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Afek et Ennahdha font leur entrée, le front fidèle à sa logique
Publié dans Le Temps le 31 - 01 - 2015

On commence, enfin, à voir le bout du tunnel, puisque, selon des sources, Habib Essid, annoncera, lundi prochain, la nouvelle composition de son gouvernement, qu'il va pouvoir finaliser après avoir recueilli, pratiquement, les avis de tous les protagonistes. L'ARP examinera la nouvelle composition, deux jours après, c'est-à-dire, mercredi, avant de passer au vote de confiance. Cependant, cette date, supposée être salutaire, ne marquerait-elle pas l'entrée à un nouveau tunnel ? Si oui, ce tunnel serait encore plus sombre et plus long que son devancier, car là, il ne s'agirait plus d'une simple date et d'un choix de partenaires et de noms, mais de tout un processus politique et social dont dépendront l'avenir et le salut de la Tunisie.
Une coalition à risque
Les dernières tractations ont dissipé le doute et nous ont permis de voir plus clair quant à la composition définitive du gouvernement Essid. Il sera, vraisemblablement, composé de Nida Tounes, Afek Tounes, l'UPL et Ennahdha, la partie politique contestée aussi bien à l'intérieur du parti majoritaire qu'en dehors. Lazhar Akermi, le porte-parole, était explicite sur ce point, en déclarant, avant-hier, sur le plateau de la chaîne Nessma, qu'on ne pouvait pas négliger le parti qui détient 69 sièges au sein de l'ARP, ajoutant que sa présence dans le nouveau gouvernement est un gage de stabilité politique et de sécurité, tout en soulignant qu'un schisme en son sein portrait atteinte à l'équilibre de la scène politique tunisienne. L'analyste Slaheddine Jourchi, de son côté, a noté que l'exclusion d'Ennahdha du gouvernement donnerait l'opportunité à d'autres parties islamiques, qui sont à sa droite, d'occuper le terrain. On peut dire que le parti de Rached Ghannouchi a réussi à provoquer un clivage à Nida Tounes et à assurer son retour sur l'échiquier politique. D'après certains observateurs, ce come back il ne le doit pas au nombre de sièges qu'il a obtenus aux élections, puisque la deuxième position qu'il occupe est synonyme de défaite, mais au soutien que ne cessent de lui témoigner des dirigeants du parti vainqueur, à l'image de Lazhar Akermi, et des analystes, à l'instar de Slaheddine Jourchi qui multiplient les arguments en sa faveur. Leur approche s'inscrit dans une logique politico-politicienne qui perd de vue les considérations économiques et sociales, le grand volet de ce processus révolutionnaire qui se poursuit. En suivant cette démarche, ils nous donnent l'impression de se focaliser, uniquement, sur l'exercice du pouvoir et de négliger les attentes du peuple dont les maux s'accentuent de jour en jour, à cause de la politique économique et sociale désastreuse menée jusqu'ici, toujours selon ces observateurs. Est-ce en associant au pouvoir Ennahdha, l'artisan principal de ces échecs en séries, qu'on va pouvoir résoudre toutes ces difficultés ? Se demandent-ils. Et même sur le plan politique, Nida Tounes ne peut pas récolter de fruits à travers cette coalition. Elle lui est préjudiciable à plus d'un titre ; au niveau interne, il risque d'exploser, d'autant plus qu'il souffre d'une certaine fragilité, à cause de sa composition très hétérogène et du fait qu'il ne soit pas encore structuré, et d'être discrédité, lors des élections municipales prochaines, par ses propres partisans et électeurs qui ont le sentiment d'être trahis par ce rapprochement entre le parti, auquel ils ont massivement voté, et celui qu'ils cru écarter au nom du « vote utile ». Le mouvement Ennahdha non plus ne serait pas à l'abri des ennuis, puisque lui aussi connaît des problèmes très sérieux, liés à des dissensions internes, qui risquent fort de provoquer son éclatement.
Le niet du FP
Le problème pour le chef du gouvernement désigné, Habib Essid, ainsi que pour le Président de la République, Béji Caïd Essebsi, c'est de convaincre les opposants à cette coalition que la seule alternative pour Nida Tounes consiste dans l'alliance avec le parti islamique, prétextant que les autres solutions ne pourront pas résister face aux crises à venir. Quant aux tenants de la nécessité de la participation d'Ennahdha au prochain gouvernement, au sein du parti majoritaire, ils arguent du fait qu'il ne peut y avoir une coalition forte sans la présence du parti islamique, d'autant plus que le Front Populaire ne fera pas partie du prochain gouvernement, et ce quelques soient les concessions faites par Nida Tounes, en raison de l'incompatibilité flagrante entre leurs programmes économique et social respectifs. Le dirigeant de Nida Tounes, Mustapha Ben Ahmed, a souligné, hier, que ne pas composer avec le Mouvement Ennahdha restait tributaire de la position du FP qui est appelé, d'après lui, à faire des concessions, en reléguant au second plan des questions secondaires, ce qui permettrait de suppléer aux voix de ce dernier et de s'assurer une majorité au sein de l'ARP. C'est à cette condition que le gouvernement pourrait être constitué du FP, de Nida Tounes, d'Afek Tounes, de l'UPL d'Al Moubadra, et l'exclusion d'Ennahdha, a-t-il ajouté, tout en remarquant que certains partis placent la barre trop haut en vue de conforter leurs positions dans le gouvernement. C'est, pratiquement, la même composition avancée par l'autre leader de Nida, Mondher Bel Hadj Ali, qui a précisé qu'ils œuvraient, à Nida Tounes, à ce que le FP intègre l'équipe d'Essid. Les affirmations du porte-parole d'Al Jabha, Hamma Hammami, en marge de sa rencontre avec Habib