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Etats-Unis: L'art africain s'invite à New York
Publié dans Le Temps le 24 - 05 - 2015

Une nouvelle fois, le Frieze Art Fair s'installe à New York et complète le rendez-vous automnal de Londres. Il s'agit d'une vitrine à résonance internationale, aussi bien pour des artistes contemporains confirmés que pour de nouveaux talents émergents. Et la fine fleur de l'art contemporain africain en sera pour la première fois avec la Foire 1:54, un pop-up store de 15 galeries. La Marocaine Touria El Glaoui, 40 ans, fille du célèbre peintre Hassan El Glaoui, 91 ans, dont le talent a explosé après qu'il eut reçu les encouragements de Winston Churchill alors que celui-ci rendait visite à son père, le pacha Thami El Glaoui.
Avant la tenue cette année du "1:54 Pop-Up" dans le quartier de Brooklyn, au Pioneer Works Center for Art and Innovation, du 15 au 17 mai 2015, en même temps que la Frieze New York (du 14 au 17 mai), Touria El Glaoui s'est confiée à nous.
Pourquoi exportez-vous la foire 1:54 à New York après tout juste deux éditions à Londres ?
Touria El Glaoui : Avec cette première édition à New York, on est au même niveau que la première année lorsqu'on a commencé à Londres. Mais j'y pense depuis la toute première édition londonienne en 2013. Je crois plus à l'expansion géographique, car ce qui plaît aux visiteurs, c'est notre taille humaine. Nous resterons autour de 27 à 30 participants. C'est plus intéressant d'acquérir de la visibilité dans une autre capitale artistique. C'est l'année dernière que j'ai pris conscience qu'on pouvait avoir un poids important aux Etats-Unis, en participant à une table ronde à New York. Nous avions reçu un accueil chaleureux, et le public était intéressé, et puis à Londres on a reçu des groupes de mécènes d'institutions américaines comme le Guggenheim, le Brooklyn Museum, le MoMA, le musée de Seattle. J'ai toujours été agréablement surprise par l'accueil des Américains. Il faut savoir qu'aux Etats-Unis, ils n'ont rien qui leur permette de créer un support. C'est donc un test, d'où le nom de "pop up". Nous allons donc commencer petit, tester le public, l'emplacement - en essayant de reproduire le même modèle et de voir si la recette fonctionne ici aussi. Je pense que les collectionneurs sont curieux de toute nouveauté, aussi je pense qu'ils vont être ravis de voir ce que nous avons à offrir. On commence avec 15 galeries. On bénéficie ainsi des collectionneurs d'art contemporain qui seront à New York à ce moment-là.
Comment est née cette idée de collection panafricaine ?
Mon objectif est de changer tous les a-priori que l'Europe ou les Etats-Unis ont sur l'Afrique. Le problème avant est qu'il n'y avait pas d'accès facile à cet art contemporain. Les gens pensent qu'il faut aller en Afrique pour l'obtenir. Ils n'ont pas forcément envie d'y aller pour visiter les studios d'artistes et le manque d'accès, c'est aussi le manque d'éducation, le manque de compréhension. Même si c'est vrai qu'en Afrique du Sud, il existe une infrastructure et une économie en avance, une scène artistique extrêmement bien développée qui participe déjà à de grandes foires internationales, même s'ils n'ont que deux galeries, ils ont déjà deux maisons aux enchères, deux foires, une à Capetown et une à Johannesburg. Ils ont des fondations d'art et un noyau de collectionneurs qui achètent beaucoup déjà. Résultat : ils sont à un autre niveau par rapport au reste du continent. Mais ce qui est agréable, c'est qu'au niveau de l'art contemporain et de la foire, ils se joignent au reste du continent alors qu'on a pour habitude de parler de l'Afrique du Sud en la séparant du reste de l'Afrique. Ce qui est bien aussi, c'est que j'arrive a regrouper tous les pays y compris ceux du nord du continent africain alors que souvent ils sont rattachés au Moyen-Orient. Donc je pense que ce positionnement, même si parfois il est critiqué parce que les gens n'aiment pas toujours qu'on regroupe l'Afrique. Pour les artistes, c'est bien. Ils sont sensibles à ça parce qu'ils veulent surtout être reconnus comme des artistes.
Que promettez-vous aux artistes africains ?
L'objectif au départ était de trouver une plateforme qui allait donner de la visibilité à ces artistes. J'ai utilisé la force que l'Afrique possède en tant que continent pour le faire. Aujourd'hui, un artiste est avant tout un artiste, mais un artiste africain représente 0,0001 % dans une foire internationale. Parce qu'il n'y en a pas beaucoup. Donc, j'ai essayé d'expliquer à toutes les galeries qui ont participé à la foire qu'en se regroupant dans une seule plateforme qui promeut et fait le maximum pour montrer l'excellence de l'art contemporain africain dans les meilleures conditions, en invitant les plus grands musées, les plus grands collectionneurs dans les plus grandes capitales internationales sous la bannière Afrique, on n'allait pas du tout les couper du monde mais au contraire les replacer dans le monde et prendre cette place qu'on ne nous donne pas. Du coup, ils étaient très contents de montrer les plus grands artistes qu'ils soutiennent depuis des années sous une lumière internationale.
