La mort brusque due à une attaque cardiaque est devenue un phénomène bien récurrent dans la société tunisienne. L'évolution du nombre de personnes qui ont été victimes d'un infarctus est bien inquiétante. Il est important de réfléchir sur cette question qui a affligé tant de familles, car la mort subite d'un être cher est une calamité qui pèse lourd sur l'entourage. Elle cause une douleur très aiguë et un profond traumatisme. Afin de nous éclairer sur cette maladie nous avons eu recours à Dr Monia Amel Jemmali, spécialiste en maladies cardio-vasculaires. Elle a eu l'amabilité de répondre à nos questions - Le Temps: Qu'est-ce qu'une attaque cardiaque et pourquoi le nombre des Tunisiens victimes de l'infarctus va crescendo ? -Dr Monia Amel Jemmali: L'infarctus du myocarde, est désigné le plus souvent en langage courant par « attaque cardiaque » ou simplement infarctus, est une nécrose ischémique du myocarde dont l'étendue dépasse 2 cm2. Il correspond généralement à une thrombose occlusive brutale d'une artère coronaire. L'infarctus du myocarde constitue une urgence cardiologique absolue dont l'incidence reste très élevée ...Selon des données de l'OMS, sur 50 millions de décès annuels dans le monde, les cardiopathies ischémiques sont la première cause de décès avec 7.2 millions de décès d'origine coronaire. Le pronostic reste grave, puisque l'IDM est responsable encore de 10 à 12% de la mortalité totale annuelle chez l'adulte. En Tunisie, l'incidence d'attaque cardiaque va crescendo devant la recrudescence des facteurs à risque cardiovasculaires à savoir : le diabète, l'HTA, le tabac actif ou passif, l'obésité, la dyslipidémie, le stress, la sédentarité ainsi que l'exposition à de l'air pollué. - Quelles sont les causes qui provoquent l'attaque cardiaque ? - Les facteurs favorisants sont connus : l'hypertension artérielle, l'hérédité, l'hyperlipidémie, le tabac, le diabète, l'obésité, l'hypothyroïdie, le stress... D'autres causes plus rares peuvent être à l'origine d'un infarctus myocardique : Une embolie coronarienne (migration d'un caillot de sang formé ailleurs) ; Un exercice sportif violent ; Des globules rouges en excès ( polyglobulie consécutive à la prise d'érythropoïétine notamment) ; Une électrisation ; D'autres affections coronariennes rares : périartérite noueuse, maladies de Kawasaki et de Takayasu... - Quels sont les signes indicateurs ? - Le symptôme est la douleur thoracique. Elle concerne la région rétro-sternale (en arrière du sternum). Elle est violente, habituellement intense (sensation « d'étau broyant la cage thoracique»), prolongée. Elle est dite pan-radiante, irradiant dans le dos, la mâchoire, les épaules, le bras, la main gauche, l'épigastre (estomac). Elle est angoissante et oppressante (difficultés à respirer). - Comment se prémunir contre cette maladie ? - La prévention de l'attaque cardiaque se fait à deux niveaux : Tout d'abord, par la réduction des risques favorisant l'apparition de cette complication. C'est la prévention primaire. Elle correspond à la prévention des personnes qui n'ont jamais vécu un infarctus. C'est donc la forme de prévention la plus importante car elle permet d'éviter d'endommager de quelque manière que ce soit le muscle cardiaque. Il s'agit donc de limiter les facteurs à risque qui peuvent l'être, en commençant par arrêter de fumer, éliminer la surcharge pondérale éventuelle, faire un minimum d'activité physique tous les jours, tenir sous contrôle le diabète, réduire les graisses dans le sang (cholestérol et triglycérides), et abaisser la pression sanguine si nécessaire. Ensuite, le traitement avec des médicaments et la mise en place des habitudes d'hygiène de vie des personnes ayant déjà vécu un infarctus. C'est la prévention secondaire. Elle concerne tous les patients qui ont déjà eu une crise cardiaque. Ces patients ont en effet un risque élevé de complications cardiovasculaires et même de décès. Afin de limiter la morbidité et la mortalité, ces patients doivent ainsi suivre une prévention médicamenteuse et une réduction stricte des facteurs de risque. La prévention primaire s'applique aussi pour les patients qui ont déjà eu un infarctus du myocarde. Ils devront de plus suivre durant tout le reste de leur vie des traitements médicaux pour prévenir toute complication cardiovasculaire, avec des antiagrégants : comme l'acide acétylsalicylique, qui est un médicament qui permet de maintenir un niveau adéquat de fluidité du sang et d'éviter la formation de nombreux caillots sanguins et avec des bétabloquants qui sont des médicaments qui réduisent la pression artérielle, la fréquence et le travail effectué par le cœur en réduisant aussi sa consommation d'oxygène. - Il ya l'attaque cardiaque qui cause la mort subite mais certainement il y a d'autre anomalies d'origine cardiaque et qui ne sont pas moins graves. Quelles sont elles? - Dans la majorité des cas, l'infarctus du myocarde constitue la cause la plus importante de la mort subite (dans 70% des cas). Pour les 30% restants, il s'agit : d'une valvulopathie : un trouble majeur du rythme . En raison de la brutalité du décès, il s'agit généralement d'une fibrillation ventriculaire ou d'un bloc auriculo-ventriculaire complet . Propos recueillis par: