A force de tirer le beurre et l'argent du beurre la mécanique « laitière » est au bord de l'anémie et l'Etat se trouve tenté par les options les plus douloureuses. Augmentation pléthorienne de la fiscalité, déjà excessive par rapport aux normes internationales, endettement et recours aux crédits extérieurs, retour à l'Etat « manager » de la providence et donc employeur tout terrain, réduisant le budget aux paiements des salaires et presque plus rien pour le développement ! Les entreprises et les investisseurs veulent moins d'Etat, moins de bureaucratie, moins de contraintes et de formalités, alors que les régions et les syndicats veulent plus d'Etat, plus de recrutement dans les « fonctions publiques », y compris dans des offices et entreprises totalement épuisées par les masses salariales qui atteignent jusqu'à 50 et 60% de leurs chiffres d'affaires. Tous les débats parlementaires et médiatiques reflètent cette « diversité revendicative » où chacun rêve de « son » Etat, mais à l'arrivée, la réalité est là sans appel, le pays ne produit pas assez, le capital se fait rare et l'investissement plutôt discret et volatile. On ne crée pas de nouveaux projets de taille, et la grogne sociale est plus que fermentée par les discours irresponsables du genre : « La Tunisie est un pays riche... mais les spéculateurs ont sucé votre sang et accaparé la fortune nationale » ! A vous d'apprécier ! Rares sont les esprits patriotes rationnels et pragmatiques qui disent du bout des lèvres, de peur de se faire flamber par les idéologues professionnels d'un autre âge et d'une autre époque, qu'il est grand temps de se remettre au boulot, de se faire humble et de porter la production au niveau au moins de 2010 ! Faire une démocratie c'est bien beau et méritoire, encore faut-il mettre la liberté au service de la créativité et de la discipline, celle-là même qui protège les lois et non pas les transgresse au gré des intérêts de telle ou telle catégorie sociale ou groupe de pression. Dans les pays qui marchent après avoir vécu des guerres autrement plus dévastatrices comme le Japon, la Corée du Sud ou l'Allemagne, « la liberté... c'est la loi » et non le désordre social et l'anarchie, expression même d'un nouveau totalitarisme de « groupes » qui veulent se substituer à l'Etat. Le phénomène est accentué en période de « vaches maigres » de disette et de crise économique aiguë et chronique comme celles que nous vivons en ce moment. Alors, la tendance c'est malheureusement la politique de fait de la « terre brûlée ». On ira jusqu'à tuer la vache elle même s'il le faut, après l'avoir affamée, en la privant de pâturage ! C'est un peu le dicton populaire : « Dans la guerre, il vaut mieux que ce soit votre mère qui pleure et non la mienne » ! Le temps est largement bien venu pour que toutes les composantes sociales et économiques, les citoyens et le citoyennes, et enfin l'Etat et son gouvernement, prennent leurs responsabilités. Les arrêts de production doivent cesser, la culture du travail doit être remise à niveau et l'Etat doit être juste en appliquant les bonnes lois et en corrigeant les mauvaises, qui handicapent l'investissement, découragent l'initiative et poussent les citoyens à la fraude. Tout le monde veut en ce moment, de la fiscalité et plus d'impôts pour remplir les caisses vides. Mais le drame, c'est que l'acharnement excessif sur cette matière risque de sécher encore plus les sources plutôt que de les alimenter. Nous risquons de partager encore plus de pauvreté au lieu de créer et partager la richesse. Même Nicolas Machiavel, le Florentin, conseillait à son prince Laurent de Médicis de ne pas trop alourdir les impôts. Dire qu'il faut augmenter la fiscalité et continuer à recruter dans la fonction publique, à décourager le capital, les investissements et les initiatives de création d'entreprises, qui, elles créent les vrais emplois, générateurs de croissance et de fortune nationale, c'est tout simplement aller droit au mur, pour ne pas dire au précipice. C'est vrai qu'il faut plus de justice fiscale et rentabiliser déjà le système existant, mais tout est question de rationalité et de dosage sain et productif. L'impôt ne doit pas être une punition.... Mais, un outil de trésorerie et aussi un facteur de croissance et de développement économique ! K.G