vierge à l'huile lampante. L'oléifacteur fixe de ce fait, ses prix selon cette grille. L'Office National d'Huile détenait le monopole du marché d'huile d'olive, c'est lui qui achetait toute la production oléicole et la vendait à des prix modérés en laissant de côté, une partie pour la consommation locale, qui génère une marge de gain donné aux agriculteurs sous forme de ristourne. Par contre, le rôle de l'ONH s'est dégradé après 1994, il se contente à présent, de contrôler la qualité d'huile d'olive et de vérifier sa conformité aux normes du Conseil Oléicole International. L'ONH achète encore une petite quantité d'huile d'olive au titre d'une nouvelle structure au nom de « ONH Export ». Le prix de ce fait, est dorénavant fixé en corrélation avec l'offre et la demande extérieure ainsi que le produit importateur. Rappelons que le déficit pluviométrique, enregistré lors de la saison 2013/2014, avait endommagé les oliviers et impacté le volume de la production de la prochaine saison. 15 millions de pieds d'oliviers ont subi des dessèchements. Un programme d'irrigation et de sauvetage de 4 millions de pieds d'oliviers dans les gouvernorats qui ont subi des dégâts a été mis en place et consistera en l'octroi d'une prime d'irrigation des oliviers menacés de dessèchement. Pour sa part, M. Slim Saadallah, vice-président de l'Organisation tunisienne de défense du consommateur (ODC) insiste sur la cherté de l'huile d'olive et son impact sur le pouvoir d'achat du citoyen où ce dernier ne peut plus répondre à ses besoins quotidiens en la matière et se trouve contraint d'utiliser d'autres alternatives à l'huile d'olive comme l'huile végétale (huile de maïs, huile de tournesol ou encore huile de cacahuète.) Selon M.Saadallah, cette hausse de prix est due à la cherté de la main d'œuvre, au manque flagrant des ouvriers, à l'augmentation précipitée de la demande du marché ainsi qu'au manque du produit d'huile d'olive sur le marché international. L'ODC appelle également, l'Etat à subventionner les agriculteurs et à être à leur écoute afin de mieux cerner leurs préoccupations, leurs soucis et leurs réclamations. L'Organisation propose aussi, en tant que solution, l'importation des machines qui remplaceront les ouvriers afin de minimiser les coûts de la cueillette des olives et automatiquement baisser les prix de l'huile. La flambée des prix de l'huile d'olive touche de près ou de loin l'économie du Tunisien au premier lieu et l'économie du pays d'une manière générale. Il faut de ce fait, envisager une solution radicale à cette hausse respectant à la fois, le pouvoir d'achat du citoyen ainsi que la marge de gain de l'agriculteur.