Les efforts déployés par les structures relevant de la Fédération Nationale des Oléiculteurs se poursuivent pour faire aboutir les revendications de leurs adhérents concernant l'intervention de l'Office National de l'Huile (ONH) pour réguler les prix et sauver la saison. C'est dans ce cadre, qu'une réunion vient d'être tenue au siège du Commissariat Régional au Développement Agricole (CRDA) à Sfax avec des membres de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP). Selon Abderrazak Krichène, président de l'UTAP régionale, le rôle de l'Office n'ayant pas été clairement cerné ni défini par son représentant lors de la réunion, une rencontre est attendue avec le PDG de cet établissement. Légère hausse des cours Les professionnels du secteur de l'oléiculture viennent d'être confortés dans leur conviction quant à la capacité et à l'efficacité de l'intervention de l'Office National de l'Huile pour réguler les prix, dans la mesure où, l'acquisition d'un premier contingent de quantités d'huile par l'Office a contribué à faire monter les cours de l'huile d'olive à hauteur de 5.750 DT le kilo. Un indice de nature à les amener à persister à lui demander de fixer un prix de référence. Revendication inadmissible Or, à ce propos, des experts et des connaisseurs du secteur oléicole, estiment que ces professionnels sont en train de faire fausse route et de se tromper lamentablement, pensant même qu'ils finiront par déchanter. Cette revendication est en effet jugée inadmissible, voire incohérente et absurde, reflétant une méconnaissance totale du statut de l'Office National de l'Huile, de sa situation financière et surtout des retombées catastrophiques de toute initiative qu'il serait amené à prendre dans le sens de la détermination d'un quelconque prix de référence. Les entraves de l'ONH Pour Abdellatif Fakhfakh, professionnel du secteur, l'ONH, enchaîné par les dettes contractées lors de la saison oléicole 2005-2006, n'est pas en mesure de faire l'acquisition d'importantes quantités d'huile. Et même au cas où sa situation financière serait totalement assainie et qu'il disposerait d'un budget conséquent, il n'est plus légalement habilité à fixer la moindre grille de prix, comme c'était le cas avant 1994 et ce en raison de son nouveau statut découlant de la privatisation du secteur oléicole et de la libéralisation du marché, intervenues cette année-là. Conséquences dramatiques de la saison 2005-2006 Et notre interlocuteur de s'étonner de pareille revendication, qui, en plus de l' incroyable ignorance des orientations économiques du pays, dénote d'un oubli délibéré des effets catastrophiques subis aussi bien par l'Office National de l'Huile que par les oléifacteurs, résultant de la détermination d'un prix de référence par cet organisme: endettement, faillite de certains oléifacteurs, conséquences personnelles et familiales dramatiques... Par voie de conséquence, et même dans l'hypothèse, inconcevable, où l'ONH acquerrait un nouveau statut autorisant à fixer des grilles de prix et à se porter acquéreur de la production des olives, il est insensé voire impossible qu'il retombe dans la même erreur commise en 2005-2006 et qu'il se compromette dans des transactions qui ont coûté trop cher au trésor public, surtout après les critiques sévères formulées par l'ancien ministre de l'Agriculture de la troïka et du PDG de l'ONH parti récemment à la retraite. D'ailleurs certains experts et connaisseurs du secteur de l'oléiculture pensent qu'un nouveau retour de l'Office national l'huile ne manquera pas de faire la joie des importateurs européens lesquels attendront qu'il ait stocké le maximum de quantités d'huile d'olive pour lui porter le coup de grâce et imposer les prix qu'ils voudront mettant à genoux tous les intervenants du secteur. Selon Abdellatif Fakhfakh, si une frange des oléiculteurs pèche par ignorance du statut et des prérogatives de l'ONH, d'autres par contre sont des gens mal intentionnés appartenant à certains lobbys ayant des plans machiavéliques visant à rétablir le système de corruption qui sévissait par le passé. Ces gens demandent l'intervention de l'Office pour acquérir la production d'huile dans le but d'avoir la possibilité de corrompre certains de ses responsables et de les amener à proposer des prix élevés et de réaliser ainsi des affaires juteuses sur le compte de l'établissement et de l'économie nationale, sans le moindre souci quant aux répercussions sur le trésor public et l'avenir du secteur de l'oléiculture. Parer au plus urgent et réfléchir sur le long terme Conclusion : les oléiculteurs et les oléifacteurs doivent changer leur fusil d'épaule et faire des propositions plus appropriées faciles à mettre en œuvre, à cours terme, par les autorités publiques pour parer au plus urgent ne pas brader cette récolte exceptionnelle et protéger le secteur dans son ensemble. Il faudra surtout engager une réflexion sur la stratégie à adopter sur le long terme afin de trouver des solutions pérennes pour éviter les tracas qui ressurgissent à chaque bonne récolte. Désengagement des pouvoirs publics A ce propos, force est de constater le déplorable désengagement des pouvoirs publics vis-à-vis du secteur stratégique de l'oléiculture ainsi que le manque de visibilité qui caractérise ce secteur, depuis l'ancien régime jusqu'à nos jours. De quoi rester pantois et s'interroger sur cette passivité pour le moins qu'on puisse dire intrigante. On doit aussi à la vérité de dire que les structures représentant surtout les agriculteurs n'ont jamais été percutantes, se contentant de protestations de circonstance à chaque bonne récolte, pour replonger par la suite dans leur léthargie coutumière. Retenir la leçon Espérons enfin que ce ne sera plus, dorénavant, le cas, que tous les intervenants dans le secteur de l'oléiculture auront retenu cette fois-ci la leçon et qu'un combat sera engagé pour valoriser notre or vert sur les marchés mondiaux. Sinon le même scénario des chutes fabriquées et artificielles des cours de l'huile d'olive tunisienne par les importateurs européens continuera à se reproduire, à l'instar, d'ailleurs de ce qui se trame cette saison, soulevant un tollé auprès de la Fédération Nationale des Oléiculteurs aux abois à cause de la baisse paradoxale du prix des olives et de l'huile d'olive à l'exportation alors qu'ils sont censés flamber sur les marchés extérieurs vu la mauvaise récolte en Espagne et en Italie.