Le patron de la chaîne privée Nessma TV, Nebil Karoui, a accordé un entretien exclusif sur sa propre chaîne diffusé sur deux parties. Interviewé par l'ancien propagandiste de Ben Ali, Borhen Bsaïes, Nebil Karoui a fait le tour des sujets les plus brûlants qu'a vécus la Tunisie ces trois dernières années ; de la fondation du mouvement Nidaa Tounes à la fameuse rencontre entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi à Paris en passant par les différentes interventions tunisiennes dans le dossier libyen ou encore les rencontres organisées entre des représentants tunisiens et des dirigeants de pays étrangers. A en croire ses propos, Nebil Karoui aurait tenu un rôle majeur dans la sortie de crise qui a suivi l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi. Il aurait réussi l'impossible en réunissant les dirigeants du mouvement d'Ennahdha et ceux de Nidaa Tounes après la rencontre des deux présidents à Paris. Selon lui, quelques politiciens étaient prêts à voir mourir des milliers de personnes dans le but de faire évincer les islamistes du pouvoir à l'égyptienne mais lui, il voulait seulement que la Tunisie s'en sorte avec les moindres dégâts. Super Karoui aurait de même réussi à intervenir dans la libération des deux diplomates tunisiens capturés l'année dernière en Libye après que l'ancien chef du gouvernement, Mehdi Jomaa, le lui ait demandé. Dans cette même affaire, l'homme d'affaires Chafik Jarraya a tenu les mêmes propos assurant que sa relation avec Abdelhakim Belhadj lui a permis de secourir nos compatriotes. Drôle de coïncidence. Ne n'allons étaler ni les histoires d'héroïsme sans fin ni les éloges faits à Rached Ghannouchi , mais nous nous concentrerons sur les dernières paroles de Nebil Karoui. La dernière question de Borhen Bsaïes a concerné l'avenir politique du patron de Nessma. Ce dernier a assuré que sa carrière politique ne fait que démarrer. Une décision qui survient après que son adhésion au sein du comité constitutif de Nidaa Tounes eut été refusée – un refus qui, rappelons le, a provoqué au sein dudit mouvement une avalanche de crises et de scissions. Une décision qui coïncide aussi avec l'annonce de la fondation d'un nouveau parti par, entre autres, Samir Abdelli, Borhen Bsaïes, Ahmed Saïdi et Mehdi Mannaï. Nebil Karoui n'a pas manqué de préciser qu'il quitterait son poste de directeur-général de Nessma TV pour être conforme aux règles imposées par la HAICA avant de critiquer fortement les mécanismes de l'Etat qu'il qualifie de faibles. Le message est passé : Nebil Karoui se propose comme énième alternative à la réalité politique tunisienne et pour ce fait, il renoncerait définitivement à sa carrière d'homme médiatique. Avant Karoui, Omar Shabou a fait ce choix : le patron de presse a abandonné sa carrière pour se consacrer à la politique. Un choix qui s'est avéré. Shabou a perdu sur les deux plans. Le lien intime entre l'argent, les médias et la politique est connu par tous, par contre, ce que certains semblent oublier c'est la nécessité de la démarcation entre ces trois éléments. Une démarcation qui devient difficile à réaliser quand l'ego démesuré de certains prend le dessus. Au cours de son entretien, Nebil Karoui a répété à maintes reprises que la Tunisie est sortie de la catastrophe pour sombrer dans la crise. Cela peut être vrai et pour y remédier, il faut que chacun joue son rôle correctement dans le domaine dans lequel il excelle et non pas dans celui qui sert le mieux son image et son ego.