Comment se porte aujourd'hui le marché de l'art africain ?
Qu'il s'agisse de croissance économique ou de gouvernements plus stables, tout ceci entre dans les facteurs qui comptent l'art contemporain. En effet, un artiste s'inspire d'une expérience sociale, d'un sujet. Si son sujet est une guerre civile, cela va être sa source de créativité. D'une certaine façon pour l'artiste, c'est lié au fait que dans un pays qui va bien, le gouvernement va peut-être penser à investir dans des actions pour développer la culture et l'art et non plus seulement pour les infrastructures de base. Bien sûr, en ce moment, tous les pays africains ont plus ou moins de bons résultats économiques mais, pour l'instant, il n'y a pas encore de changement radical impactant les populations et même les classes moyennes. Je pense qu'il faut justement que se développe cette classe moyenne, qu'elle pense à autre chose, qu'elle se sente en sécurité par rapport à son quotidien. Mais comme je le dis, cela varie avec les pays.
Certains pays sont plus en avance que d'autres ?
Comme on le voit, en Afrique du Sud, la scène artistique est beaucoup plus développée. Maintenant, il y a le Nigeria, en raison de l'argent du pétrole, qui vient de dépasser l'Afrique du Sud en termes d'économie. Résultat : le pays est devenu une plateforme avec des maisons de ventes aux enchères d'art, des galeries qui ouvrent tous les jours. Parce que la maison de vente aux enchères aussi est un bon indicateur dans un pays pour mesurer le niveau de l'art contemporain. Elle stabilise les prix. Quand il n'y en a pas, le public pense qu'il s'agit d'un investissement vide. Il achète pour lui, pour sa maison. Maintenant on connaît la valeur d'un artiste. On sait qu'on peut, si besoin est, revendre son oeuvre plus tard. Donc l'existence d'une maison de vente aux enchères au Nigeria a créé une scène artistique un peu plus forte. Il y a aussi des projets de musée et de très forte éducation à l'art. Quant au Maroc, si je devais le comparer au reste de ce que j'ai vu en Afrique, je dirais que nous sommes à peu près 15 années derrière l'Afrique du Sud, en termes de musées, de galeries et du marché des enchères. L'Afrique du Sud a beaucoup d'artistes déjà présents dans le circuit international. Ces artistes pèsent dans le chiffre d'affaires des ventes internationales.
Ne craignez-vous pas une explosion brutale des prix qui exclurait de facto les Africains ?
On me demande toujours si pour l'Afrique va se produire ce qui s'est passé pour l'art asiatique. Je réponds deux choses : je n'espère pas parce que je ne veux pas que ce soit une mode, je préfère que les prix et l'attention qu'on porte à l'Afrique soient plus constants. Qu'ils évoluent - peut-être plus doucement sans qu'il y ait une flambée des prix qui, après, va s'arrêter d'un coup net, parce que ce n'est plus à la mode. Je préfère que ça évolue doucement pour laisser le temps aux Africains de se dire : "Tiens il faut acheter". Ce n'est pas du tout mon but qu'un jour les Africains ne puissent plus acheter leurs artistes. J'observe que la croissance de ces pays est vraiment différente et elle se traduit de manière différente au niveau de la scène artistique locale. Je pense qu'on va avoir des montées de scènes artistiques très différentes à des moments divers. Et les prix vont augmenter parce que, dès qu'on donne de la visibilité et qu'un artiste est acheté par un collectionneur international, parce qu'on n'a pas encore de collectionneur africain si ce n'est Sindika Dokolo, un Congolais basé en Angola. Celui-ci est le seul Africain qui collectionne de l'art africain contemporain. Il y a par aileurs quelques personnes, bien riches, qui préfèrent acheter un Picasso par exemple. Une chose que je vois de plus en plus aussi au Maroc, au Nigeria ou en Afrique du Sud : les acheteurs africains préfèrent acheter local. Ils soutiennent ainsi leur scène artistique locale, ce qui n'est pas plus mal.
Qu'en est-il de votre projet d'une foire en Afrique ?
Je dirais que depuis un certain temps déjà les discussions sont bien avancées, mais il est surtout question de trouver le meilleur modèle pour aller en Afrique. Car avant tout, il s'agit aussi d'un événement qui doit rapporter commercialement aux galeries. L'Afrique attire beaucoup de monde. Nous pensons à la Biennale de Dakar qui est une des plus anciennes manifestations d'art sur le continent, ou la Biennale de Marrakech qui attire de nombreux Européens et a un caractère plus social parce qu'ouvert à tous. J'ai aussi songé à l'Angola. Comme vous le savez, l'un de nos grands soutiens est le collectionneur Sindika Dokolo. Il pense que des milliardiaires angolais pourraient acheter des oeuvres avec une foire qui pourrait se dérouler cette fois parallèlement à la Triennale de Luanda. Mais en ce moment, le pays vit des changements importants. La chute du cours du pétrole impacte la vie qui y est très chère, ce qui ne diminue pas les frais pour les galeries.


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