Essid, récusent cette éventualité. En faisant savoir que leurs points de vue étaient pris au sérieux par ce dernier, auquel il a présenté la vision de sa coalition autour de la composition de son équipe gouvernementale, et les grands axes de son programme. Il était ferme sur cette question « Le FP ne fera pas partie du prochain gouvernement, notre position ne changera pas, car elle est politique ». D'autre part, le vote de confiance du Front populaire sera conditionné par un ensemble de décisions dans les domaines sociaux et économiques au programme du gouvernement. Parmi ces conditions, il y a le gel des prix et un audit des dettes de la Tunisie. En outre, et comme on sait, le FP refuse l'intégration dans le nouveau gouvernement des dirigeants de la Troïka, notamment ceux d'Ennahdha, ainsi que les symboles de l'ancien régime. Par ailleurs, Hamma Hammami, a indiqué que le Front populaire a reçu les réponses de Habib Essid, inhérentes au programme de son gouvernement. Le Conseil des secrétaires généraux du FP est censé étudier ce programme, dans le cadre de sa réunion d'hier, avant de trancher cette question du vote de confiance, selon Hammami. Zied Lakhdar, a déclaré, pour sa part, que le fait que Nida Tounes soumette la question de son alliance avec Ennahdha à la position du FP, quant à sa participation au gouvernement, était une manière de leur faire supporter la responsabilité, alors que s'il n'avait pas envie de se coaliser avec le parti islamique, il aurait dû chercher, depuis sa victoire aux élections, des garanties en vue de mettre en place des alliances avec les forces démocratiques, progressistes et modernistes. Il a, enfin, noté que cette démarche, empruntée par Nida Tounes, qui vise à constituer un front solide au sein du Parlement, lui permettant de faire passer toute loi qu'il désire, préconisait des solutions de facilité qui ne seront pas fructueuses ni pour lui-même, après qu'il a promis aux Tunisiens, qui lui ont accordé leurs voix dans le but d'écarter Ennahdha du pouvoir, qu'il romprait avec les pratiques de la Troïka, ni pour la Tunisie qui a souffert le martyr à cause de la politique chaotique menée par cette dernière. Répliquant à ces positions hostiles à la participation d'Ennahdha au gouvernement, le député Zied Laâdhari, a insisté sur le besoin du pays, en cette conjoncture, d'un gouvernement d'unité nationale, soulignant que même si Habib Essid voyait le contraire, ils ne changeraient pas de position. Toujours, concernant la composition du nouveau gouvernement, Yassine Brahim, a noté, quant à lui, qu'il serait souhaitable que l'UPL n'en fasse pas partie. Néanmoins, sa composition n'intéresse pas, uniquement, les partis politiques.
Prélude à un divorce
entre l'UGTT et l'UTICA ?
Les acteurs principaux de la société civile, à savoir l'UGTT et l'UTICA ne sont pas en reste dans cette polémique autour de la composition du gouvernement Essid. Elles aussi sont de la partie. Effectivement, le syndicat patronal persiste et signe : pas question que Ammar Younbaï reste à la tête du ministère des Affaires sociales, pour son parti pris pour les syndicalistes, pendant les négociations dans le secteur privé. Il préfère la présence d'un négociateur indépendant et impartial entre les deux Unions, d'autant plus que plusieurs dossiers, notamment ceux du pacte social, des grèves et de plusieurs secteurs privés ne sont pas encore tranchés. Wided Bouchammaoui, la présidente de l'UTICA, a insisté, lors de sa rencontre avec Habib Essid, sur la nécessité d'observer les critères de compétence et d'impartialité dans l'octroi des portefeuilles des Affaires sociales, du Développement, de l'Industrie et des Finances. Elle a, également, formulé des réserves, concernant un certain nombre de noms proposés, le programme du prochain gouvernement et la démarche qu'il empruntera, relativement aux dossiers d'investissement, du développement régional et de la fiscalité et aux négociations qui seront entamés avec les hommes d'affaires. De son côté, Khalil Ghariani, le président de la commission des affaires sociales auprès de l'UTICA et membre de son bureau exécutif, a réitéré la demande du patronat, adressée au gouvernement, l'invitant à prendre en considération la « feuille de route » économique. Il est à rappeler qu'Ammar Younbaï jouit et de confiance du président de l'ARP, Mohamed Nasser, et Habib Essid, pour ses compétences avérées, et de l'UGTT pour l'avoir soutenu à faire signer le communiqué de l'ouverture des négociations sociales. Mouldi Jendoubi, le membre du bureau exécutif de l'UGTT déclare que leur centrale n'intervient pas dans la distribution des portefeuilles ministériels qui reste du ressort des partis politiques et qui dépend de leurs pourparlers avec le chef du gouvernement désigné. Toutefois, il appelle ces derniers à privilégier le consensus dans la constitution de ce gouvernement afin qu'on puisse poser les problèmes économiques et sociaux, notamment l'application de ceux se rapportant aux accords signés avec les gouvernements précédents, et de prêter l'oreille aux parties sociales pour réaliser leurs propositions au cours des 100 prochains jours. La polémique politique autour de la constitution du nouveau gouvernement serait-elle doublée d'une polémique sociale ? Va-t-on assister à des tiraillements entre l'UGTT et l'UTICA ? Tout laisse à penser que le voyage de noces entre elles, dans le cadre du Dialogue national, arrive à son terme et que leurs relations connaîtront, dorénavant, un épisode de grêle et un printemps maussade...


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