Préoccupés par la considérable chute des cours d'olives, les agriculteurs de Sfax ont observé hier un sit-in devant le siège du gouvernorat auquel a succédé une réunion avec les représentants des trois parties prenantes dans le secteur de l'oléiculture, à savoir, le président de l'Union régionale des agriculteurs , le président de la chambre régionale des oléifacteurs et le directeur régional de l'Office national de l'huile (ONH). Abderrazak Krichène, président de l'Union des agriculteurs à Sfax indique que les prix du kilo d'olive ont chuté de 1,550 DT à 1 ,200DT en l'espace de trois jours seulement. Il s'en est suivi une chute des ventes de la récolte qui a provoqué le désarroi des agriculteurs, d'autant plus qu'hier, un seul propriétaire d'huilerie, c'est-à-dire un seul acheteur potentiel a été vu au marché aux olives de Gremda. « Le souci est d'autant plus grand que 15 % de la récolte est encore sur pied et que si les cours continuent de chuter de la sorte, les agriculteurs risquent d'essuyer des pertes énormes. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes adressés aux autorités régionales pour trouver une issue à cette situation et sauver ce qui reste de la saison oléicole », s'inquiète-t-il. Selon les spécialistes, deux facteurs sont à l'origine de la chute des cours: la baisse du rendement des olives en huile, estimée à deux ou 3 % suite aux dernières chutes de pluie ainsi que le redressement du dinar tunisien par rapport à l'euro dont l'impact est négatif sur les exportations et les bénéfices des exportateurs. Tout en reconnaissant l'effet de la régression relative de l'euro, notre interlocuteur fait remarquer que la baisse du prix des olives est loin d'être proportionnelle à la baisse de la valeur de l'euro sur le marché des changes. Il considère en effet qu'il n'est pas normal que le prix du kilo d'olive en Tunisie enregistre une baisse de 250 millimes contre une baisse de la valeur de l'euro de quelques centimes seulement. D'après les observateurs, la chute des cours d'olives est consécutive à la réticence des oléifacteurs à s'approvisionner auprès des agriculteurs vu que l'Office national de l'huile a stoppé les opérations d'achat d'achat d'huile auprès des huileries pour des raisons liées aux taux désavantageux des changes. Sachant le poids de l'Office particulièrement par rapport à celui des exportateurs privés, les agriculteurs demandent à ce que l'Etat le pourvoie en moyens susceptibles de l'aider à prémunir le secteur de la crise qui s'annonce à la fin de cette campagne oléicole. Une solution convenable peut être espérée de la réunion prévue pour aujourd'hui entre le chef du gouvernement, le gouverneur de la Banque Centrale et le PDG de l'Office national de l'huile. Faute de quoi les agriculteurs de Sfax menacent de suspendre la cueillette jusqu'à nouvel ordre.