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L'inspirateur de Tahar Cheriaa
Publié dans Le Temps le 08 - 01 - 2015

Le cinéaste français René Vautier est mort dimanche dernier en Bretagne, à l'âge de 86 ans. Grande figure du cinéma anticolonialiste, Vautier a tourné de nombreuses œuvres marquantes, parmi lesquelles "Afrique 50", "Algérie en flammes" ou encore "Avoir vingt ans dans les Aurès".
Pleinement engagé avec le FLN algérien, Vautier avait rejoint les maquisards et sera même poursuivi en France pour atteinte à la sûreté de l'Etat.
Ce cinéaste vivra d'ailleurs pour un temps en Algérie où il dirigea le centre audiovisuel d'Alger et sera secrétaire général des cinémas populaires.
Il est également connu pour ses coréalisations avec Chris Marker. Vautier continuera à tourner jusqu'en 1998 avant de se retirer en Bretagne où il est né à Camaret en 1928.
Une carrière tunisienne
René Vautier a connu dans sa vie plusieurs épisodes tunisiens. Pour l'anecdote, il fut l'un des inspirateurs des jeunes Tahar Cheriaa et Omar Khlifi qui faisaient leurs premières armes dans la Tunisie post-indépendante.
Il est d'ailleurs fort probable que c'est l'engagement militant de Vautier qui déclencha chez Tahar Cheriaa le désir de fonder les Journées cinématographiques de Carthage en rupture avec les " écrans d'abondance".
Il serait alors une sorte de père spirituel des JCC, une racine obscure dont l'exemple se conjugue avec l'engagement en faveur de ce festival des pionniers que furent Ousmane Sembene et Youssef Chahine. Les JCC d'aujourd'hui sont bien loin de l'esprit des fondateurs...
L'œuvre tunisienne de Vautier comprend quatre films dont certains sont bien connus du public. Ces films sont "Plages tunisiennes"(1956), "Les anneaux d'or"(1956), "Karim et Leyla"(1960) et "La Folle de Toujane"(1974).
« Les annaux d'or » et Claudia Cardinale
"Les anneaux d'or" est la toute première œuvre tunisienne de René Vautier. Sur un scénario de Sassi Rejeb et des images de Pierre Clément, cette fiction de 14 minutes est le tout premier film de Claudia Cardinale.
La belle italienne de Tunis y fait en effet sa première apparition au cinéma et aura ensuite la carrière qu'on connait.
Durant de longues années, ce film a représenté la Tunisie dans de nombreux festivals internationaux et se distinguera même en obtenant à Berlin l'Ours d'argent du court-métrage.
Le scénario du film est assez linéaire. On y découvre une communauté de pêcheurs frappée de plein fouet par une crise économique. Confrontés à une réalité des plus dures, les pêcheurs d'un village qui, d'ailleurs n'est autre que Mahdia, sont obligés de vendre leurs barques.
C'est alors que les femmes du village mettent en commun leurs bijoux, leurs anneaux d'or, pour pouvoir sortir de la crise et acheter un chalutier. La vie reprendra alors son cours...
Film didactique, trempé dans une analyse marxiste assez simpliste, "Les anneaux d'or" a ému le public de son époque.
Moins connu, son film "Plages tunisiennes" est une fiction sur laquelle nous ne disposons d'aucune information sinon que le film est disponible dans certaines cinémathèques en France. S'agit-il d'une commande, d'un film alimentaire ou d'une oeuvre qui compte? Difficile à savoir...
« Karim et Leyla » avec Aly Ben Ayèd
Par contre, "Karim et Leyla" est un film mieux connu. Il s'agit en l'occurrence d'une des toutes premières productions de la Satpec en 1960. Pour mémoire, la Société anonyme tunisienne de production et d'expansion du cinéma (Satpec) avait été créée en mai 1957 et avait commencé ses activités en décembre 1960.
Le film "Karim et Leyla" a été tourné à Gabès avec dans les principaux rôles Aly Ben Ayed et Fatma Ben Mabrouk. Cette dernière, selon Omar Khlifi, avait été repérée lors de son passage dans le film "Une page de notre histoire" et retenue par Vautier. Il s'agirait d'une étudiante de l'école des Beaux-arts.
D'ailleurs, au générique de ce film, on retrouve Omar Khlifi, Hatem Ben Milad (assistant de Vautier) et Hamouda Ben Halima (conseiller). Le film est de veine épique voire folklorique et met en scène un cavalier des Béni Zid ébloui par la beauté d'une belle et les tribulations par lesquelles ils devront passer pour vivre leur amour.
En fait, ce court-métrage semble avoir été une commande de l'Office du tourisme tunisien qui devait l'utiliser pour la promotion de la destination Tunisie. Pour la petite histoire, Vautier avait signé le film du pseudonyme de Férid Dendeni, ce qui est de nature à brouiller quelque peu les pistes.
Le sillage intact de «La folle de Toujane»
Le film tunisien le plus connu de René Vautier reste son long-métrage "La Folle de Toujane, un classique des ciné-clubs des années 70. Dans cette œuvre coréalisée en 1974 avec Nicole le Garrec, Vautier raconte l'itinéraire de deux amis d'enfance qui s'aiment mais que la réalité sépare. Lui ira en Tunisie et sera le témoin des indépendances tunisienne et algérienne. Elle restera oisive dans un Paris routinier.
L'histoire de cet amour devenu impossible se juxtapose à un argument plus politique autour de la rupture avec la société ou l'insertion dans un modèle dominant, autour aussi de l'engagement et du refus.
Détail important, ce film est sous-titré "Comment on devient un ennemi de l'intérieur", ce qui renvoie au parcours heurté de Vautier lui-même. En outre, cette oeuvre demeure visionnaire par son aspect brouillon, inachevé que ne renierait pas un Perec alors enseignant en Tunisie.
Tourné à Toujane, entre Matmata et Médenine, l'oeuvre vaut aussi par sa beauté plastique et la manière dont elle présente le personnage de Roger (Gilles Servat) aux prises avec la solitude et la difficulté de s'adapter dans un milieu culturellement différent.
Enfin, "La Folle de Toujane" est de ces œuvres visionnaires dans la mesure où elle bouscule les frontières entre le réel et la fiction, le documentaire et l'imaginaire. En son temps, ce film avait été salué par le prix de la Fédération des ciné-clubs au festival de Cannes 1974.
L'œuvre a été souvent vue en Tunisie et beaucoup de cinéphiles se souviennent encore des aventures de Roger l'instituteur français qui enseigna à Toujane avant de se retrouver dans l'Algérie en guerre.
Le ciné-club "Pelliculture" devrait en ce sens rendre hommage à René Vautier et évoquer son parcours tunisien, durant le mois de février 2015.
Vautier, un cinéaste français qui a mérité de la Tunisie et dont la mémoire sera donc saluée par les cinéphiles et le public tunisien.


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