Crise de l'euro, tensions sur le pouvoir d'achat, accélération du rythme de vie, autant de motivations à s'échapper pour prendre soin de soi. Les occasions sont multiples : spa, thalasso, balnéo ou thermalisme, près de chez soi ou au bord de l'eau, pour un brève pause, le temps d'un week-end ou d'une semaine de break. Toutefois ce créneau a du mal à décoller en Tunisie. Notre tourisme est souffrant et le domaine de la thalassothérapie subit la crise de plein fouet. Avec 140.000 curistes en moyenne par an, la Tunisie est devenue ces dernières années la deuxième destination mondiale de thalassothérapie après la France. Les hôteliers annoncent tous des chiffres d'affaires en baisse cet hiver. Ils souffrent de la volatilité du marché. Les délais de réservation sont de plus en plus courts, souvent à - 45 jours, ce qui rend très difficile toute anticipation. « La conjoncture est très difficile », analyse Philippe Gomez, président du Syndicat national français de la thalasso, « Moins de clients, qui ont moins d'argent, et choisissent des séjours plus courts que d'habitude. « Nous sommes tous dans l'attente de la fin de cette crise... Les centres de Tunisie, du Maroc, etc., subissent l'effet de leur contexte politique national. Ils ont également choisi de casser les prix depuis déjà deux ans », ajoute-t-il. Mais qu'est-ce qui fait fuir les curistes ? Ce qui les fait fuir souligne Dr Behi Bouakez, président de la Section Thalasso de l'ESPA (European Spas Association) au site Destinationtunisie : « C'est en premier lieu la qualité de prestation des soins et en second lieu malheureusement, un petit peu aussi l'hygiène environnementale dans les villes. Qu'on le veuille ou non, il faut être un petit peu plus vigilant et sensibiliser tout le monde. Dans ce sens, notre clientèle, en majorité occidentale, a besoin d'être rassurée. Il faut redorer notre blason et retrouver les valeurs et les caractéristiques qui ont fait notre réputation : sérieux des prestations, accueil chaleureux et professionnel, ouverture et tolérance. Nos clients ont besoin d'un label de qualité qui soit garanti par un suivi et un contrôle vigilants des centres de thalassothérapie et de spa ; les lettres de réclamations et autres remarques sont à prendre au sérieux car elles représentent le meilleur indice de satisfaction de la clientèle visée». La thalassothérapie est une activité qui ne se pratique pas en demi-mesure. Elle a en fait, des exigences relatives notamment à l'hébergement, à l'équipement et à l'environnement. Il est vrai que de plus plus en plus de centres de thalassothérapie offrent en effet des services à bas prix pour une clientèle bas de gamme au détriment de la qualité des services. Ils sont aussi en train de ternir la réputation de cette activité. Une concurrence sauvage serait imposée par certains centres qui prolifèrent d'une manière anarchique sans respecter les véritables normes des cures. « Beaucoup de visiteurs français évitaient l'espace Tunisie à l'édition 2015 des Thermalies» Faten Zghal, Directrice Générale de la chaîne Thalassa a dressé un bilan assez mitigé de la dernière participation à l'édition 2015 des Thermalies : « Même si nous avons vendu une quantité raisonnable de cures via notre partenaire First Travel, l'accueil que nous ont réservé les visiteurs français reste toujours très tiède. Les personnes qui travaillaient sur notre stand remarquaient à plusieurs reprises que beaucoup de visiteurs évitaient l'espace Tunisie et si on leur demandait pourquoi, ils reparlaient sans cesse de l'image d'insécurité que donnait la région et invoquaient la situation actuelle mondiale, faisant toutes sortes d'amalgames entre les événements liés à Charlie Hebdo et le monde musulman... Même si on leur rétorquait que l'insécurité n'était plus des préoccupations nationales, mais un problème mondial, et si on rajoutait que la Tunisie n'avait jamais connu de problèmes de sécurité dans ses zones touristiques, beaucoup de ces visiteurs préféraient répondre qu'ils allaient donner leur préférence, au moins en 2015, aux centres de thalasso français et éviter de partir dans des régions qu'ils qualifiaient de ‘sensibles' et « à risques »...Faten Zghal rajoute qu'elle aurait espéré « plus de réponses positives du marché français dans un moment où la Tunisie a besoin du soutien de son partenaire le plus proche ».